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— L’examen de passage est terminé ? demanda-t-il, moqueur. Je sais que je suis agréable à contempler, mais tout de même, tu vas finir par me faire rougir, là !

Il avait suffi qu’il ouvre la bouche pour que le charme soit rompu ! Rien n’était pire qu’un homme prétentieux pour horripiler Kayla au plus haut point !

— Mouais, t’es beau gosse, faut bien le reconnaître. Néanmoins, pour un type qui vit parmi les dieux grecs, je m’attendais à mieux !

Et v’lan, dans les dents ! pensa-t-elle en souriant, alors que Samuel avait perdu le sien !

_Je commence à comprendre pourquoi on t’a confiée à moi ! Après avoir côtoyé les chiens de l’Enfer, ils ont dû songer que tu allais être une mission à ma hauteur ! Tu baves et tu aboies autant qu’eux, semble-t-il ! Reste à savoir si tu mords ! répliqua-t-il avec un sourire en coin, fier de lui.

Kayla lui fit un doigt d’honneur, joliment agrémenté de sa bague-montre, et tourna les talons, folle de rage. Le sourire de Samuel s’élargit encore plus et c’est tout joyeux qu’il la suivit.

— On ne va pas s’ennuyer tous les deux, je le sens, murmura-t-il pour lui-même.

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Sam ne se fit pas prier pour répondre à son baiser. Il passa une main dans les cheveux de Kayla et appuya l’autre sur les reins de la jeune femme pour la maintenir au plus près de lui. Leurs langues se caressèrent mutuellement et, bien trop vite à son goût, Kayla dut reprendre son souffle, délaissant ce pauvre Sam qui avait bien plus d’endurance qu’elle.

— Je ne pensais pas t’avoir autant manqué, la charria-til en lui touchant la joue du bout des doigts.

— C’est l’hôpital qui se fout de la charité, là ! C’est bien ta langue qui était dans ma bouche, non ?

— Je ne faisais que répondre à ton initiative, moi. Tu te souviens quand j’affirmais que tu allais finir par succomber à mon charme ? Je crois que c’est fait, dit-il avec un haussement de sourcil amusé.

— Sam… ferme-la ! Ça vaudrait mieux, plutôt que de dire des âneries, râla Kayla en le repoussant pour s’enfuir.

Elle se dégagea et s’empressa de quitter les lieux d’un bon pas, mais Sam la retint par le poignet et la plaqua de nouveau contre le mur, tout contre son corps.

— Tu es aussi têtue que moi, susurra-t-il dans son cou.

— C’est pour ça qu’on s’entend si bien, rétorqua Kayla, le souffle court.

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Ce dernier mot déclencha la fureur de Sam. D’un mouvement sec des poignets, il ouvrit les mains et des sabres apparurent dans chacune d’elles. Les lames se bardèrent aussitôt d’électricité. De sa cachette, Kayla perçut la surprise d’Hadès, mais cela ne dura qu’une seconde. Il ne devait sûrement pas s’attendre à ce que Sam soit si puissant, et surtout ose s’en prendre à lui. Son corps se couvrit de feu, enlaçant son torse, ses bras et ses jambes comme une seconde peau. Un rude combat commença alors.

Sam ne cherchait pas à feinter Hadès. Il attaquait directement, ne parant les coups que grâce aux sabres qui semblaient absorber l’intensité des flammes. Il s’exposait trop et ne se protégeait pas, laissant sa rage le guider dans la bataille. Kayla ne comprenait pas ce qu’il faisait. Elle l’avait déjà vu se battre avant, elle l’avait trouvé redoutable. Or, là, il faisait des erreurs tactiques qu’elle-même pouvait constater. Il allait finir par se faire tuer, trop aveuglé par sa fureur.

Sam, qui ne pouvait atteindre Hadès avec les sabres, décida de changer d’arme. Les lames disparurent, aussitôt remplacées par des éclairs plus gros que jamais. Il s’en servait comme des poignards, les tenant par le bout, et n’hésitait pas à les lancer, visant le cœur ou la tête. Très peu atteignirent leur cible. Hadès les contrait par une boule de feu qui les anéantissait. Sam redoubla d’efforts et de rapidité, et parvint à le toucher.

Le dieu rugit et passa à l’attaque. Kayla réalisa avec effroi que jusqu’à maintenant, il ne s’était que défendu.

