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Mon sang sur mon visage m'a fait changer d'avis.
Afficher en entierCertains soirs, je n’arrivais à m’endormir qu’en me racontant que cette famille était la mienne et que j’avais uniquement été obligée de rentrer parce que j’étais née à la mauvaise adresse. »
C’étaient des mots marquants. Née à la mauvaise adresse.
Afficher en entierNous avons vu au cours des premières décennies de ce siècle les élites financières du monde se détacher progressivement des loyautés nationales. Les riches ont appris à se considérer avant tout comme apatrides, comme citoyens de la République du Patrimoine, pendant que nous autres nous cramponnions à notre bon vieux patriotisme.
Afficher en entierNous ne pouvons pas vivre en ayant sans cesse peur de ce type, m’a dit Trevor à un moment donné durant notre conversation, et j’ai pensé : Nous ? Mais il avait raison. Mouse était tau, et une Tau effrayée était une de trop.
Afficher en entierSaluer le drapeau. Prier Dieu. Honorer son père et sa mère. Ces grandes abstractions... Dieu, la patrie, la famille. Ils avaient du pouvoir sur moi, comme s’ils étaient réels et importants. Sauf qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre. Ce ne sont que des mots dont les gens se servent pour te contrôler. C’est des conneries. Je n’ai pas besoin d’une famille, d’un pays ou d’une Église.
Afficher en entierNous sommes l’espèce la plus coopérative de la planète... possédez-vous un seul objet que vous ayez entièrement fabriqué de vos mains avec des matériaux extraits par vos soins de la nature ? Et sans ce réseau de collaboration, nous sommes aussi vulnérables que des antilopes à trois pattes au milieu du territoire des lions. Mais en même temps, quel talent nous avons pour la cupidité, pour l’indifférence morale, pour des guerres de conquête à tous niveaux, du jardin d’enfants jusqu’aux Nations unies. Qui n’a pas souhaité pouvoir sortir de ce piège ? C’est comme si nous étions faits pour vivre dans une espèce de famille de conte de fées, dans une maison où les portes ne sont jamais fermées à clé et n’ont jamais besoin de l’être. Toutes les utopies à la manque sont un rêve de cette maison. On en a tellement envie qu’on refuse de croire que ça n’existe pas et ne peut pas exister.
Afficher en entierComme toi, Jenny, je me suis toujours imaginé qu’il devait y avoir une place pour moi dans le monde. Tu sais de quoi je parle. Tu marches dans la rue par une nuit d’hiver si froide que tes pas sur le trottoir plein de neige font un bruit de verre pilé, de la lumière jaune s’échappe des fenêtres des maisons inconnues et tu surprends un moment d’une banalité exquise — une petite fille qui met la table, une femme qui fait la vaisselle, un homme qui tourne les pages d’un journal ; il te vient alors l’idée qu’en franchissant la porte d’entrée de cette maison, tu pourrais avoir une existence flambant neuve, les gens à l’intérieur te reconnaîtraient et te feraient bon accueil, tu t’apercevrais que tu connaissais depuis toujours cet endroit et que tu n’en étais jamais vraiment parti. […]
Il se trouve, Jenny, qu’il existe bel et bien une porte de ce genre. Il existe bel et bien une maison pleine de voix aimables et généreuses. Cette maison existe et j’ai eu la chance de la trouver.
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