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Liste des extraits

Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:07:44+02:00

« Alors, continue la narratrice, c’est comme ça que Grabote a venu s’installer parmi nous. C’est ma demi-frangine, si on voudrait bien considérer les choses, n’empêche qu’j’l’ai bien aimée. L’était gentille tout plein, Antoine, cherchant toujours à m’faire plaisir. Tenez, j’vous prends, quand elle préparait des carottes pour la soupe, la plus belle, é m’la mettait, bien épluchée, sous mon oreiller, pour ma branlette du soir. Ça part d’un bon sentiment, ne me dites pas !

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:07:30+02:00

« Moi, dès qu’j’ai eu raté l’certificat d’études, j’m’ai placée bonne d’bistrot et j’ai z’eu la chance d’tomber su’ m’sieur Finfin, un bougnat estrêment cultivé qui m’a vergée d’entrée d’jeu. Un tempérament d’Cosaque, il avait. A tout bout d’champ, y me d’mandait d’descende à la cave av’c lui pour des rangements. Y avait une trappe dans l’plancher, un escalier de bois très casse-gueule. Y passait galamment l’premier, moi derrière. Quand il était arrivé en bas, y m’attendait, m’stoppait à mi-hauteur et m’ôtait ma p’tite culotte dont afin d’me brouter les herbes potagères. Ce qu’j’m’rappelle, m’sieur Finfin, c’est c’t’ langue d’caléméon qu’il avait : longue et d’une agileté estraordinaire. Y t’vous la promenait d’la porte d’devant à la port’ d’derrière qu’on eusse cru qu’il en avait vingt. Et en vrille, si vous verreriez c’que je veux dire, Antoine ? Vous voiliez ? J’en étais sûre : un homm’ tel qu’vous !

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:07:20+02:00

— Mon cher, attaque-t-elle d’une voix vélocipédique, faite pour durer longtemps, je suis d’extradition modeste. Mon père était rétameur d’son état, et y s’rétamait lu-même deux fois par jour, sauf l’dimanche où qu’y se ramassait trois peintures plus belles qu’au musée. Ma mère, elle, f’sait rempailleuse d’chaises. Elle éclusait moins qu’mon vieux, c’est pourquoive elle a eu une cirrhose plus douce, d’au lieu que mon papa, son foie a pratiquement éclaté un jour qu’il a confondu l’flacon d’alcool à brûler d’avec sa bouteille d’calva-pays-d’Auge.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:07:12+02:00

« Quand seriez-vous-t-il libre deux trois jours, Antoine ? Comment ? Pour aller où est-ce ? A Oléron. C’est bien dans les Alpes-Maritimes, Grabote ? Non ? Dans les Charentes : j’sus pas passée loin. Comment disez-vous, Santantonio ? Demain ? Formidable ! On arrive demain, Grabote, préviens ton homme. L’adresse c’est quoi est-ce ? La Branlée-sur-Mer, près de la plage des nudistes ? J’me réjuive d’connaît’. Et vot’établissement s’appelle comment ? La Barque su’ l’Toit ? Drôle de nom. Comment ? Ah ! y s’nomme ainsi biscotte y a une barque de pêche su’ l’toit ? Ça doive faire curieux. Allez, tchauve, ma puce, à d’main ! »

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:07:02+02:00

« Fais-toi pas d’mouron, ma Grabote, j’les arrangerai, vos bidons. Puisqu’ ce gros sac à merde a sa tête de bois, qu’il aille se chier ! J’vas d’mander à m’sieur San-Antonio d’nous viendre en aide. T’as entendu causer d’lu ? Mouais : c’t’un héros dans son genre. L’plus grand flic de France, et, en tout cas du monde. Y t’va décortiquer vot’ sac de nœuds en deux coups de cuiller à apôtre, n’est-ce pas, Antoine ? Il me fait signe qu’oui av’c ses yeux charmeurs.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:04:35+02:00

— C’est toive, Grabote ? demande-t-elle. Moui ? J’en étais sûre, rien qu’à la gueule de Sandre. Tu l’as z’appelé un poil trop tôt : j’ai été r’tenue dans un hôtel d’la rue d’Provence où mon couturier m’a fait choisir l’tissu d’la robe qu’j’doive mett’ pour la communion d’Apollon-Jules. C’est l’plus grand modéliste d’Mantes-la-Jolie. Y travaille beaucoup à cause d’la promiscuité des usines Renault. J’ai choisi un modèle discret, très striste : un imprimé vert sur lequel y a des dahlias bleus et des potirons rouges ; tu croirerais un’chose esclusive pour la reine d’Angleterre qu’a tant d’goût.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:04:17+02:00

Elle porte une robe rouge sang, à manches gigot noires, agrémentée d’une broche aussi grosse qu’un projecteur, mais beaucoup plus lumineuse. Innovation sans précédent dans la saga béruréenne : la dame a sacrifié sa chevelure de jument poulinière pour suivre cette mode ridicule qu’un glandu de coiffeur a inventée à l’intention de connasses qui n’hésitent pas à pratiquer l’automutilation afin de se rendre (croient-elles) intéressantes. La nuque rasée est surmontée de tifs teints dans une couleur différente ; en l’occurrence, les cheveux rasibus du bas sont bruns alors que sont blonds ceux du haut. L’ensemble donne à la Bérurière l’aspect d’un vieux travelo obèse, probablement germanique, participant au carnaval de Francfort. Elle produit un maquillage en parfaite harmonie avec les extravagances que je viens de mentionner, à savoir que son fond de teint est d’un blafard crayeux de clown blanc, ses cils et sourcils d’un noir qu’avec ma hardiesse coutumière, je qualifierais « de jais », sa bouche d’un carmin si ardent qu’en l’apercevant, un toro de corrida en chierait dans son froc ainsi que le torero.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:04:09+02:00

— Que vous fussassiez dans la merde, toive et ton pourri, j’en aye tristement rien à cirer, la mère ! Pour bien t’faire comprende : j’vous verrerais étendus su’ la route, l’bide ouvert du sesque au menton, j’m’content’rais d’faire un grand pas pour éviter d’salir mes targettes, comprends-tu-t-il bien ? J’pourrais avoir pitié d’un cancrelat, à la rigueur porter s’cours à un’vipère qui s’est faite décapiter les pattes par une faucheuse ; mais lever l’p’tit doigt pour vous arracher d’une citerne emplille d’vitriol, c’t’hors d’question. Alors fais-moi plus chier et dégage : tu souilles un’ligne téléphonique pour erien !

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:03:46+02:00

Lui qui ne sait parler sans tonitruer, voilà qu’il s’exprime doucement, d’un ton feutré. Visiblement, le cher homme est en proie à un terrifiant courroux. Une rogne souterraine, grondante, pour tout dire implacable.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-08-03T20:03:15+02:00

— Oui, dis-je, il est là et je vous le passe.

Je brandis le combiné à l’intention de messire Béru par-dessus le burlingue. Il l’empare en questionnant :

— C’est qui est-ce-t-il ?

— Une dame, évasivé-je ; quelqu’un de bien qui rote en parlant et ne commet que trois fautes de français par phrase.

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