Extraits

Son père était jardinier, il avait le plus souvent les mains sales, il ne gagnait pas beaucoup d'argent, et à chaque fois qu'il ouvrait la bouche c'était pour se plaindre ou donner des ordres. Un Allemand, répétait-il l'air fatigué, tout en mangeant la soupe de pommes de terre du dîner, c'était quelqu'un qui n'était jamais affalé sur sa chaise. Un jour, Gauss demanda : Et c'est tout ? Cela suffit pour être allemand ? Son père réfléchit si longtemps que c'en était à peine croyable. Puis il fit oui de la tête.

Ils se regardèrent, et par la suite ni l'un ni l'autre n'aurait pu dire s'ils avaient pressenti qu'ils allaient compter davantage l'un pour l'autre que n'importe qui au monde, ou s'ils avaient eu cette impression après coup seulement.