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— Alors c’est toi, la petite humaine qui met mon royaume sens dessus dessous, déclara-t-il en s’avançant vers elle.

Sam la poussa immédiatement sur le côté, la forçant à s’éloigner le plus possible du dieu.

— Tu deviens agaçant, là, annonça Hadès alors qu’une flamme s’allumait, littéralement, dans ses yeux. Sam ne se laissa pas impressionner pour autant.

— Que me voulez-vous ? osa demander Kayla.

[…]

— Je désirais te connaître, répondit le dieu. Ce n’est pas tous les jours qu’un humain ose me défier consciemment. Je souhaitais rencontrer personnellement celle qui espérait pouvoir me voler sans en être inquiétée.

— Je n’ignore pas vos règles, lança Kayla d’une voix forte. Sam m’a mise au courant, tout comme Doryan. Je suis prête à payer.

— En es-tu certaine ? demanda Hadès avec un sourire énigmatique.

— Absolument !

— Une vie pour une vie, tel est le prix pour que l’équilibre universel soit maintenu. Tu m’as dérobé une âme, une de trop réside sur cette Terre et cela a des conséquences que tu ne peux mesurer à ton échelle.

— Alors, prenez-moi !

— Non, cela serait bien trop facile, ricana Hadès. Qui serait présent pour assister au malheur que ton égoïsme a occasionné ? Je veux que tu constates par toi-même ce qu’il se passe quand on joue hors des sentiers battus ! Je m’emparerai d’une vie, oui, mais pas la tienne ! Tu as une famille qui m’intéresse beaucoup, depuis quelques jours.

— Je vous interdis ! hoqueta Kayla, tremblante de peur.

— Je vois que tu commences à prendre conscience de tes actes. Il était temps, jeune humaine, lui fit remarquer Hadès.

— Non, je vous en supplie, tuez-moi à leur place, implora-t-elle. Laissez-les en paix, ils n’ont rien fait.

— Il fallait y penser avant. Je prendrai un des tiens, et tu contempleras ! Cela te servira de leçon ! asséna le dieu.

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Il eut à ce moment-là un haussement de sourcil qui fut de trop pour Kayla. Sa main partit toute seule, avant même qu’elle n’y ait pensé. Elle le gifla avec tellement de force que la marque de ses doigts resterait imprimée sur la joue de cet abruti pendant un bon moment.

Elle regretta son geste sitôt qu’elle l’eut fait. Elle n’était pas quelqu’un de violent en général, mais lui… il la faisait sortir de ses gonds dès qu’il ouvrait la bouche !

Elle le regarda un instant, jugeant sa réaction. Elle crut voir passer un voile de tristesse sur ses prunelles noires avant qu’il ne se ressaisisse et affiche un visage fermé et impassible. Bien ! Déjà que l’air était à couper au couteau entre eux, ça allait être pire désormais.

[…]

— Sam, je… débuta-t-elle, mal à l’aise. Je voudrais m’excuser pour la gifle. J’ai conscience que je n’aurais pas dû, mais c’est toi, tu m’énerves…

— En voilà des excuses originales, remarqua-t-il en haussant un sourcil.

— Tu vois, tu recommences ! pesta-t-elle, en sentant la colère prête à ressurgir.

— Je n’ai rien dit !

— Dès que tu ouvres la bouche, tu m’énerves. Je crois que c’est physique, en fait.

— Ah ah ! Je savais bien que je te faisais de l’effet.

— Je vais l’étrangler ! Non, mais je vous jure, je vais le tuer, siffla-t-elle en fixant le plafond, comme pour s’adresser à ceux qui, là-haut, devaient bien rire en les observant tous les deux.

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Les prunelles bleues de Kayla croisèrent celles noires de Samuel. Bien qu’habituellement forte, elle ne put s’empêcher, cette fois-ci, de baisser les yeux. Quelque chose chez lui l’intimidait, ce qui le fit sourire encore plus.

— L’examen de passage est terminé ? demanda-t-il, moqueur. Tu vas finir par me faire rougir à force de me fixer de la sorte.

Il avait suffi qu’il ouvre la bouche pour que le charme soit rompu. Rien n’était pire qu’un homme prétentieux pour horripiler Kayla au plus haut point.

— Mouais, t’es beau gosse, faut bien le reconnaître. Néanmoins, pour un type qui vit parmi les dieux grecs, je m’attendais à mieux.

