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Il faut que mes mains voient mieux que mes yeux si je veux pouvoir sculpter les rayons du soleil et les fleurs. Je sais aussi que pour bien sentir les choses, il ne faut pas appuyer fort. Gabriel a posé ses grosses mains sur les miennes et je n’ai ressenti qu’un frisson. Je crève d’envie de tailler le bois. J’ai les doigts qui frémissent. Dans mes mains, j’ai deux lapins.
Afficher en entierJe me sentais libre et joyeux, à apprendre des gestes extraordinaires. J’étais riche. Les funambules doivent se sentir riches. Les dompteurs aussi. Moi, je me sentais riche de reconnaître les formes taillées avec les yeux bandés. Même le boucan terrible ne me gênait pas du tout. Je crois que les doigts rencontrent une fine couche de silence quand ils caressent les bois sculptés, et que ce silence les protège.
Afficher en entierRachid, Jamil et Maimouna se parlent en arabe. Des fois, je parle en arabe, et des fois, je réponds en français. Je parle aussi bien les deux langues. Jamil m’a toujours parlé « comme au pays ». Ce pays que je n’ai jamais vu et que je ne verrai certainement jamais. Maman a grandi dans la communauté d’Annemasse et parle mieux l’arabe que le français. Elle parle le « Jane Birkin » franco-arabe. Sa famille l’empêchait de sortir. Je ne sais pas comment elle a pu rencontrer papa et se marier. Jamais ils n’évoquent leur vie d’avant. Ils ne discutent entre eux que des choses du présent.
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