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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:07:37+01:00

Dans chaque corridor de la prison modèle brûlait la lumière électrique. Blafarde, elle traînait sur les galeries de fer, sur les murs nus blanchis à la chaux, sur les portes des cellules avec leurs petits judas noirs et leurs cartes portant les noms des détenus. Cette lumière falote, et le grincement sans écho de leurs pas sur le carrelage, faisaient à Roubachof un tel effet de déjà vu que, pendant quelques secondes, il se complut dans l’illusion qu’il rêvait encore. Il essaya de se persuader que rien de toute cette scène n’était réel. « Si je parviens à croire que je rêve, se disait-il, alors, ce sera réellement un rêve. »

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:07:28+01:00

Roubachof tira des cigarettes de sa poche, en mit une dans sa bouche et passa le paquet à la ronde d’un geste automatique. Le jeune homme refusa brusquement, le plus vieux en prit deux et en passa une au chauffeur. Le chauffeur porta une main à sa casquette et donna du feu à tout le monde, tenant le volant d’une seule main. Roubachof se sentit le cœur plus léger ; en même temps, il se le reprocha. C’était bien le moment de faire du sentiment, se dit-il. Mais il ne put résister à la tentation de parler et de dégager autour de lui un peu de chaleur humaine.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:07:11+01:00

La voiture qui avait amené les agents stationnait devant la porte : c’était une marque américaine toute neuve. Il faisait encore nuit ; le chauffeur avait allumé les phares ; la rue dormait ou faisait semblant. Ils montèrent, d’abord le jeune homme, puis Roubachof, puis le plus âgé des deux fonctionnaires. Le chauffeur, lui aussi en uniforme, démarra. Au coin de la rue l’asphalte s’arrêtait ; ils étaient encore au centre de la ville ; tout autour d’eux s’élevaient de grands immeubles modernes de neuf et dix étages, mais les routes étaient des chemins charretiers de campagne, couverts de boue gelée, légèrement saupoudrée de neige dans ses crevasses. Le chauffeur conduisait au pas et la luxueuse suspension de la voiture grinçait et gémissait comme une charrette à bœufs.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:07:03+01:00

Roubachof fourragea sous l’oreiller à la recherche de son lorgnon et se souleva un peu. Avec son pince-nez, ses yeux avaient l’expression que Vassilii et l’aîné des deux agents lui connaissaient sur de vieilles photographies de la Révolution. Le plus âgé se mit plus rigidement au garde-à-vous, le jeune homme, qui avait grandi sous de nouveaux héros, fit un pas vers le lit ; tous trois comprirent que, pour cacher son embarras, il allait dire ou faire quelque brutalité.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:06:53+01:00

Debout sur le palier obscur, les deux hommes venus pour arrêter Roubachof se consultaient. Le concierge Vassilii, qui leur avait montré le chemin, restait dans l’embrasure de l’ascenseur et haletait de peur. C’était un maigre vieillard ; au-dessus du col déchiré de la capote de soldat qu’il avait endossée sur sa chemise de nuit, on apercevait une large cicatrice rougeâtre qui lui donnait l’air d’un scrofuleux. C’était la trace d’une blessure au cou reçue pendant la Guerre civile, qu’il avait faite tout entière dans le régiment de partisans de Roubachof. Par la suite, Roubachof avait été envoyé à l’étranger, et Vassilii n’avait entendu parler de lui que de temps à autre, dans le journal que sa fille lui lisait chaque soir. Il s’était fait lire les discours que Roubachof prononçait aux Congrès ; ils étaient longs et difficiles à comprendre, et Vassilii ne parvenait jamais tout à fait à y retrouver le ton de voix du petit homme barbu, du chef de partisans qui savait de si beaux jurons que la Sainte Vierge de Kazan elle-même devait en sourire. D’ordinaire, Vassilii s’endormait au milieu de ces discours, mais il se réveillait toujours lorsque sa fille, arrivant à la péroraison et aux applaudissements, élevait solennellement la voix. À chacune des phrases rituelles de ces fins de discours : « Vive l’Internationale ! Vive la Révolution ! Vive le No 1 ! », Vassilii ajoutait du fond de son cœur, mais en sourdine pour que sa fille ne l’entende pas, un « Ainsi soit-il » bien senti ; puis il enlevait sa vareuse, faisant honteusement en secret le signe de la croix, puis allait se coucher. Au-dessus de son lit, il y avait aussi le portrait du No 1, et à côté une photographie de Roubachof en chef de partisans. Si cette photographie était découverte, lui aussi serait probablement emmené en prison.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:06:45+01:00

