Extraits

— Bordel de merde, s'étrangla Chase, sur le côté.

— La ferme, siffla Madison sèchement.

Ils traversèrent l'open-space. Bridget fit semblant de ne pas remarquer que Maddie ralentissait délibérément en passant devant le box de Robert McDowell. Tout le monde savait que le comptable en pinçait pour Bridget. Il était sympa et mignon, mais Bridget éprouvait plus de frissons quand elle pensait à son vibromasseur rouge à pois blancs que lorsqu'elle songeait à Robert.

(....)

— Parce que Robert a le béguin pour Bridget, expliqua Madison en terminant de boutonner son caban. Et que Bridget préfère les stylos.

— Les stylos?

Bridget leva les yeux au ciel.

— Oui, je trouve les stylos bien plus excitants que les gens.

— Je ne peux pas m'empêcher de me demander ce que tu fais exactement avec ces objets..., avoua Chase.

— Si c'est le cas, vous trouverez bien un moyen d'arranger les choses, conclut Mlle Gore d'un ton sans réplique.

Chad contempla sa conseillère en communication-baby-sitter-fille de Satan.

— Bon sang, mademoiselle, je n'envie pas l'homme avec qui vous finirez par vous caser.

— Moi non plus, avoua-t-elle avec un sourire vicieux.

Chad :

" - Ce n'est pas grave ... Tu n'as pas besoin de me répondre, parce que je sais bien que tout ce qu'ils ont pu te faire n'est rien en comparaison de ce que je vais te faire ressentir. Et je te promets que ce sera mieux que juste "bien"."

Chad fit glisser ses mains le long du cou de Bridget, jusqu'à ses épaules. Il baissa le menton, et ses yeux enfiévrés se posèrent sur ceux de la jeune femme.

— Tu es certaine que c'est ce que tu veux, Bridget ? Parce qu'une fois que j'aurai commencé je ne pourrai plus m'arrêter. Je vais te prendre... te prendre tellement fort que tu ne seras même plus capable de respirer sans penser à moi.

En l'écoutant, elle sentit son cœur chavirer et son corps s'épanouir pour lui.

Incapable de parler, elle se contenta de hocher la tête. Il lui serait impossible d'aligner deux mots sans débiter de telles inepties qu'elle se couvrirait de ridicule.

Elle en serait peut-être même réduite à prendre le métro. Ce qui revenait à traverser l'enfer, elle en était certaine.

En rentrant, elle allait se ruer sur cette délicieuse tartelette pour laquelle elle avait craqué le jour même au marché et se plonger dans le livre qu'elle avait honteusement chipé sur le bureau de Maddie en quittant le travail. Bridget ignorait totalement de quoi il parlait, mais la couverture était verte - sa couleur préférée - et le type sur la photo était vraiment canon. Ah oui, et il ne fallait pas oublier de donner des croquettes à Pepsi, le chat de gouttière qu'elle avait trouvé tout petit dans un carton de soda.

Attendez.

On était vendredi soir, elle était en boîte, un homme la regardait d'un air qui signifiait : «J'ai envie de te ramener chez moi et j'en peux déjà plus »... et à quoi pensait-elle ? A une tartelette, à un roman et à son animal de compagnie.

À vingt-sept ans, elle était en train de se transformer en mémère à chats. Merveilleux.

Sous le gros titre se trouvait un bref paragraphe sur Chad Gamble et une mention d'elle-même comme la plantureuse (non mais franchement !) femme-mystère qui échangeait un baiser avec le célibataire le plus couru des stade. Puis venait la photo , qui avait saisi le moment avec une précision étonnante. Ils avaient utilisé un appareil photo surpuissant, ou quoi ?

Elle était trop en colère pour se vexer. La seule chose dont elle avait envie, c'était d'envoyer son pied si fort dans le derrière de cette femme qu'il faille une opération chirurgicale pour l'en décoller.

On était vendredi soir, elle était en boîte, un homme la regardait d'un air qui signifiait :

«J'ai envie de te ramener chez moi et j'en peux déjà plus »... et à quoi pensait-elle ? A une tartelette, à un roman et à son animal de compagnie.

À vingt-sept ans, elle était en train de se transformer en mémère à chats. Merveilleux.

Espérant noyer son chagrin dans l'alcool, elle déclara :

— Je vais au bar. Quelqu'un veut un verre ?

Elle attendit que Shell ou son chevalier servant lui réponde, mais finit par abandonner avec un soupir exaspéré. Munie de sa pochette de soirée mauve, elle contourna la table et s'approcha du comptoir. Il y avait plus de monde à présent. Elle se faufila à côté d'une fille aux cheveux noirs ébouriffés en courts épis et s'appuya sur le zinc.

À sa grande surprise, un barman surgit aussitôt comme par magie.

— Qu'est-ce que je vous sers, mon chou ?

Mon chou ? Comme c'était... euh, chou.

— Un rhum-coca.

— C'est parti!

Je veux réparer mes erreurs pour toi. Pour être digne de toi.