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Je méveillai sur le lit de l'infirmerie. Mon corset avait été délacé et, une fraction de seconde, je me sentis bien. Je souris au visage de Mme de Maintenon penché sur moi. Mais la seconde d'après la mémoire me revint, et je fermais les yeux pour tenter de fuir la réalité.
-Isabeau, murmura Mme de Maintenon tout près de mon oreille, dites-moi que vous n'êtes pour rien dans ce crime abominable!
Que pouvais-je répondre? Bien sûr que je n'y étais pour rien... Pourtant mon malaise était un aveu..l'aveu que je connaissais la coupable... J'étais furieuse contre moi, contre cette trop grande sensibilité que je ne parvenais pas à maîtriser. Maintenant, je devais réagir et réussir à éloigner Mme de Maintenon de la coupable. Il le fallait. C'était une question d'honneur.
Afficher en entier"Mlle du Pérou nous fit donc une nouvelle lecture de la pièce. Nous en goûtâmes mieux que la première fois l’ampleur tragique, et certaines d’entre nous laissèrent couler leurs larmes. Au milieu de l’acte cinq, la cloche annonçant vêpres nous fit sursauter tant nous étions prises par le texte. Mlle du Pérou s’arrêta à regret, et des murmures de déception nous échappèrent.
- Nous reprendrons la lecture demain. Pour l’heure, oubliez Athalie pour ne penser qu’à la prière, nous conseilla notre maîtresse."
Afficher en entier"Je m’appelle Isabeau de Marsanne, et je n’avais pas encore quinze ans lorsque j’ai joué dans Esther, la comédie écrite par M. Racine pour les demoiselles de la Maison Royale d’éducation de
Saint-Cyr.
Les liens que j’avais tissés au fil des ans avec Charlotte, Louise et Hortense me paraissaient indestructibles, d’autant que nous nous étions juré, une nuit, de ne jamais nous quitter.
Pourtant, c’est à cause de cette pièce que nos destins se séparèrent."
Afficher en entier"- Cette enfant vous aime beaucoup, me souffla Hortense.
- Oui. Je l’avoue. Elle est très attachante et si jeune... tout juste huit ans.
— Et à Saint-Cyr, si on nous offre l’instruction, le gîte et le repas, la tendresse n’est point prévue dans le programme, ajouta Jeanne. Les premiers mois, j’ai cru que j’allais mourir de ne point sentir les bras de ma mère autour de moi.
- Silence, mesdemoiselles, rappela Mlle du Pérou, vous devez monter dans vos classes sans parler.
- Et voilà, murmura Henriette entre ses dents, c’est parti pour trois heures d’étude !
- Vous pouvez toujours faire semblant... lui rétorqua Olympe.
- Et rêver au prince charmant... pouffa
Gertrude.
Notre maîtresse les foudroya du regard, et cela suffit à ramener le calme dans le rang."
Afficher en entier_ Voici donc Isabeau de Marsanne, qui m'a déjà prouvé qu'elle avait du cœur, le sens de l'honneur et de l'amitié.
Je rougis sous le compliment et je me détendis un peu. Ce n'était certainement pas pour m'annoncer une catastrophe dans ma propre famille que la princesse était venue à Saint-Cyr...
_ Oui, Marsanne est l'un de nos meilleurs éléments, ajoute la mère supérieure d'une voix sèche.
_ C'est pour cela que je l'ai choisie!
Choisie? Mais pour quoi ou pour qui?
_ Et que pense-t-elle de ma décision? poursuivit la princesse.
_ Elle ne la connaît point encore. Je vous laisse le soin de lui en faire part.
_ Approchez donc, mademoiselle, me dit-elle.
Elle prit mes mains glacées dans les siennes, qui étaient tièdes, et continua:
_ Je vous ai choisi pour être la gouvernante de mon fils.
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