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Commentaire de AureRaineke

Les Ombres de Yamagata


Commentaire ajouté par AureRaineke 2023-06-29T19:46:40+02:00

J’ai lu Les ombres de Yamagata de Jocelyn Bouchet dans le cadre de la masse critique de Babelio. Depuis l’annonce de sa sortie, j’étais intéressée par ce roman jeunesse mêlant enquête et surnaturel au Japon. Le tout, dans un XIXe siècle que j’affectionne. Je remercie les éditions Gulf Stream de m’avoir sélectionnée en échange d’une chronique.

1248, le rituel bouddhique de Maître Yasura tourne mal dans les montagnes de Yamagata.

Pendant la modernisation du Japon en 1873, le lieutenant Tussaud disparaît. L’état des cadavres de son équipe préoccupe le colonel Plantain qui se voit obliger de demander de l’aide à un enquêteur spécialisé dans les sciences occultes. Ainsi, Septime Klein débarque au Japon et remonte la piste paranormale aux côtés de Naomi Matsudaira, sa traductrice et protectrice. Le détective et l’espionne impériale vont affronter maints dangers sur la route de la vérité.

Je préfère annoncer la couleur immédiatement : ma lecture fut inégale et mitigée pour diverses raisons. Je m’attendais à une plongée dans les contrées nippones ancestrales. Ce Japon bousculé subissant encore le choc culturel suite à l’ouverture forcée par les Occidentaux de ses frontières après deux siècles d’isolement. Un pays tiraillé entre modernisation et tradition. Un mystère prenant qui se nourrirait du terreau local avec des personnages attachants. Le verdict est tombé rapidement : le roman s’apparente plus aux films d’aventures hollywoodiens tels Indiana Jones ou La Momie (je sais, j’ai de vieilles références).

Pourtant, le prologue à la narration digne des conteurs envoûtants avait stimulé mon appétit bien que tous éléments relatés apparaissaient dans le résumé. Au final, cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille, car l’intrigue est sans surprise et linéaire. Aucune révélation époustouflante ne vient ébranler les personnages. Le récit repose sur l’action. Des embuscades et de scènes de combats où le chant du pistolet et le sifflement du katana résonnent, où Nao sauve les miches de Septime, on en a une flopée. L’inversion des rôles des acolytes est sans doute l’un des éléments que j’ai le plus appréciés. L’auteur évite le beau gosse macho ou rigolo qui arrive à se sortir de toutes les situations en étant à peine décoiffé. Si l’espionne tombe aux mains de l’ennemi, elle sait se débrouiller. Toutefois, je n’ai pas réussi à m’attacher à ce duo en raison de leur construction.

Septime Klein manque de profondeur alors qu’il est le personnage principal ! Durant la lecture du premier chapitre, je ne le voyais pas. Il était neutre, incolore, sans couleur. Ses interventions se résumaient à quelques lignes pour couper le monologue historique du colonel (j’y reviendrais plus bas). Par la suite, son personnage se développe un peu plus, mais il m’a paru bien trop lisse. Solitaire, il est d’une bienveillance sans limites qui me fait presque regretter le macho (presque hein !). L’évolution soudaine de son caractère ne m’a pas convaincue. Lorsqu’un événement précis se produit, il jure toutes les trois secondes et devient grognon. Vers les derniers chapitres, il endosse le costume du rigolo pour quelques moments légers. J’ai vraiment eu l’impression de voir deux personnages différents. L’un transparent au début et l’autre cliché. Cette incohérence n’est pas la seule qui caractérise le détective. Au premier chapitre (oui encore lui), il se rend dans la chambre du disparu pour dénicher des indices. Il décrète qu’il ne trouvera rien sans ouvrir un seul tiroir, soulever l’oreiller ou toquer sur les parois et le sol à la recherche d’une cachette secrète. Il ne fait que balayer la pièce du regard, lire à voix haute la lettre que Tussaud avait écrite à sa sœur et questionner le militaire sur les deux photos bien visibles sur le bureau.

