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J'opinai de nouveau, sans trop savoir si je la croyais. Le plus clair de ces dix dernières années, ils n'avaient même pas su où je me trouvais, et tout ce qu'ils avaient à raconter concernait un homme plus jeune, un enfant unique qui avait grandi et vécu chez eux dans un autre État. Ce n'était pas une question de manque d'amour. On s'était aimés, à notre façon. Disons que je ne leur avais pas souvent donné l'occasion de parler de moi, les privant de ces joies qui permettent aux parents de fanfaronner devant amis et voisins. Pas de femme, pas d'enfants, pas de job sérieux. Je vis que Mary avait toujours la main en l'air. J'empochai les clés.

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Je savais que je ne pouvais demeurer planté là éternellement. Ils ne l'auraient pas souhaité. Cela n'aurait aucun sens, ne changerait rien, et il faisait vraiment très froid. Relevant enfin les yeux, je vis que Mary était également restée, postée un ou deux mètres derrière moi. Ses yeux étaient secs, endurcis par la certitude de connaître le même sort d'ici peu, et qu'il n'y avait pas lieu d'en rire ni d'en pleurer. Je pinçai mes lèvres, elle posa la main sur mon avant-bras. Nous restâmes silencieux un certain temps.

Lorsqu'elle m'avait appelée, trois jours plus tôt, je me trouvais sur la terrasse d'un joli petit hôtel sur De la Vina Street à Santa Barbara. Temporairement sans emploi, ou de nouveau sans emploi, je consacrais mes maigres économies à des vacances non méritées. J'étais assis face à un bon merlot du cru, que je m'employais à assécher. Ce n'était pas la première bouteille de la soirée, aussi quand mon portable sonna je fus tenté de laisser tourner la messagerie. Mais, en jetant un coup d'œil sur l'appareil, je vis qui m'appelait. J'enfonçai la touche verte.

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L'enterrement fut des plus satisfaisants, dans la mesure où l'assistance était nombreuse et vêtue de manière appropriée, et où personne ne se leva pour lancer : « Vous comprenez que ça signifie qu'ils sont morts ? » La cérémonie eut lieu dans une église située au bout de la ville. J'ignorais de quelle obédience elle relevait, et plus encore pourquoi cette précision eût figuré dans les instructions laissées à Harold Davids. À ma connaissance, mes parents n'avaient aucune foi religieuse, hormis quelque athéisme de bon aloi et la conviction tacite que si Dieu existait il devait conduire une belle voiture, très certainement de fabrication américaine.

Le cabinet de Davids avait organisé les funérailles avec maestria, de sorte que je n'avais pas grand-chose à faire, à part attendre. Je passai l'essentiel de ces deux jours au Best Western. J'aurais dû me rendre à la maison, je le savais bien, mais c'était au-dessus de mes forces. Je lus la majeure partie d'un mauvais roman et feuilletai une flopée de magazines de style hôtelier, sans rien apprendre, sinon que l'on peut dépenser une somme astronomique pour une montre. Chaque matin je quittais l'hôtel de bonne heure, décidé à remonter la grand-rue, mais je ne dépassais jamais le parking. Je savais ce que recelaient les vitrines de Dyersburg, Montana, or je ne recherchais ni matériel de ski, ni objets d'« art ». Je prenais mes dîners au restaurant de l'hôtel et déjeunais d'un sandwich au comptoir. Chaque repas était assorti de frites, dont la texture suggérait que de nombreux processus industriels étaient intervenus entre la terre et mon assiette. Il était impossible de ne pas avoir de frites. Je soumis la question par deux fois aux serveuses, mais capitulai devant leurs regards paniqués.

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Puis, lorsqu'il fut prêt, l'homme plongea à travers la vitre éclatée derrière les corps des Campbell et disparut dans la nature – le long de l'ancienne voie ferrée, supposa-t-on. Il ne fut jamais appréhendé. Personne n'en fournit une description précise, et avec le temps ce fut comme s'il s'était dégagé de l'événement. Au final on mit tout sur le dos de Billy, ce jeune garçon qui n'avait fait qu'obéir aux ordres d'un homme qu'il prenait pour un nouvel ami.

En entendant les véhicules de police s'arrêter sur le parking, Pete Harris tenta de se redresser, de déployer assez de forcé pour repousser les corps des Campbell. Il échoua, mais parvint à relever la tête, juste assez pour déchiffrer ce qu'on avait inscrit en lettres de sang sur la porte. L'écriture avait coulé, et sa vision était embrumée par une lueur blanche dans son crâne, mais les mots étaient tout à fait lisibles. « Les Hommes de Paille ».

Onze années passèrent.

