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J’ai froid, je frissonne et mon corps me fait mal. Un picotement désagréable sur le flanc droit me blesse les chairs engourdies. L’esprit embrouillé, j’ai cette détestable sensation que je sors d’un bloc opératoire. Je rêve, ou plutôt je cauchemarde. Je tente de recouvrer mes esprits, je grelotte, mes dents s’entrechoquent dans des tremblements que je ne contrôle pas. Anesthésiée par le froid, je ne parviens pas à localiser mes membres, je dois dormir, pourtant je ne me souviens pas m’être assoupie. D’ailleurs, je ne me rappelle de rien, pas même de mon nom. Ce silence... étrange... pesant, l’on dirait qu’il résonne, il faut que j’ouvre les yeux. Un souffle froid me glace la peau, une caresse morbide et douloureuse. Je serre la mâchoire et mes oreilles bourdonnent, le nez me pique...
Cette odeur de cambouis, de poussières et d’humidité mélangées, m’est inconnue. Bizarre, je n’ai aucun souvenir proche, je me rappelle juste que je me prénomme Élisabeth... Je crois... La lumière me brûle au travers des paupières ; puissante, crue et froide. Sans bouger les membres, je durcis un muscle puis un autre, analysant chaque sensation. Je suis couchée en position fœtale, le froid et l’inconfort de ma couche me laissent présager que je suis sur le sol. Ma hanche et mon épaule droite sont douloureuses. Que se passe-t-il ? Un frisson me parcourt l’échine, de ceux qui vous remettent les idées en place. Pourtant, je ne parviens pas à me souvenir, ce rêve paraît si intense, le ressenti est si fort, il faut que j’ouvre les yeux. Dans les premières secondes, l’éblouissement m’empêche de distinguer mon environnement, puis, comme sortie d’un tunnel, les formes se précisent. Tout d’abord, au premier plan ; un pilier d’acier, puis un second et des dizaines, aussi loin que mon regard porte. Il s’arrête au fond sur un mur bariolé. Je suis couchée sur un béton poussiéreux couvert de gravillons, je discerne au premier plan ma main écorchée. Je tremble, et la granularité du sol me laboure la peau, me déchire. J’expire avec force, un nuage de vapeur brouille ma vision. Ankylosée, je me redresse et m’assois, dans un geste machinal, je croise les bras sur ma poitrine recouverte juste d’un soutien-gorge blanc. Je suis en sous-vêtements. Les frissons redoublent lorsque mon dos touche le mur le long duquel j’étais allongée. Je ne rêve donc pas ?
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