Avec un tel protagoniste, l’aventure commençait mal. Encore heureux, Nao a rattrapé un peu l’affaire. Un peu, car elle possède aussi des caractéristiques qui m’ont interpellée pour un roman à la sauce historique. Passionnée par la France, la jeune femme s’habille à la mode occidentale. Cynique, elle incarne peu les coutumes et mœurs nippones. Elle n’est pas superstitieuse et passe outre les règles de politesse qui sont pourtant d’une importance capitale au pays du Soleil Levant. Un comportement étonnant quand on connaît son statut d’espionne impériale et de femmes issues de bonne famille (même guerrière). Un milieu dans lequel la discipline est de fer. Mais soit, elle offre de belles scènes de combats et des réparties qui pimentent le récit.

Le développement de l’alchimie entre les deux compagnons de route a été bâclé. Une étincelle d’animosité éclaire la relation au début. Septime n’aime pas travailler avec quelqu’un (c’est un agneau solitaire) et la fine lame tente de le provoquer dans le train en le traitant d’envahisseur. Une amitié naît rapidement, trop rapidement entre les deux. La flamme de l’hostilité n’a même pas eu le temps de prendre. L’amitié leur tombe dessus sans événements qui induiraient une remise en question et encore moins une évolution de la querelle avant cette étape d’opinion changeante.

Cette amitié, on la retrouve dans quasiment toutes les relations des « gentils », ce qui accentue le manque de profondeur des personnages. Un sentiment renforcé par l’incohérence des conventions sociales : on a des embrassades à la volée et des attitudes surprenantes pour l’époque et entre des gens issus de deux nations diamétralement opposées. J’ai dû me convaincre que cette liberté pouvait être prise, car ça reste un roman qui n’est pas revendiqué comme historique.

Pourtant, l’écrivain nous présente le contexte du XIXe siècle sur un plateau en béton durant…suspense…le premier chapitre. On a droit à une synthèse de plusieurs pages sur ce qu’il s’est produit entre le Shogun et l’Empereur avec l’aide des Européens et des Américains. Le colonel nous le fait à la manière du professeur avec son gentil élève qui intervient à peine. C’est peu naturel. Toutefois, je me suis dit qu’il faisait un rapport et vu la personnalité effacée de notre protagoniste ça marche, même si c’est lourd pour quelqu’un qui connaît déjà tout ça.

On voit que l’auteur maîtrise l’aspect historique et il l’intègre à son intrigue, mais ça s’arrête là. En fait, le récit aurait pu se dérouler n’importe où et c’est ce que je regrette le plus. Le folklore est balayé d’un coup de main et le paysage n’a pas assez de consistances pour m’avoir donné l’impression de voyager en terre nipponne. Le seul élément que j’ai trouvé intéressant est l’utilisation du sokushinbutsu qui met en avant une pratique dérangeante pour le commun des mortels. Toutefois, on fait l’impasse sur les méthodes orientales pour exorciser le mal sous couvert que tous les êtres surnaturels ont quelque chose en commun et je trouve ça dommage, car quand je lis une histoire se déroulant au Japon, j’aime respirer ce pays à plein nez.

Les sens, parlons-en ! Les ombres de Yamagata est un roman visuel. L’action y prend une place importante et la narration en pâtit. À un moment donné, l’absence d’odeur s’est présentée à mon esprit et je me suis mise à la chercher en vain. Ce sens n’est jamais utilisé. Le toucher à peine et le goût surtout pour la nourriture. L’ambiance du prologue n’est jamais revenue et je pense sincèrement que c’est l’un des points qui a joué dans mon détachement. Notre démon n’était qu’une peinture murmurante dont les effluves ne m’ont pas atteinte. Je n’ai pas ressenti de peur face à Yasura et encore moins devant le deuxième antagoniste.

Le style de Jocelyn Bouchet sculpte les phrases à la manière du XIXe siècle. Les tournures rappellent les auteurs classiques sans verser dans le lyrisme. L’emphase reste présente, un peu trop, pour relater les faits passés. Ainsi, tous les personnages finissent par parler de la même façon quand ils racontent ce qu’il s’est produit. Un lexique et des notes de bas de page définissent les termes japonais et les anciens noms de pays. Enfin, si la plume est fluide, elle pêche par la répétition des mots ou des comportements notamment pour couper les dialogues.

En bref, Les ombres de Yamagata fut une déception. L’action supplante l’enquête à l’image des films d’aventures. C’est un récit qui oublie l’immersion dans un Japon historique et met de côté la vraisemblance des personnages au profit des scènes de combats et de la résolution rapide de l’intrigue.

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