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On ne refait pas sa vie, on la poursuit, avec d'autres horizons parfois, d'autres personnes souvent, mais on n'efface pas le passé. " Page 211
Afficher en entierOn était au début de l'été et la chaleur était assommante. Le raft reposait paisiblement sur un banc de galets plats et bien ronds. Les combinaisons néoprène et les gilets de sauvetage cuisaient au soleil sur ses boudins rouges. Goran avait choisi de s'arrêter dans cette anse après seulement deux petites heures de navigation. Après tout, c'était les vacances et personne n'avait rien trouvé à redire, d'autant que les jours précédent avaient été éprouvants. Trois jours passés dans notre maison sur essieux, surchauffée, animée par un moteur poussif qui peinait à prendre de la vitesse. Par les fenêtres béantes entrait un air sec et poussiéreux qui avait l'odeur âcre du goudron fondu. L'herbe était jaune et les ruisseaux que l'on croisait croupissaient dans le fond de leur lit. Les paysages tout entiers avaient soif. L'ombre de la nuit ne nous apportait aucun répit.
Afficher en entier« Goran était un poulpe qui nous avait placés sous la protection trompeuse de ses tentacules avant de se fondre dans ce qui restait de notre famille, par homochromie. Et, perchés au-dessus de ses lèvres étirées, des yeux par lesquels celui-ci regardait furtivement à l’extérieur pour jouir du chaos qu’il perpétrait. Nos souvenirs sont soudainement devenus poisseux et sales. »
Afficher en entier« La rivière faisait un coude et une large bande de galets s’était déposée à l’intérieur de l’arc. J’y suis redescendu. J’ai marché sur la frange herbeuse de la rive et suivi, sans bien y réfléchir, le vol paisible de deux demoiselles bleues qui profitaient des douceurs de l’automne. Elles furetaient dans les herbes hautes, se posaient quelques secondes sur une feuille en regroupant leurs longues ailes de dentelle et repartaient de concert en allongeant leurs corps effilés comme une brindille. Elles ont ensuite changé de rive en rasant la surface des flots. Je les enviais. Elles survolaient sereinement le monde en ne lui concédant que de brefs contacts. »
Afficher en entier« Les flots démontés ont ensuite frappé le pied de la falaise en faisant un bruit de tremblement de terre. Un séisme qui nous dévastait déjà. Il y avait la nuit et le tumulte de la rivière. La lune aussi. Une lune blanche qui montrait ses rondeurs dans les échancrures d’un ciel en rémission. Elle éclairait alors les gorges d’une sinistre lumière falote. »
Afficher en entier“Une vie n’est que l’empilement de tout un fatras de choses, bonnes ou mauvaises, goûteuses ou fades, et la dernière que l’on pose sur le tas fait s’écrouler l’ensemble et elle s’arrête là.”
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