Extraits

On changeait d’abord dans le regard des autres, il n’y avait pas miroir plus juste que le type en face de soi.

Gabriele retrouvait là, confiné dans la chambre d'une ville inconnue, tout ce qui lui avait manqué en prison. La négligence et l'insouciance des copains, les discussions à deux balles. Ca lui prenait d'un coup ce soir. Il était déjà nostalgique du moment qu'il vivait. Il savait que ces instants ne reviendraient plus. Ils pourraient tous faire semblant, un jour, se la rejouer comme à vingt ans. Mais ça ne prendrait pas. On ne revit pas deux fois l'état de grâce. Parfois, certains amis mettent plus de temps à le comprendre. Alors que vous avez fini de courir, ils continuent leur course. Et c'est vous-même et vos vingt ans que vous voyez mourir dans leurs dernières foulées. Vous ne savez pas si vous admirez leur volonté ou si leur inconscience vous fait pitié. Au fond, plus le temps passe, plus vous basculez dans la pitié.

Maria ferma les paupières. Dans ses souvenirs, ses soeurd souriaient et il faisait toujours beau. Même les immeubles du quartier étaient d’un joli rose crémeux. Qui se souvient vraiment des ciels gris? Elle etait à la lisière du sommeil, elle somnolait. Sur son épaule, Raffaella dormait déjà.