Extraits

Je suis troublée par la vision d'une petite charlotte aux abricots dont les biscuits longilignes et parfaitement alignés sont d'une rigidité licencieuse. En son centre, des abricots parfaitement lustrés brillent comme le soleil du Midi. Cette chartreuse en robe de biscuits cuillère m'implore que je la dévore. Docile, j’exécute ses ordres.

Celui qui ne fait rien est pour moi plus dans l'échec que celui qui produit quelque chose de moyen.

Mes livres sont à portée de main, parfaitement alignés dans la bibliothèque. Ils sont classés par taille et par style, mon amour pour l'équilibre des formes ne pouvant supporter qu'un livre de poche soit coincé entre deux livres brochés ou que les mêmes éditeurs ne soient pas côte à côte pour conférer à l'ensemble un joli rendu typographique.

Il reste silencieux, comme attendant presque mes ordres pour poursuivre. Je souhaite profiter de ce moment dans ce qu'il a de surréaliste et de beau. Un homme qui n'a le droit ni de me voir ni de me toucher est en train de s'offrir à moi sans rien demander en retour. Nous n'avons jamais évoqué les sentiments qui nous unissent. Bien que la réflexion ne soit pas propice à ce qui se déroule sur le pas de ma porte, quelle est cette affection qui nous lie ? Elle est au-delà de tout ce que j'ai pu vivre, lire, imaginer ou même concevoir. Adrien accepte une forme de soumission sans perdre aucune once de virilité. Son équivalent canin n'existe pas.

Moi qui pensais que la lecture était un divertissement futile et chronophage, tu m'as fait changer d'avis. Tu m'as presque donné envie de me reconvertir en critique littéraire. J'ai posé le livre bien en évidence sur la table du salon. Comme ça, j'aurai l'air d'un homme cultivé quand j'inviterai une conquête chez moi.

Les choses rapidement obtenues ont moins de saveur. L'attente est parfois plus excitante que l'objectif lui-même.

Cet intérêt intact pour la lecture aurait dû m'abreuver. Il n'en fut rien. Mon nouveau roman découle plus des automatismes acquis par deux années de pratique que du fruit de ma créativité. Les moments intenses et passionnés que j'ai peu connaître par le passé sont devenus de plus en plus rares. Je suis comme une gousse de vanille dont on a extrait tous les arômes : épuisée.

En pâtisserie, comme à l'écrit, le créateur ne doit pas flatter son égo en montrant tout ce qu'il est capable de faire dans une même réalisation, sinon cela devient indigeste. Une bonne pâtisserie, comme un bon roman, reste simple en apparence, mais complexe à produire.

Sortez du cadre et vous serez injurié par quatre-vingt-dix-neuf pour cent des exemplaires du troupeau de la normalité.

Ma créativité me vient des livres, de la rue et des films. La tenue d'une femme, sa démarche aérienne ou son sourire peuvent m'inspirer l'habillage d'un entremets. L'évasion que procurent les livres me permet d'inventer de nouvelles associations de goûts. L'inspiration est partout. Je la retranscris ensuite dans mes créations.