Extraits

Je la rattrape juste avant qu’elle ne l’atteigne, accélérant pour franchir le dernier espace qui nous sépare.

— Raina. Attends, murmuré-je en attrapant son poignet.

Elle virevolte au moment où mes doigts touchent sa peau, comme si elle ressentait la même étincelle que moi. Ses yeux clignent, la lumière des étoiles illumine son visage. Ces femmes terriennes n’ont pas tout à fait des yeux comme les miens, mais ils deviennent gros et noirs au centre, tout comme les nôtres, et ses pupilles sont énormes en ce moment. Elle respire fort et elle presse ses lèvres l’une contre l’autre tout en expirant par les narines.

— Est-ce que tu étais obligé de faire ça ? demande-t-elle en écartant ses bras. — Devant tout le monde ? Tu es sérieux ?

Akhi, elle est belle quand elle est en colère. Aussi belle qu’elle l’était quand elle m’a taquiné plus tôt.

Je lui souris, incapable de m’en empêcher.

— Pourquoi ne pourraient-ils pas le savoir ? Pourquoi est-ce que ça devrait être un secret ? Nous sommes compagnons. Je ris en pensant aux liens que j’ai vu se développer entre les couples sur Vox. L’idée de garder secrète une connexion aussi féroce est presque risible. — Tout le village le saura bien assez tôt de toute façon. C’est quelque chose à célébrer.

Raina prend une autre inspiration et secoue la tête, reculant d’un pas. Ses épaules heurtent le mur de la hutte voisine, et elle se raidit un peu en s’y appuyant.

— Ce n’est pas comme ça que ça marche pour les humains, dit-elle avec obstination. — Ce n’est pas comme ça que ça marche sur Terre. On n’est pas simplement associé à un compagnon. Ce n’est pas si facile ou si… si définitif. Une chose réglée aussi simplement que ça. Elle claque des doigts ensemble, le son résonne dans l’air calme de la nuit. — Il faut du temps, apprendre à se connaître, développer des sentiments l’un pour l’autre. D’où je viens, les gens font tout ça d’abord, ensuite ils parlent parfois de quelque chose de permanent.

— J’ai des sentiments pour toi, lui dis-je. Peu importe, si je voulais une partenaire ou pas, c’est vrai. Mon sourire s’élargit, devenant séduisant. — Je ressens beaucoup de choses.

Elle lève les yeux au ciel et émet un son qui se situe quelque part entre un soupir et un rire.

— Ce n’est pas ce que je veux dire, répond-elle avec insistance. Elle se mord la lèvre et mon regard tombe à l’endroit où elle est coincée entre ses dents. Ma bite tressaille, le désir monte en moi.

— Tu ne ressens rien pour moi ? J’insiste, m’approchant d’elle jusqu’à ce que je puisse sentir la chaleur de son corps se mêler à la mienne.

— Je… Sa respiration s’accélère, puis sa poitrine se soulève et retombe plus rapidement. Elle fronce les sourcils. — Je ressens… quelque chose pour toi. Mais ce n’est pas la même chose que de l’amour, Kaide.

Par tous les dieux, la façon dont elle prononce mon nom, même lorsqu’elle est agacée, cela pourrait me nourrir pendant des jours. Je souris en me penchant et en passant mon nez le long de son cou, en l’inspirant. Je suis affamé d’elle. Son odeur emplit mes poumons. Il n’y a presque plus d’espace entre nous, et elle me semble être encore trop loin de moi.

Ses yeux sont immenses quand je recule pour la regarder. Ils sont fixés sur les miens, assez sombres pour s’y noyer. Sa peau est couverte de chair de poule le long de son cou et de ses épaules, réagissant à ma proximité et à mon toucher.

La douleur dans mon corps s’intensifie, chaque partie de moi s’efforçant d’être plus près d’elle.

C’est ce que cela signifie, pensé-je, presque hébété. C’est ça, le lien matrimonial.

Je ne l’avais jamais vraiment compris auparavant, bien que j’aie vu beaucoup de mes compatriotes Voxerans trouver leurs compagnes. Je pensais savoir ce que c’était que de désirer quelqu’un, mais cela dépasse tout ce que j’ai jamais ressenti auparavant.

Parce que je ne veux pas seulement son corps ou le plaisir que je sais que nous pourrions trouver dans les bras l’un de l’autre. Je veux plus que ça. Je veux chaque partie d’elle.Tendant la main, je fais glisser mes doigts légèrement sur sa clavicule, et ma bite palpite quand elle frissonne légèrement en réponse. Je peux sentir l’odeur musquée et douce de l’excitation se mélanger à son odeur naturelle, et cela me fait tressaillir.

Rhael.

Le mot résonne dans mon esprit, se répète encore et encore comme un battement de tambour, me rappelant ce que je ne pourrais jamais oublier : que cette femme est à moi. Que nous sommes faits l’un pour l’autre, que l’univers a trouvé le parfait partenaire pour chacun de nous.

Mais elle n’y croit pas.

Je le vois dans ses yeux. L’incertitude et la méfiance brûlent juste en dessous du désir qui a fait exploser ses pupilles.

Elle ne me fait pas confiance, et je suis sûr qu’elle ne fait pas non plus confiance au lien matrimonial. Je vais donc devoir lui montrer que je le pense vraiment. Que tout ce que j’ai dit est vrai !

— Très bien, lui dis-je en laissant tomber ma main et en faisant un pas en arrière. Son corps vacille un peu vers l’avant comme s’il poursuivait inconsciemment mon toucher. — Tu es ma compagne et je veux respecter tes coutumes. Alors nous ferons ça à ta façon. Je vais te faire tomber amoureuse de moi.

Un rire surpris jaillit de ses lèvres et ses yeux s’écarquillent.

— C’est… ce n’est pas comme ça que ça marche, balbutie-t-elle en secouant la tête. — Tu ne peux pas simplement décider de faire tomber quelqu’un amoureux de toi.

— Je ne peux pas ?

Je souris plus largement et je me penche à nouveau juste un peu vers elle, savourant la façon dont son souffle s’arrête et son menton s’incline pour que son regard puisse retenir le mien. Je pose mes doigts sur sa joue, effleurant à peine la peau douce avant de descendre le long de sa mâchoire. Ses lèvres se contractent à nouveau. Elles sont tellement réactives, que ce soit pour sourire ou pour montrer les dents, et j’ai l’impression que je pourrais me perdre dans l’étude de leurs petits mouvements.

— Kaide ...

Elle murmure mon nom si doucement que je peux à peine l’entendre. Je ne sais pas si c’est un avertissement ou un plaidoyer, mais de toute façon, je me force à reculer.

Elle ne veut pas encore de moi et je n’ai aucun intérêt à revendiquer une femme qui ne me veut pas.

Ma compagne veut faire ça à la manière terrienne, c’est donc ce que nous allons faire. J’ai toujours aimé les défis.

— À ta façon, alors, lui dis-je avec un autre sourire. —J’ai hâte de t’entendre dire que tu m’aimes.