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Et que faisait une ado de seize ans un peu gauche, abonnée aux pulls larges, aux jeans informes et aux cheveux sobrement attachés en queue de cheval basse, quand elle s’était mise en tête de séduire le garçon de ses rêves ?

Elle découvrait soudain l’usage des minijupes et des coiffures audacieuses, avec des accroche-cœurs façonnés au gel et plein de barrettes colorées.

Et puis elle inaugurait son premier « tourbillon » (l’ancêtre du brushing), assise des heures à la maison sous un casque chauffant, avec des centaines de pinces sur la tête pour raidir ses mèches plaquées vers la droite, puis vers la gauche, après avoir été préalablement détendues par des bigoudis.

Et puis aussi, elle attaquait les essais maquillage en farfouillant dans celui de sa mère, alternant les couleurs de fards jusqu’à obtenir un résultat lui permettant de se montrer en public sans (trop) avoir l’air de Boy George.

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C’était une de ces rares fois où je m’étais rendue à la piscine du quartier. Entraînée de force par ma copine Natalie, une athlète capable de nager une matinée entière sans s’arrêter. Ce qui lui avait sculpté la plus belle plaquette d’abdominaux que j’aie jamais vue de ma vie chez un être humain non corrigé par retouche photo.

Mon petit bidon dodu et moi-même nous étions donc retrouvés à enchaîner gaiement des séries de brasse papillon, au milieu de gamins déchaînés qui sautaient dans l’eau en éclaboussant tout le monde, tels des missiles meurtriers largués au hasard sur de pauvres civils qui voulaient juste se détendre.

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Le Hulk destructeur de ces dernières semaines était redevenu un gentil petit Bruce Banner, tendre, plein de compassion, à la solide épaule tout offerte pour consoler mon petit visage reniflant. Plus la moindre trace de vannes à l’horizon, chacun des mots qui sortait de ses lèvres n’était que douceur, chuchotement et caresse.

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Après quelques semaines où on l’avait vu un peu abattu, il avait vaillamment repris le contrôle de ses émotions. Se consolant dans les bras de la petite chaudasse qui avait tout fait pour l’attirer dans ses filets. Celle dont il n’avait pas voulu au début. Cette morue.

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" Autre sujet de satisfaction : je pouvais désormais utiliser autant de papier toilette que je le désirais. Car Jean Louis pour une raison que je ne m'expliquais pas, faisait une fixette sur le papier hygiénique. Prétextant que j'en consommais des kilomètres, là ou une ou deux petites feuilles auraient dû suffire à l'usage que je lui destinais. Certes je devais admettre que je ne lésinais pas sur la quantité - le mouvement d'enroulement du papier sur ma main ayant tendance à m'hypnotiser - mais après tout, il n'avait qu'à s'occuper de ses fesses (je veux dire les siennes à lui)."

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Désormais, à la maison, l'ambiance, c'était plutôt "Koh Lanta".

Fini le Jean-Louis qui m'assaillait de réflexions acerbes concernant mes spécialités au carbon, ou mon absence de rigueur quand à la disposition des couverts, toujours placés dans le mauvais sens.

Aujourd'hui seul maître à bord, j'étais libre de retourner à l'état sauvage si je voulais. Nous nourrissant, mes filles et moi, d'aliments vite rpéparés, les savourant sans stress, les pieds sur le canapé, et la "Nounou d'enfer" en fond sonore.

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En emmergeant du métro, palpitante et déboussolée, je me dirigeai comme un automate vers la librairie la plus proche. Hors de question de rentrer pleurer devant mes filles, il fallait que je me calme d'abord.

Ma tension retomba sensiblement, à mesure que je m'enfonçais dans les rayonnages de ce temple dédié à la lecture. Peu à peu, mes nerfs à vifs s'apaisaient, tandis que je caressais des couvertures de livres, ou feuilletais des ouvrages choisis au hasard. J'atteignis le maximum de ma zenitude au fond du magasin, dans le rayon livres pour enfants, où je passai une bonne demi-heure, assise par terre, à contempler des illustrations le regard fixe,essayant de nettoyer ma mémoire de ce que l'on venait de me dire.

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Le salon résonna pendant trente bonnes secondes où les lèvres en entonnoir de l'une touchaient à peine la joue de l'autre pour ne pas y apposer de rouge à lèvres, il fallait bien que le volume sonore justifie le mouvement des têtes qui se croisent.

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- Heu ça te dirait qu'on se revoit [ ... ] ?

Linda lui répondit en souriant tendrement

- Bien-sûr. Rendez-vous tous les soirs dans tes rêves.

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C'était une chose de remplir pensivement un caddie en arpentant les rayons d'un grand supermarché, pour ensuite aller charger le coffre de sa spacieuse voiture, avant de se faire déposer chez soi. Puis, en arrivant de se remplir les bras d'essuie-tout, pendant que notre tendre moitié se coltinera les produits lourds, mille sacs en plastiques suspendus à chacune de ses mains ("pas besoins de faire un aller-retour", décide-t-il virilement) qu'il montera sans broncher (mais tout rouge) jusqu'à l'appartement.

C'en était une autre que de devoir quotidiennement s'arracher les bras en portant six grs sacs en plastique qui se déchirent en chemin, y compris la bouteille d'huile d'olive qui explosera sur le palier, en sortant de l'ascenseur, devant notre mine stupéfaite.

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