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Le sorcier du village, la seule personne d’Obsidien dont Arlian ignorait le nom parce qu’il affirmait que les noms possédaient un pouvoir, disait que la justice était une illusion comparable aux petits tours qu’il accomplissait pour divertir les enfants.

Arlian se demandait parfois s’il pouvait en être autrement, peut-être que tout finissait par s’arranger équitablement, d’une manière ou d’une autre, et que les apparentes injustices n’étaient que des illusions. Il écarta les cheveux trempés de sueur de ses yeux et regarda les chariots qui approchaient en contrebas.

Peut-être que le dragon avait eu une bonne raison de détruire ce village. Peut-être que les dragons faisaient partie des projets du destin.

— Crois-tu vraiment qu’il s’agisse d’un temps de dragon ? demanda-t-il.

Son grand-père le prit par les épaules et lui donna une accolade rassurante.

— J’espère me tromper, dit-il. Viens, allons donner un coup de main à ta mère.

Ensemble, ils s’éloignèrent de la saillie rocheuse et se dirigèrent vers la maison d’un pas tranquille

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chapitre 1

UN TEMPS DE DRAGON

À l’ouest, le ciel était obscurci par de lourds nuages noirs ; Arlian n’aimait pas du tout cela. Il avait onze ans, il était presque un homme d’après les critères de son village, mais pour le moment, il se sentait nettement plus jeune et n’était pas du tout sûr de lui – son père était loin, et le temps était anormalement menaçant. Il demeura auprès de sa mère tandis qu’elle regardait les hommes du village tirer les lourds chariots-citernes le long de la route pavée qui serpentait sur le versant de la montagne.

Des bœufs auraient rendu la tâche plus aisée, mais le village, niché sur une pente rocailleuse, ne disposait d’aucun endroit susceptible de faire paître de tels animaux ; le peu de sol arable disponible était réservé aux besoins des humains. Cela signifiait que les hommes d’Obsidien devaient se servir de leurs propres muscles pour apporter l’eau de la rivière.

Dans un an ou deux, Arlian serait suffisamment grand pour les aider, mais en attendant il restait auprès de sa mère et les observait.

La mère d’Arlian s’éventait d’une main, tandis que de l’autre elle serrait la broche noire et dorée qui maintenait son col ouvert. Il faisait chaud et lourd, et il n’y avait pas un souffle d’air. Sa robe grise était trempée de sueur.

— Je ne supporte pas ce temps, déclara-t-elle. Je serai presque ravie de voir l’hiver arriver, cette année !

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