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Ils marchaient depuis des heures à la lumière des réverbères, sous des averses intermittentes, insouciants, fumant et parlant jusqu’à en avoir mal à la gorge. À la fin, ils eurent l’impression de ne plus rien avoir à se dire et prirent sans un mot le chemin du retour, portant l’idée à eux deux, longeant la lisière tremblante de la réalité qui séparait New York d’Empire City. Il était tard. Les cousins étaient affamés, fatigués, et avaient grillé leur dernière cigarette. — Quoi ? dit Sammy. À quoi penses-tu ?

— J’aimerais qu’il soit réel, répondit Joe, qui eut soudain honte de lui.

Voilà qu’il était libre d’une manière dont sa famille pouvait seulement rêver. Et que faisait-il de sa liberté ? Il rôdait en discutant et inventait un tas d’inepties sur un être qui ne pouvait libérer rien ni personne d’autre que des signes noirs barbouillés sur un bout de papier bon marché. À quoi cela rimait-il ? À quoi bon marcher, discuter, fumer des cigarettes ?

— Je te parie, s’exclama Sammy, qui posa la main sur l’épaule de Joe. Je te parie que tu vas y arriver !

Ils se trouvaient au coin de la Sixième Avenue et de la 34e Rue, au milieu d’une turbulence de lumières et de gens. Sammy demanda à son cousin d’attendre une minute. Joe resta planté là, les mains dans les poches ; avec une félicité honteuse, il classait désespérément ses pensées dans les rangées et les colonnes de petites cases avec lesquelles il projetait de trousser la première aventure de l’Artiste de l’évasion : Tom Mayflower en train de revêtir le costume et le masque bleu nuit de feu son maître, la poitrine décorée à la hâte, grâce à l’aiguille experte de Miss Fleur de Prunier, de l’emblème évocateur de la clé d’or. Tom en train de suivre l’espion nazi jusqu’à son repaire. Une pleine page de coups de poing échevelés, suivis, après esquive de projectiles, corps à corps et poutres qui s’effondrent, d’une explosion. Nettoyé, le nid de vipères de la Chaîne de fer. Et puis la dernière planche : la troupe rassemblée sur la tombe de Misterioso, Tom appuyé à la béquille qui lui sert de couverture. Et le visage spectral du vieil homme en train de leur sourire du haut des cieux.

— J’ai trouvé des cigarettes. (Sammy sortit des paquets de cigarettes par poignées d’un sac de papier brun.) J’ai aussi du chewing-gum. (Il tendit plusieurs paquets de Black Jack.) Tu aimes le chewing-gum ?

Joe sourit.

— Je crois qu’il va falloir que je m’y habitue.

— Ouais, tu es en Amérique maintenant. On mâche pas mal de chewing-gum ici.

— Et ça, qu’est-ce que c’est ?

Joe montrait du doigt le journal qu’il voyait coincé sous le bras de Sammy.

Sammy prit l’air sérieux.

— Je veux juste te dire une chose, commença-t-il. Voilà ! Nous allons faire un malheur avec cette bande dessinée. Je veux dire, c’est bien de faire un malheur. Je ne peux pas t’expliquer comment je le sais. C’est juste… c’est une sorte de pressentiment que j’ai eu toute ma vie, mais je ne sais pas, quand tu es arrivé… je le savais… (Il leva les épaules et détourna le regard.) Peu importe ! Tout ce que je sais, c’est que nous allons vendre un million d’exemplaires de ce truc et gagner un argent fou. Et tu vas pouvoir prendre cet argent et payer ce qu’il faut pour faire venir ta mère, ton père, ton frère et ton grand-père jusqu’ici, où ils seront en sécurité. Je… c’est ma promesse. J’en suis sûr, Joe.

Le désir de croire son cousin dilata le cœur de Joe. Il s’essuya les yeux sur la manche rugueuse du veston de tweed que sa mère lui avait acheté à la Boutique anglaise du Gruben.

— D’accord, souffla-t-il.

— Et en ce sens, tu vois, il sera vraiment réel. L’Artiste de l’évasion. Il fera ce qu’on dit qu’il est capable de faire…

— D’accord, répéta Joe. Ja ja, je te crois. (Cela le rendait impatient d’être consolé, comme si les paroles de réconfort donnait plus de crédit à ses peurs.) Nous ferons un malheur.

— C’est ce que je te dis.

— Qu’est-ce que c’est que ces journaux ?

Avec un clin d’œil, Sammy lui tendit un exemplaire de chacun des numéros du vendredi 27 octobre 1939 du New Yorker Staats-Zeitung und Herold et d’un quotidien tchèque, le New Yorske Listy.

— Je me suis dit que tu y trouverais peut-être des informations, répondit-il.

— Merci, dit Joe, ému, regrettant la manière dont il avait rembarré Sammy. Et, bon, merci pour ce que tu viens de me dire.

— De rien, répondit Sammy. Attends d’entendre mon idée pour la couverture.

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- Alors?

- Alors, marmonna Sammy, il y a une quantité terrible de trucs juifs là-dedans...

- Je sais.

- Qu'est-ce qui t'arrive? Tu as eu une rechute?

