Extraits

J’ai lu quelque part que l’on devrait avoir deux vies. L’une pour apprendre, l’autre pour la réussir. Eh bien, je ne suis pas d’accord. Je trouve justement que la beauté de la vie est d’apprendre en permanence, de se tromper, de réussir tous les jours. Ce qui rend la vie si belle, si unique et miraculeuse, c’est justement parce qu’on en a qu’une !

Alors faites des compositions colorées et attirantes, car si on ne juge jamais un livre à sa couverture, c’est la couverture qui donne envie de l’ouvrir.

On va devenir fou en cuisine, je te le dis, moi ! Entre ceux qui ne mangent pas de gluten, ceux qui sont allergiques aux noix et arachides, ceux qui sont végétaliens, végétariens, flexitariens… À chaque menu, chaque repas, j’ai des contraintes. Tu imagines si on faisait pareil pour la langue française ? Alors, moi, je n’utilise plus l’accent aigu, moi j’ai banni les « o », moi je n’utilise les adverbes que le week-end, moi je ne parle plus qu’avec des mots de moins de deux syllabes… L’enfer !

Gabin était assis en face de Julie, à côté de sa mère, les yeux fixés sur sa tablette, comme tous les enfants de sa génération, le son baissé, mais suffisamment fort pour distiller une petite musique lancinante et insupportable. « Ce sont des jeux de réflexion qui font travailler sa logique », avait expliqué Alice sans réaliser que Gabin était ainsi coupé du monde qui l’entourait, dans sa bulle, quand Julie se souvenait qu’enfant, à table, son monde à elle, c’était la réalité, celle des adultes et de leurs conversations : la guerre en Irak, le référendum de Maastricht qui avait donné lieu à de vifs débats entre son père et son oncle Roland qui avait voté contre, ou le corner raté de Ginola qui avait privé les Bleus du Mondial 1994, la victoire surprise de Chirac en 1995 « Les guignols ont fait élire un guignol ! » s’était emporté son père qui avait voté Balladur, le chômage, l’immigration, un concentré de la France des années 1990 qui avait nourri son enfance, et sa culture malgré elle.

Mais il était tellement plus facile de blâmer un rival que d’admettre que c’était par sa faute que le bonheur qu’il croyait avoir pour toujours, avait disparu.

Tu sais, au Japon, ils ne jettent pas les objets et les poteries cassées. Ils les réparent, recollent les morceaux en recouvrant les fissures de poudre d'or. Ils appellent ça le kintsugi. Recouverts de dorure, ces objets blessés deviennent plus solides, plus beaux, et leur valeur est ainsi augmentée par leurs cicatrices révélées. Rose hocha la tête et murmura en la couvant du regard.

- Comme pour les humains. Ce qui ne tue pas rend plus fort.