Extrait

Elle baissa les yeux sur la forêt, où d’autres prédateurs glissaient entre les arbres avec l’aisance des couleuvres. Heureusement, les tégénaires qui n’étaient pas encore rentrées avaient saisi qu’elles devaient se cacher sous des pierres dans la forêt pour survivre. Aranéa observa ses paumes pendant un moment en se demandant pourquoi elles n’étaient plus aussi mortelles qu’avant. Elle était si ébranlée par ce qui venait de se passer qu’elle avait de la difficulté à réfléchir.

Kiarinah, qui avait assisté à la scène à partir de l’entrée de sa grotte, comprit que c’était son devoir de lui redonner du courage. Tout en surveillant le ciel, elle descendit sur la paroi de la falaise et s’arrêta sur la corniche où se trouvait Aranéa. Elle la prit dans ses pattes et la serra contre elle.

– Tu ne devrais pas rester ici ! s’alarma la déesse.

– Tu as raison.

Malgré toutes ses protestations, la jeune araignée la ramena dans sa grotte et la déposa dans son nid.

– Je comprends que tu veuilles prendre soin de moi, Kiarinah, mais je dois continuer de vous protéger en maintenant un mur de protection entre vous et ces monstres.

– Mais celui-là a bien failli te tuer quand même.

– Parce que je n’ai pas encore trouvé son point faible et je n’y arriverai pas en le fuyant.

– C’est seulement pour soigner ton bras et te permettre de refaire tes forces. Je ne t’empêcherai pas d’y retourner.

La plaie disparut sur la peau de sa maîtresse.

– Voilà, je suis guérie.

– Mais il serait quand même utile que tu prennes quelques minutes pour dresser, à tête reposée, la liste de ce qui ne fonctionne pas sur ces reptiles et de ce que tu n’as pas essayé encore.

– Sans doute. J’étais trop fâchée pour raisonner, tout à l’heure.

– Pourquoi ?

– Parce que j’ai utilisé tous mes pouvoirs contre ces lézards sans réussir à en tuer un seul. Je me demande si le mieux ne serait pas de partir et de trouver un autre endroit où il n’y en a pas.

– Tu penses qu’un tel endroit existe ?

– Anangoh est une immense planète. Et je te ferai remarquer que ce n’est pas moi qui ai choisi de nous faire atterrir exactement ici, mais ce foutu bracelet.

– Tu ne pouvais donc pas lui indiquer où aller.

– C’est un instrument primitif qui n’obéit qu’à une seule commande, soit le choix du monde où nous désirons être transportées, pas l’endroit précis qui nous intéresse.