Extraits

Ce n’est clairement pas une journée merveilleuse, car il y a un cadavre dans mon potager.

Je compose le 17 en déglutissant. Après une rapide sonnerie, la voix calme d’une femme m’interroge :

— Police secours, quelle est votre urgence ?

— J’ai un cadavre dans mes Nébula.

Simple, efficace, quand on sait ce qu’est une Nébula, fait plutôt rare. La plupart des gens les appellent grossièrement carottes noires, ce qui est bien triste. Nébula, c’est quand même plus vendeur, en plus ça incite presque au rêve.

— Pardon ?

— J’ai un cadavre dans mon potager, corrigé-je, consciente que l’opératrice téléphonique se tamponne royalement de mes carottes et encore plus de leur couleur.

Le silence de cette dernière dure un peu trop longtemps à mon goût.

— C’est une plaisanterie ? demande-t-elle.

— Non, madame, j’ai vraiment un cadavre dans mon potager.

Son scepticisme persiste, je le devine dans sa voix lorsqu’elle me demande mon adresse afin d’envoyer les secours après m’avoir ordonné de ne surtout pas toucher au corps. Je lui donne mes coordonnées avant de raccrocher.