Extraits

Depuis trente minutes, heure de la première édition, le bandeau « Alerte info » défilait non-stop au bas de l’écran de Paris-News :

« Un tueur en série de la pire espèce sévit dans Paris »

Quand il eut extrait de sa carcasse meurtrie les dernières parcelles d’énergie, il se releva, à la limite de l’hypoglycémie, et respira longuement pour reprendre ses esprits, penché en avant, les mains sur les genoux, la bouche grande ouverte à la recherche d’air.

Dell’Orso les fixa un instant, s’interrogeant sur leur utilité, car de mémoire, jamais, dans aucune des nombreuses affaires qu’il avait élucidées, une quelconque photo ne lui avait apporté la lumière.

La seule animation du coin se manifeste vers minuit quand quelques ombres l’empruntent, rasant les murs sales. Des voyeurs amateurs de chair fraîche, venus en catimini se rincer l’œil.

Moquette pelée, papier peint délavé. L’appartement se trouvait au fond du couloir à côté de l’ascenseur. Une loupiote sur deux fonctionnait.

Il se recula, lissa ses cheveux en arrière et garda ses mains nouées derrière la tête. Comme à chaque fois, la ville lui apparaissait immense, démesurée, hors de contrôle. Le creuset de la turpitude humaine.

Un peu ragaillardi, il avait pressé le pas et profité de sa marche vers le parking pour tenter d’oublier temporairement les atrocités qu’il venait de voir…

Le flic pénétra à reculons dans le temple de la dissection. Encore une séance de charcutage dont il se serait bien passé.

La pluie a cessé, seuls quelques éclairs sporadiques embrasent encore le ciel, suivis d’explosions lointaines. La température avoisine le zéro.

Alexeï Dontseïev. Proxénète notoire, psychopathe, cruel et sans pitié. Il avait mis sur le trottoir une vingtaine de filles de l’Est après les avoir asservies à sa manière, c’est-à-dire après les avoir livrées durant une semaine aux caprices d’une douzaine d’hommes.