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Extrait

Extrait ajouté par feedesneige 2015-07-07T16:27:30+02:00

Chapitre 54

Kadija n’avait pas besoin de recourir à la symbiose avec Benjamin pour s’apercevoir que les temps approchaient du rassemblement des douze tribus de l’Eskato. Il lui suffisait de contempler la métamorphose de la terre, qui, après avoir pansé les blessures infligées par les hommes, revêtait ses nouvelles parures pour accueillir les Saints. La colère du ciel avait détruit la Grande Prostituée, la bête écarlate, les rois, les marchands et les faux prophètes des nations humaines, et Satan, le dragon, l’antique serpent, précipité dans l’étang de soufre et de feu, avait désormais perdu sa capacité à nuire.

Les Justes inscrits dans le livre de vie allaient bientôt investir cette terre nouvelle délivrée de la malédiction originelle, toucher les fruits de leur clairvoyance, de leur persévérance, de leurs mérites. Ils ne connaîtraient pas la maladie, ni la guerre, ni toutes ces souillures qui avaient jalonné l’histoire de leurs prédécesseurs. Les hommes n’avaient pas su saisir leur chance, ils étaient condamnés à disparaître, comme les dinosaures avant eux, comme toutes les espèces animales ou végétales incapables de s’adapter aux changements. Ainsi le voulait la véritable logique de l’évolution, du rééquilibrage, de l’ordre, ainsi le proclamait le Verbe de l’Eskato.

Cependant, quelque chose empêchait Kadija de ressentir la béatitude qu’auraient dû lui valoir son état de Sainte et la perspective du jugement dernier. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas encore analyser, mais qui, indubitablement, était lié au trouble de Benjamin, à la disparition de sa sœur, à la lutte désespérée des derniers hommes, à… sa propre attirance pour Solman le boiteux.

Elle avait retiré sa robe et s’était assise sur une colline au bas de laquelle passait l’ancienne piste. Elle s’était demandé comment Solman et les autres s’y prendraient pour franchir la Loire. Plus un seul pont n’était resté debout dans les ruines de Tours, qui en avait probablement compté une dizaine avant la Troisième Guerre mondiale. La violence du courant et la densité des blocs de glace rendaient la navigation aléatoire, pour ne pas dire impossible. Il aurait fallu qu’ils traversent sur l’épaisse couche de glace, comme elle quelques jours plus tôt, mais la débâcle s’était amorcée avant que Solman recouvre la vision et perçoive ses communications silencieuses. Elle regrettait de ne pas être restée en sa compagnie jusqu’à son départ. Elle avait jugé opportun de s’éloigner afin de respecter son désir de solitude et de silence. Ce n’était sans doute pas la seule – la vraie – raison de son éclipse : elle craignait d’être compromise dans sa nature de Sainte si elle ne brisait pas l’élan qui l’entraînait inexorablement vers le donneur aquariote. D’être exclue de l’Éden le jour du jugement dernier. D’être condamnée à la seconde mort de ceux qui n’étaient pas inscrits dans le livre de la vie.

« Si nos corps gardent une apparence semblable à celle des hommes et des femmes, disait le Verbe, ce n’est pas pour renouer avec cette dualité qui a conduit les descendants d’Adam et Ève à leur perte, mais, au contraire, pour affirmer avec force que nous sommes un dans nos différences, que nous avons vaincu la tentation de puiser dans l’autre, dans l’opposé, dans l’image, ce qui se trouve à l’intérieur de nous-mêmes, notre essence, notre sainteté, notre feu éternel et sacré. »

Kadija s’allongea sur l’herbe, goûta les effleurements du vent sur sa peau, le contact de la terre grasse sur sa nuque, ses épaules, son dos et ses fesses. L’espace de quelques secondes, elle imagina que ces caresses étaient prodiguées par les mains et le souffle de Solman. Une étrange torpeur l’envahit, un engourdissement suave que ses connaissances étaient impuissantes à décrire mais qu’elle n’assimilait certainement pas à cet affaiblissement dangereux de ses défenses immunitaires renvoyé par l’écho faiblissant de Benjamin. Autour d’elle, des insectes butinaient les fleurs dans un concert de bourdonnements ivres. Ceux-là étaient, comme les anges, comme les chiens, les serviteurs de l’Eskato, chargés de disperser les pollens, de féconder la terre, de l’habiller d’une splendeur végétale qui supplanterait les fruits de la sueur et de l’orgueil des hommes.

L’Eskato avait confié une mission particulière à chacune des douze tribus, les unes s’occupant de régénérer la faune et la flore terrestres, les autres, les Saints immergés au fond des océans sans doute, lâchant des espèces nouvelles de poissons, de crustacés, d’anguilles, de sangsues, de batraciens, d’algues… qui rendraient leur limpidité originelle aux fleuves, aux rivières, aux nappes, aux sources. Une armée invisible, innombrable, se déployait dans les abysses, dans les profondeurs du sol, dans les plaines, dans les forêts, dans les massifs montagneux, dans les déserts, dans les jungles, dans les décharges et les ruines de l’ancien temps… Bactéries, alvins, insectes portaient les germes du renouveau dans les moindres recoins de la planète, neutralisaient les radiations nucléaires et les pollutions chimiques, inoculaient le sceau des Justes aux hordes d’animaux sauvages qui avaient survécu au feu des bombes, aux fléaux génétiques et à l’empoisonnement des eaux.

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