Extrait

Yenop réussit à contrer en partie les projets de son ancienne alliée. Il profita de ce que Lama étudiait un des morceaux pour faire récupérer les quatre autres pointes qu’il confia à autant de serviteurs fidèles. Il leur demanda de les disperser dans le Monde connu. Ainsi, il condamnait sa collègue traîtresse à vivre recluse à l’intérieur des limites de Capitalia. Puisqu’elle ne pouvait lui infliger de sévices sans en ressentir les effets, elle ne pourrait le torturer pour l’amener à révéler ce qu’il avait fait des morceaux.

Furieuse, elle le fit enfermer, mais le libéra quelques années plus tard, après avoir réalisé qu’elle pouvait se gausser de ses handicaps. Yenop avait repris une grande partie des années enfermées dans le Pentacle; il n’était plus qu’un vieillard affaibli qui peinait à marcher, affecté de tremblements tels qu’ils l’empêcheraient de faire les gestes nécessaires aux incantations les plus complexes.

La magicienne se proclama souveraine éternelle du Monde connu et prit le nom de Lama-Thiva, la déesse-reine. Elle mata une à une les rébellions des peuples qui refusèrent cette hégémonie, en formant une armée du Pentacle et du peuple des géants, dont elle s’assura la fidélité en prodiguant aux deux groupes une foule de privilèges. Siècle après siècle, toute velléité de soulèvement fut sévèrement réprimée. La paix régnait, maintenue par la force, la peur et la répression…