Extrait

J’ai toujours fait de mon mieux.

Depuis mon départ de Menzoberranzan, chaque étape de mon périple fut placée sous le signe de ma notion du bien et du mal, du souci d’agir pour le bien commun, de l’altruisme. Même lorsque j’ai failli, comme tout un chacun, ce fut en raison d’erreurs de jugement ou de simple faiblesse, jamais en me détournant de ce que me dictait ma conscience. Car c’est cette même conscience, je le sais, qui régit les principes selon lesquels nous nous rapprochons du dieu que nous avons choisi, de ce qui nous définit, de nos espoirs, et de notre compréhension du paradis.

Je n’ai jamais fait taire ma conscience, mais je crains qu’elle m’ait trahi.

J’ai toujours fait de mon mieux.

Pourtant, Ellifain est morte, tournant en dérision le fait que je l’aie sauvée autrefois.

J’ai toujours fait de mon mieux.

Mais j’ai assisté à la chute de Bruenor, et tous ceux que j’ai aimés, tout ce qui m’est cher, ont suivi son chemin.

Existe-t-il une entité divine, quelque part, qui se rit de ma bêtise ? Existe-t-il une entité divine tout court, d’ailleurs ?

Ou tout cela n’est-il qu’un mensonge, ou pis encore, un mirage auto-entretenu ?

J’ai souvent placé la communauté au cœur de tout, et considéré le cheminement personnel à la lumière du cheminement collectif. Ce fut le principe fondateur de mon existence, c’est ce qui m’a conduit à quitter Menzoberranzan. Aujourd’hui, en proie à la douleur, j’en suis venu à comprendre, ou peut-être tout simplement à admettre malgré moi, que j’ai sans doute été poussé par des motivations plus personnelles. Cruelle ironie : en dépit de mes déclarations altruistes, je n’ai fait qu’aspirer à appartenir à quelque chose qui me dépasse