Extraits

"Si l'éternité signifie quelque chose qui n'est pas régi par le temps, ne peut-on pas dire qu'on connaît déjà sur cette planète des petites éternités, dans la mesure où certaines scènes ou certains événements restent intacts dans nos souvenirs ?"

"Etrangement, la trace de celui qui quitte ce monde demeure plus dans le souvenir que les gens ont de lui que dans les affaires qu'il a laissées. La vie de certains a plus d'impact dans le cœur des gens une fois qu'ils sont morts. De leur vivant, ils sont perçus comme des individus banals, mais après leur disparition leur vie reprend de la vigueur dans l'existence des autres. Jésus en est le meilleur exemple. Même si leur corps ne se redresse pas d'un bond, c'est sans doute ça la résurrection."

"Dans ma jeunesse, je pensais que la paix était un état où il ne se passe rien. Mais aujourd'hui, je sais enfin que la paix réside dans ces moments où, confronté à la souffrance, la confusion, la maladie, le vieillissement et la mort, on se raccroche à Dieu de toutes ses forces."

"Le pays de Dieu n'est pas un lieu que l'on atteint par ses moyens en étudiant beaucoup, en obtenant une promotion dans une entreprise ou en passant un concours de magistrature. Ici, si l'on suit le jeûne le plus fidèlement possible, ce n'est pas pour être le premier de tous, et on ne prie pas assidûment dans le seul but se se voir complimenter par ses supérieurs, tout ça ne fonctionne que dans le monde profane. Dans le pays du Seigneur, on se détache de tout ça et on vit joyeusement. L'Evangile ne se respecte pas, il se vit."

"Une prière jaillit spontanément dans mon cœur : « Je vais tout faire pour que tu ne sois pas triste, et je vais te protéger, je vais prier pour toi, te bénir, et prier pour ton bonheur. Pour que tu ne sois jamais malade, que tu ne pleures ni ne souffres. Tu es une belle personne, tu mérites de mener une belle vie. Je te promets de t'aimer toujours, pour l'éternité, où que tu sois, avec qui que tu sois. »"

"La question "Pourquoi l'aimez-vous ?" est grammaticalement correcte, tout comme "Comment en êtes-vous venu à l'aimer ?", mais en pratique ces phrases ne tiennent pas debout, car si on parvient à y donner une réponse claire et nette, c'est que ce n'est déjà plus de l'amour."

"Vous connaissez frère Michaël, il s'énerve facilement, mais il regrette toujours presque aussitôt. Néanmoins, son amour-propre l'empêche de le montrer. J'ai prié Dieu d'apaiser le cœur de frère Michaël. En ce moment même, il doit être très peiné, car c'est souvent celui qui se fâche qui souffre le plus..."

"J'aimais beaucoup la bibliothèque du monastère, dont les étagères allaient jusqu'au plafond et sur lesquelles des livres contenant la sagesse des chrétiens consignée depuis plus de deux mille ans attendaient mes mains et mes yeux. Bien décidé à les lire tous, j'allais tous les jours m'asseoir dans cette pièce. Et l'après-midi, épuisé par la lecture, je me promenais dans le jardin. Là, de grands arbres cinquantenaires, silencieusement alignés, semblaient m'encourager."