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Pete Harris survécut lui aussi. En toute justice il aurait dû mourir très tôt, dès la première salve frappant le côté gauche du restaurant, mais le corps de Suzy Campbell s'était écrasé sur lui alors même qu'il tentait de se nicher sous la table. Le poids de la femme l'avait fait riper de son siège, pour le plaquer la tête la première sur le sol. Ils furent rejoints quelques instants plus tard par le mari de Suzy, qui était déjà mort. Aucun des deux Campbell n'eût été identifiable d'après les photos de leurs passeports (précautionneusement rangés dans leurs poches respectives, au cas où l'on eût forcé la voiture pendant qu'ils déjeunaient). En revanche, les vêtements que portait le couple – certains provenant d'Angleterre, d'autres d'un déstockage Gap dans le vieux Back Bay de Boston – étaient quasiment immaculés. Un simple époussetage, et ils auraient pu franchir la porte, remonter dans leur voiture de location et reprendre la route. Peut-être, dans un monde meilleur, cette issue-là eût-elle été permise, et Mark aurait trouvé par un coup de chance les Variations Goldberg lors de la prochaine halte, et ils auraient suivi toute la journée une longue voie rectiligne plantée d'arbres dont les feuilles semblaient éclairées de l'intérieur, avalant les crêtes et les creux de l'autoroute qui les entraînait dans l'après-midi puis dans la soirée, sans jamais remarquer qu'ils roulaient tout seuls.

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Rien ne motivait chez les autres un tel détachement. Ils étaient juste incapables de bouger, du moins tant que ce choix leur appartenait encore.

Dans une salle remplie de cadavres, les meurtriers ressemblent à des dieux. Les hommes continuaient de tirer, leurs fusils girouettant de concert pour mitrailler un coin inattendu de la salle. Ils rechargèrent à plusieurs reprises, mais jamais au même moment. Ils étaient très efficaces. Aucun n'ouvrit la bouche pendant toute la durée de l'opération.

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Après environ une seconde, et deux morts supplémentaires, la foule quitta son état d'hébétude. Le temps repartit tambour battant, et les cris jaillirent. Les gens tentèrent de fuir, de se cacher ou de s'abriter les uns derrière les autres. Certains s'élancèrent vers les portes, mais les fusils virevoltèrent à l'unisson et raflèrent les déserteurs. La ligne de tir balaya les étrangers de passage, et Mark Campbell reçut un coup direct dans la nuque à l'instant où le visage de sa femme se répandait sur la vitre blindée qui arrêta les deux balles. Trent mourut furieusement peu après, à moitié debout, comme il s'élançait de son siège dans le fol espoir de se jeter sur l'ennemi. Peu furent suffisamment maîtres d'eux-mêmes pour envisager une telle action, et ceux qui le firent périrent sur-le-champ. Les deux canons pivotaient en symbiose, mus par un même fil, et nos héros de comprendre que si le tabagisme passif était mauvais pour la santé, l'absorption passive de balles vous emportait bien plus vite.

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L'éclairage de la pièce sembla soudain très vif, et les sons anormalement clairs et secs, comme si l'on venait d'évacuer un gaz cotonneux. Quand vous êtes assis chez McDonald's à midi en semaine, devant un café qui atteint juste la bonne température, et que vous voyez d'un coup le ciel vous tomber sur la tête, le temps bascule dans un lent moment de lucidité. Telle la longue seconde précédant l'impact entre deux voitures, ce sursis ne vous sera d'aucun secours. Ce n'est pas une planche de salut, ni la main tendue de Dieu, et tout effort sera vain sinon celui d'essayer d'accueillir la mort et de se demander ce qui l'a retenue si longtemps.

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Trent fut vite rejoint par une troupe d'adolescents dégingandés et disgracieux, et en tendant l'oreille Suzy comprit que le rouquin tâchait de convaincre ces jeunes de l'aider à déplacer un gros tas de terre qui gênait sa caravane, près de l'ancienne voie ferrée. En revanche, la raison pour laquelle il fallait s'en débarrasser séance tenante lui échappait. Les garçons se montrèrent naturellement sensibles à l'idée d'une rétribution, laquelle prit la forme d'une caisse de bière. Puisqu'il leur fallait patienter encore trois ans pour être en âge d'acheter de l'alcool, le marché fut vite conclu. En attendant que Trent ait terminé de barboter dans ses sandwiches, ils restèrent tapis comme une bande de mouettes véreuses, à échanger les insultes affectueuses et les injonctions ineptes qui fondent le discours des garçons. Il émanait de leurs propos qu'en dépit des marques de surf agrémentant leurs tee-shirts, aucun n'avait jamais surfé, peu avaient déjà quitté l'État, et un seul avait vu la mer.

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Le mercredi 30 octobre 1991, à l'heure du déjeuner, le McDo était bondé. Les tables étaient presque toutes occupées, et quatre files d'attente s'étiraient depuis le comptoir. Deux fillettes de quatre et six ans, en sortie avec leur mère, réclamaient à cor et à cri des Chicken McNuggets. Les autres clients étudiaient les menus affichés avec tout le respect qui leur était dû.

Trois non-résidents étaient présents, une aubaine pour l'industrie touristique de Palmerston. Le premier était un homme en costume entre deux âges, attablé seul dans un coin. Il s'appelait Pete Harris et rentrait à Chicago au terme d'une tournée commerciale fort décevante. De son siège, il considérait, tout en mastiquant, la tour italienne de la maison victorienne, consterné que personne n'ait entrepris de la retaper.

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