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Canal du Mozambique, 1424
Mais soudain un craquement tonitruant se fit entendre. Le navire se cabra et s'immobilisa si brusquement qu'ils furent propulsés au sol. Le silence revint, comme si le bateau lui-même et toutes les personnes à bord s'efforçaient de comprendre ce qui venait de se passer. Mais il fut presque aussitôt rompu par le râle de la membrure, tel le dernier souffle d'un géant, puis par les cris des hommes et le claquement du bois qui se fendit en éclats au-dessus de leurs têtes après qu'un des mâts eut basculé et se fut écrasé sur le pont.
Afficher en entierUn récif corallien, sur la côte ouest de Madagascar
À soixante-trois mètres de la surface, même la lumière du jour la plus vive devenait faible, et l'éclat flamboyant du récif et de ses poissons se résumait à des nuances de gris bureaucratiques. La couleur aurait été un véritable gaspillage à cette profondeur. Or, la nature avait horreur du gaspillage comme du vide. Par conséquent, la seule clarté provenait du sable blanc qui recouvrait la majeure partie du lit marin. Mais même cette clarté était éclipsée par les nombreux débris d'algues mortes et de coraux, les galets éparpillés, les coquillages, les rochers noirs et tourmentés, et filtrée par les nuages de sédiments que Daniel Knox et ses collègues avaient soulevés après deux heures de fouille sous-marine.
Miles tapa sur le bras de Knox. C'était son patron et son partenaire de plongée. Il s'était arrêté de filmer et pointait le doigt en haut à gauche. Knox mit un moment à voir ce qu'il avait repéré : un poisson de grande taille. Celui-ci devait se trouver à une vingtaine de mètres, mais il était difficile d'évaluer les distances sous l'eau. À en juger par sa silhouette et sa façon de se déplacer à la fois fluide et menaçante, il s'agissait sans doute d'un requin, mais lequel ? Pas facile à dire de si loin. Requins bouledogues, requins tigres, requins à ailerons blancs ou noirs et même grands requins blancs n'étaient pas rares au large de la côte occidentale de Madagascar, en particulier autour de ces récifs, où la nourriture était abondante et l'eau, hyperoxygénée par son mouvement constant contre les coraux. Cependant, aucun d'eux n'était aussi dangereux qu'on le disait, à condition qu'on garde son sang-froid. Les plongeurs se contentaient de se prévenir mutuellement dès qu'ils en voyaient un, pour éviter qu'ils ne paniquent et ne soient tentés de remonter trop vite ou de commettre toute autre erreur de ce genre
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