Extraits

Silas se dissimula derrière une colonne en marbre en voyant les trois jeunes femmes ensemble. Il fronça les sourcils, remarqua que Lucia n’était pas parmi elles. Il avait eu un mal de chien à les retrouver dans cette maison colossale, et il n’était tombé sur elles que par chance. L’un de ses amis lui avait assuré que miss de Feria se trouvait en leur compagnie, pourtant. Donc… où était-elle ? Puis il se rendit compte que les filles montaient la garde. Lucia se trouvait dans la pièce derrière elles. Qu’étaient-elles donc en train de manigancer ? Il avait l’estomac noué par la curiosité et l’anxiété. Si quelqu’un les découvrait ici, cela créerait un scandale. Au même moment, il entendit une porte s’ouvrir et il se risqua à jeter un nouveau coup d’œil derrière la colonne. Ce qu’il vit le laissa bouche bée, et il étouffa un rire. Lucia se tenait adossée au chambranle dans une pose nonchalante, avec un verre de ce qui ressemblait à du brandy dans une main, et un cigare dans l’autre. Il cligna des yeux lorsqu’elle porta le cigare à sa bouche, prit une bouffée, et recracha un nuage de fumée ; les trois autres filles éclatèrent de rire en applaudissant, enchantées.

— Petite diablesse, murmura-t-il en souriant depuis sa cachette.

Quelque chose s’alluma en lui devant tant d’audace, face à son désir de goûter quelque chose d’interdit aux gentilles jeunes filles de l’aristocratie. Pendant une seconde, il regretta de ne pas l’avoir initié lui-même à ce genre de plaisirs défendus, mais changea d’avis : à en juger par son regard triomphant, c’était quelque chose qu’elle était fière d’avoir accompli seule, et il ne pouvait pas lui voler ce plaisir.