Le mouvement d’horlogerie se détendait. Les coups sur la porte de Roubachof se firent plus bruyants ; dehors, les deux hommes venus pour l’arrêter cognaient tour à tour et soufflaient dans leurs doigts gelés. Mais Roubachof ne parvenait pas à se réveiller, bien qu’il sût que dans son rêve suivait une scène particulièrement pénible : les trois hommes sont toujours à son chevet et il essaie de mettre sa robe de chambre. Mais la manche est à l’envers ; il n’arrive pas à y passer le bras. Il fait de vains efforts jusqu’à ce qu’une sorte de paralysie s’empare de lui ; il ne peut pas bouger, et cependant tout est subordonné à cela : passera-t-il cette manche à temps ? Cette angoisse impuissante dure plusieurs secondes, pendant lesquelles Roubachof gémit ; une sueur froide lui mouille les tempes et, comme un lointain roulement de tambour, le martèlement des coups sur la porte transperce son sommeil ; son bras passé sous l’oreiller se crispe dans un fiévreux effort à la recherche de la manche de sa robe de chambre. Le voici enfin libéré par le premier coup de crosse de revolver qui lui est assené derrière l’oreille…

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:06:24+01:00

Lorsque une heure plus tôt, deux agents du commissariat du peuple à l’Intérieur, venus pour l’arrêter, s’étaient mis à frapper à coups redoublés sur la porte de Roubachof, il était précisément en train de rêver que l’on venait l’arrêter.

Ils cognaient de plus en plus fort et Roubachof faisait des efforts pour se réveiller. Il était versé dans l’art de s’arracher à ses cauchemars ; le rêve de sa première arrestation revenait périodiquement depuis des années et se déroulait avec la régularité d’un mouvement d’horlogerie. Parfois, avec un sursaut de volonté, il parvenait à arrêter le mouvement, à se tirer du cauchemar ; mais cette fois, il n’y arrivait pas ; les dernières semaines l’avaient épuisé, il suait et haletait dans son sommeil ; le mouvement d’horlogerie tournait et le rêve continuait.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:06:15+01:00

Debout à la fenêtre, Roubachof ôta ses souliers. Il éteignit sa cigarette, déposa le mégot sur le carrelage près de son lit, et resta quelques minutes assis sur la paillasse. Il revint encore à la fenêtre. La cour était silencieuse ; la sentinelle fit demi-tour ; au-dessus de la tourelle aux mitrailleuses, il vit un morceau de Voie lactée.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-15T21:06:08+01:00

La porte de la cellule claqua en se refermant sur Roubachof.

Il demeura quelques secondes appuyé à la porte, et alluma une cigarette. Sur le lit à sa droite étaient disposées deux couvertures relativement propres, et la paillasse semblait fraîchement remplie. Le lavabo à sa gauche n’avait pas de tampon, mais le robinet fonctionnait. À côté, le seau hygiénique venait d’être désinfecté et ne sentait pas. De part et d’autre les murs étaient de briques pleines, qui étoufferaient tous tapotements, mais là où les tuyaux de chauffage et d’écoulement pénétraient dans la paroi, elle avait été replâtrée et elle résonnait très suffisamment ; d’ailleurs le tuyau du chauffage lui-même paraissait conduire les sons. La fenêtre commençait à hauteur des yeux ; on voyait dans la cour sans avoir à se hisser par les barreaux. Ce n’était en somme pas trop mal.

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