Et v’lan, dans les dents ! pensa-t-elle en souriant, alors que Samuel avait perdu le sien !

— Je commence à comprendre pourquoi on t’a confiée à moi. Après avoir côtoyé les chiens de l’Enfer, ils ont dû songer que tu allais être une mission à ma hauteur. Tu baves et tu aboies autant qu’eux, semble-t-il. Reste à savoir si tu mords, répliqua-t-il avec un rictus en coin, fier de lui.

Kayla lui fit un doigt d’honneur, joliment agrémenté de sa bague-montre, et tourna les talons, folle de rage. Le sourire de Samuel s’élargit encore plus et ce fut tout joyeux, qu’il la suivit.

— On ne va pas s’ennuyer, tous les deux, je le sens, murmura-t-il pour lui-même.

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Kayla était terrifiée. Ses pleurs se faisaient de plus en plus violents tandis que son cerveau réfléchissait à toute vitesse pour trouver une solution et la tirer de là.

Elle examina de nouveau les alentours, mais pas pour voir s’il disait vrai, juste pour détecter une issue de secours ou pour repérer une personne susceptible de l’aider. Elle scruta chaque sortie qui s’offrait à elle, chaque édifice, et ce qu’elle aperçut la laissa abasourdie.

— Comment… comment est-ce possible ? murmura-t-elle en fixant deux bâtiments, au loin, qui n’auraient jamais dû se trouver ici.

— Je te l’ai dit, nous avons changé d’époque. Eh oui, c’est bien ce que tu penses. Nous sommes à New York… en 2001. Septembre 2001, ajouta-t-il sombrement.

Kayla avança alors jusqu’à un banc public où un journal avait été abandonné. Une édition du New York Times du matin même, si elle en croyait la date. Sauf que cela n’avait pas de sens. Il était daté du 11 septembre 2001 !

— C’est impossible, vous savez ce qui va avoir lieu aujourd’hui ? Il faut les prévenir, qu’ils évacuent la ville ! Merde, je ne sais pas, faites quelque chose !

Kayla commençait à s’agiter en tous sens lorsque Chronos la stoppa et la maintint fermement.

— On ne va rien faire, parce qu’on ne peut pas, dit-il, visiblement désolé. J’ai connaissance de ce qui est sur le point d’arriver. Cela changera le monde dans lequel tu vis, mais nous ne sommes pas là pour intervenir. Nous sommes ici pour te prouver que je ne suis pas un vieux fou.

Kayla secoua la tête en signe de négation. Elle ne voulait pas voir ce qui allait suivre. Jamais ! Elle ne pouvait pas assister à cela et s’en sortir indemne. Elle ferma les yeux et tenta de se couper du monde. Elle n’eut pas à le faire longtemps.

Quelques secondes plus tard, le premier avion vint s’écraser sur une des tours jumelles. Un hurlement perçant traversa ses lèvres, alors que les larmes inondaient son visage. Elle entendit les cris de terreur et de panique qui commençaient à retentir de toute part.

Et dire que ce n’était que le début ! Elle savait ce qui allait suivre.

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Kayla se tut et réfléchit. Elle ne voyait pas de quoi parlait cet homme et commençait de plus en plus à douter de sa santé mentale, et de la sienne par la même occasion. Que faisait-elle là, avec un petit vieux, dont elle ignorait même le prénom ?

— Qui êtes-vous ?

— La voilà, ta question. J’ai bien des noms en fonction des cultures ou des époques, mais j’ai choisi celui de Chronos et je sais que tu connais mes fonctions pour avoir étudié la mythologie grecque au lycée.

Kayla le fixa, les yeux écarquillés, incrédule. Là, c’était sûr, il avait perdu la boule ! Voilà maintenant qu’il affirmait être Chronos…

— … Dieu du Temps et de la Destinée, souffla-t-elle dans un murmure en fouillant dans sa mémoire.

— Ravi de te rencontrer, dit-il en lui serrant la main avec un grand sourire.

— Vous êtes malade, vous le savez, ça ! s’exclama-t-elle d’un seul coup en récupérant ses doigts et en reculant. Comment ai-je pu vous accorder ne serait-ce qu’une once de crédit ? Quel était votre but au juste ? Me faire croire à des choses et m’annoncer peu après qu’il fallait que j’allonge une somme astronomique pour poursuivre ? Eh bien, vous vous êtes trompé de pigeon ! Je suis fauchée comme les blés !

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