- Je mange ma côte de porc quotidienne.

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Ne te soucie pas de ce que tu fuis. Réserve tes inquiétudes pour ce vers quoi tu fuis.

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Ils marchaient depuis des heures à la lumière des réverbères, sous des averses intermittentes, insouciants, fumant et parlant jusqu’à en avoir mal à la gorge. À la fin, ils eurent l’impression de ne plus rien avoir à se dire et prirent sans un mot le chemin du retour, portant l’idée à eux deux, longeant la lisière tremblante de la réalité qui séparait New York d’Empire City. Il était tard. Les cousins étaient affamés, fatigués, et avaient grillé leur dernière cigarette. — Quoi ? dit Sammy. À quoi penses-tu ?

— J’aimerais qu’il soit réel, répondit Joe, qui eut soudain honte de lui.

Voilà qu’il était libre d’une manière dont sa famille pouvait seulement rêver. Et que faisait-il de sa liberté ? Il rôdait en discutant et inventait un tas d’inepties sur un être qui ne pouvait libérer rien ni personne d’autre que des signes noirs barbouillés sur un bout de papier bon marché. À quoi cela rimait-il ? À quoi bon marcher, discuter, fumer des cigarettes ?

— Je te parie, s’exclama Sammy, qui posa la main sur l’épaule de Joe. Je te parie que tu vas y arriver !

Ils se trouvaient au coin de la Sixième Avenue et de la 34e Rue, au milieu d’une turbulence de lumières et de gens. Sammy demanda à son cousin d’attendre une minute. Joe resta planté là, les mains dans les poches ; avec une félicité honteuse, il classait désespérément ses pensées dans les rangées et les colonnes de petites cases avec lesquelles il projetait de trousser la première aventure de l’Artiste de l’évasion : Tom Mayflower en train de revêtir le costume et le masque bleu nuit de feu son maître, la poitrine décorée à la hâte, grâce à l’aiguille experte de Miss Fleur de Prunier, de l’emblème évocateur de la clé d’or. Tom en train de suivre l’espion nazi jusqu’à son repaire. Une pleine page de coups de poing échevelés, suivis, après esquive de projectiles, corps à corps et poutres qui s’effondrent, d’une explosion. Nettoyé, le nid de vipères de la Chaîne de fer. Et puis la dernière planche : la troupe rassemblée sur la tombe de Misterioso, Tom appuyé à la béquille qui lui sert de couverture. Et le visage spectral du vieil homme en train de leur sourire du haut des cieux.

— J’ai trouvé des cigarettes. (Sammy sortit des paquets de cigarettes par poignées d’un sac de papier brun.) J’ai aussi du chewing-gum. (Il tendit plusieurs paquets de Black Jack.) Tu aimes le chewing-gum ?

Joe sourit.

— Je crois qu’il va falloir que je m’y habitue.

— Ouais, tu es en Amérique maintenant. On mâche pas mal de chewing-gum ici.

— Et ça, qu’est-ce que c’est ?

Joe montrait du doigt le journal qu’il voyait coincé sous le bras de Sammy.

Sammy prit l’air sérieux.

— Je veux juste te dire une chose, commença-t-il. Voilà ! Nous allons faire un malheur avec cette bande dessinée. Je veux dire, c’est bien de faire un malheur. Je ne peux pas t’expliquer comment je le sais. C’est juste… c’est une sorte de pressentiment que j’ai eu toute ma vie, mais je ne sais pas, quand tu es arrivé… je le savais… (Il leva les épaules et détourna le regard.) Peu importe ! Tout ce que je sais, c’est que nous allons vendre un million d’exemplaires de ce truc et gagner un argent fou. Et tu vas pouvoir prendre cet argent et payer ce qu’il faut pour faire venir ta mère, ton père, ton frère et ton grand-père jusqu’ici, où ils seront en sécurité. Je… c’est ma promesse. J’en suis sûr, Joe.

Le désir de croire son cousin dilata le cœur de Joe. Il s’essuya les yeux sur la manche rugueuse du veston de tweed que sa mère lui avait acheté à la Boutique anglaise du Gruben.

— D’accord, souffla-t-il.

— Et en ce sens, tu vois, il sera vraiment réel. L’Artiste de l’évasion. Il fera ce qu’on dit qu’il est capable de faire…

— D’accord, répéta Joe. Ja ja, je te crois. (Cela le rendait impatient d’être consolé, comme si les paroles de réconfort donnait plus de crédit à ses peurs.) Nous ferons un malheur.

— C’est ce que je te dis.

— Qu’est-ce que c’est que ces journaux ?

Avec un clin d’œil, Sammy lui tendit un exemplaire de chacun des numéros du vendredi 27 octobre 1939 du New Yorker Staats-Zeitung und Herold et d’un quotidien tchèque, le New Yorske Listy.

— Je me suis dit que tu y trouverais peut-être des informations, répondit-il.

— Merci, dit Joe, ému, regrettant la manière dont il avait rembarré Sammy. Et, bon, merci pour ce que tu viens de me dire.

— De rien, répondit Sammy. Attends d’entendre mon idée pour la couverture.

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