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Jefferson craint le pire. Tout porte à croire que Bonaparte est en train de réaliser l’un de ses projets fous de conquête : étendre son empire encore balbutiant, non seulement à l’Europe, mais aussi à l’Amérique ! L’urgence pour le président américain, c’est d’en apprendre davantage sur ce traité secret. Peut-être est-il encore temps de convaincre les Espagnols d’y renoncer ? Mais, depuis le changement de gouvernement, les représentations américaines à l’étranger sont démunies, il n’y a personne en France ni en Espagne ; Robert Livingston, nommé à Paris, n’y sera pas avant décembre ; Charles Pinckney, le nouveau représentant à Madrid, n’arrivera pas avant l’automne. Le président les presse et leur donne pour mission de tout faire pour rattraper le coup : l’accord franco-espagnol, dit-il, peut être revu, ou annulé ; il faut préserver à tout prix la libre circulation sur le Mississippi et le droit de dépôt à La Nouvelle-Orléans. Qu’ils demandent des explications, qu’ils tentent de négocier…
Afficher en entierMaudits Français ! Thomas Jefferson vient tout juste d’arriver à la présidence, il apprécie la diplomatie et le commerce, et déteste la guerre. Après avoir été vice-président de John Adams, une forme de cohabitation qu’il a très mal vécue (les deux hommes, de partis opposés, n’étaient d’accord sur rien9), il a été élu en novembre précédent, après une lutte épique contre le même Adams qui briguait un second mandat. Et voilà que, dès sa prise de fonction, Jefferson va devoir faire face à une crise internationale grave, peut-être s’engager dans un conflit armé. Lui qui aimait tant la France, lui qui s’est tant battu pour la défendre, qui a participé, à Paris, à la révolution de 1789 et même donné un coup de main à la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, il se sent trahi. Comment les Français ont-ils pu renoncer ainsi aux grands idéaux démocratiques, si chèrement conquis, et se soumettre à un despote assoiffé de conquêtes sanglantes, à ce dictateur sans principes nommé Bonaparte qui maintenant, le message ne lui laisse aucun doute, est en train de comploter contre les États-Unis ? Quelle déception ! La France, Jefferson l’a longtemps admirée et considérée comme une alliée précieuse contre l’Angleterre. Désormais, il va devoir la regarder comme une ennemie.
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