Extraits

La veuve était habillée en noir, elle avait gardé sa tenue d’enterrement. Elle était assise au fond du fauteuil, les mains sur les accoudoirs, ses yeux bleus ne cillaient pas, elle attendait, le visage fermé. Golfino se tenait près d’elle.

Sylvain Sassin posa la première question. On pouvait compter les sillons du peigne dans ses cheveux gominés, plaqués en arrière. Ses joues rasées de près brillaient et il sentait un parfum poivré. Il portait une étroite cravate noire, un costume cintré et une chemise blanche avec des coutures noires ; il était d’une beauté sans charme, comme les mannequins en plastique du monde de Barbie.

Les mains jointes sur ses cuisses, elle se tenait bien droite, face à eux, appuyée contre le dossier du fauteuil en cuir. Ses yeux plongeaient, sans peur, dans ceux des quatre hommes. Elle s’était préparée à l’entretien, elle l’avait envisagé comme un jeu, une lutte feutrée.