Extraits

— Ça ne ressemble pas à la demeure d’une reine. Du petit chaperon rouge ou d’un hobbit peut-être, mais pas d’une reine.

— C’est quoi un hobbit ? demanda Luka avec sérieux, ce qui lui arracha un petit rire.

Se sentant d’humeur espiègle, elle mit en application sa théorie en faisant courir ses mains de sa taille fine jusqu’aux larges muscles du haut de son dos. Son corps se raidit et la chair de poule s’empara de ses biceps exposés. Il passa ses mains dans son dos pour lui attraper les poignets et les maintenir ensemble, le tout accompagné d’un ronronnement rapidement étouffé.

Elle se tourna vers Luka, espérant parvenir à se faire comprendre.

— Luka ! Attrape Helas !

Elle montra du doigt la porte encore ouverte qu’Helas venait de franchir. Il ne pouvait pas s’en tirer comme ça. Même s’ils parvenaient à se libérer et à se mettre en sécurité, ce serait une victoire vaine si Helas n’était pas puni.

Luka regarda son doigt, puis la porte et ses lèvres se retroussèrent. Il se mit à courir à une vitesse inégalée et saisit la poignée avant que la porte ne se referme complètement.

Semblant être la plus courageuse du groupe, Vanessa se pencha vers Alice.

— Bon sang, il est rapide. Tu le connais ? C’est un gentil ou un méchant ?

— C’est une longue histoire, mais je pense qu’on peut lui faire confiance. Ils l’ont drogué, alors il est peut-être un peu dans les vapes, expliqua rapidement Alice avant de faire signe aux femmes de la suivre jusqu’à la porte.

Vanessa émit un grognement dérisoire derrière elle.

— Eh bien on dirait que tu l’as dressé, malgré la drogue et compagnie.

Alice se renfrogna, sentant la chaleur se répandre sur ses joues, mais choisit de ne pas penser à la véracité de cette affirmation. Si ses marques étaient apparues, cela signifiait que Luka la considérait comme sa partenaire. En supposant que ce qu’Helas avait dit sur les partenaires était vrai, elle devrait faire face à un mâle drogué et nouvellement accouplé. Elle ne pouvait qu’espérer qu’il resterait « dressé » une fois la menace passée.

Alice brandit l’aiguillon électrique devant elle lorsqu’elles atteignirent la sortie, où gisait encore un Sal immobile.

En gardant un œil sur lui, elle tira sur la poignée de la porte. Fermée !

Alice se sentait stupide de ne pas y avoir pensé avant. Bien sûr que c’est fermé ! C’est une installation top secrète, pourquoi laisseraient-ils la porte d’entrée ouverte ?

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? lui demanda une femme plus âgée aux cheveux blancs flottants, derrière elle.

L’esprit d’Alice s’emballa. Elle essaya de réfléchir au système de verrouillage de sa porte, mais la plupart du temps, elle était dans sa cellule quand ils la verrouillaient et la déverrouillaient, et la chambre de Luka avait toujours été ouverte quand ils l’avaient amenée le voir. Elle ne se souvenait pas d’avoir vu des clés.

— La salle de contrôle, marmonna-t-elle.

— Quoi ? dit Vanessa.

— Désolée, j’ai pris l’habitude de parler toute seule. Aidez-moi à déplacer ce type et à mettre sa main sur la porte.

Quelques femmes regardèrent l’homme avec méfiance et ne bougèrent pas. D’autres se précipitèrent pour l’aider.

Pendant qu’elles soulevaient péniblement Sal, Alice expliqua :

— Quand ils m’ont emmenée à la salle de contrôle aujourd’hui, ce type, Helas, a posé sa paume sur la porte pour l’ouvrir. Comme un scan.

La sueur perlait sur le front d’Alice alors qu’elles essayaient de maintenir la main de l’homme sur la porte tout en soulevant maladroitement le haut de son corps.

Les femmes applaudirent lorsque la porte se déverrouilla dans un bruit électronique.

En entendant Sal gémir, elles le lâchèrent et s’éloignèrent à la hâte. Sa tête heurta le sol carrelé dans un grand bruit. Vanessa et Alice échangèrent des grimaces de culpabilité avant que Vanessa ne hausse finalement les épaules.

— C’était un sale type de toute façon, pas vrai ?

Alice acquiesça, sans pouvoir toutefois chasser le sentiment de culpabilité, et tint la porte aux femmes.

Lorsque la dernière fut sortie et qu’il ne resta plus qu’Alice, elle jeta un dernier regard au couloir blanc immaculé. Le monde qui l’attendait au-delà de ces portes était inconnu et probablement terrifiant, mais au moins elle n’aurait jamais à revoir ces couloirs.

De l’autre côté des portes, Alice trouva une série d’escaliers menant à une trappe ouverte. Le clair de lune illuminait les marches lorsqu’elle arriva en haut de l’escalier.

Prenant sa première bouffée de cet air nouveau, elle s’enfonça dans la nuit.

Les femmes étaient rassemblées, regardant autour d’elles, l’air émerveillé. Certaines contemplaient le ciel noir, rempli d’étoiles et de galaxies inconnues. D’autres se tordaient le cou pour admirer les montagnes derrière elles.

La trappe par laquelle elles venaient de sortir débouchait sur une petite clairière. L’air était humide et légèrement chaud, comme dans une forêt tropicale. Derrière elles, des montagnes pointues s’élevaient en diagonale. Leurs sommets transperçaient les nuages translucides et se détachaient nettement sur deux grandes lunes, dont l’une était entourée d’un léger anneau.

À leur gauche, le sol se transformait en une forêt dense. À leur droite, un chemin descendait à travers le col rocheux de la montagne. Droit devant elles, une plainte s’étendait à perte de vue.

Alice plissa les yeux, essayant de distinguer un quelconque signe de civilisation.

Une jeune femme aux cheveux parfaitement colorés dit :

— Toto, j’ai l’impression que…

— Si tu sors cette réplique maintenant, je jure devant Dieu… l’interrompit une femme grande et mince à l’expression revêche.

La plus petite femme leva les mains et inclina la tête en signe de reddition.

Un bruit à leur gauche les fit toutes sursauter, puis se crisper. Du coin de l’œil, Alice aperçut la petite femme aux cheveux impeccables accroupie dans une position de combat. Au moins, l’une d’entre nous sait ce qu’elle fait.

Alice resta immobile, le souffle court, alors qu’elles attendaient de percevoir la provenance du bruit.

Luka apparut au pied de la montagne, avec un Helas inconscient à ses côtés.

Alice plaqua sa main sur sa bouche quand elle vit le visage sanglant et tuméfié d’Helas. Son inquiétude diminua légèrement après avoir vu le léger soulèvement de la poitrine de l’homme inconscient.

Luka traîna l’homme à l’air pitoyable jusqu’à Alice et le plaça à ses pieds, puis il la regarda fixement.

Vanessa souligna derrière elle :

— Eh bien au moins, il sait aller chercher.