Extraits

- je vous ai apporté à manger, si vous avez faim.

leigh scruta la boullie fumante dans l'assiete et demanda avec hésitation:

- qu'est ce que c'est?

- morceaux choisis enrobés en sauce.

- morceaux choisis enrobés en sauce? répéta t elle mot à mot. c'est vous qui l'avez cuisiné?

- j'ai ouvert la conserve et je l'ai réchauffée dans le micro ondess pendant une minute. un dénommé fido l'a préparé.

- fido?

il haussa les épaules.

- c'est ce qui était écrit sur la boite.

Lucian se raidit quand Morgan en sortit à la hâte, une jeune femme brune dans les bras. Vêtue d’une jupe courte noire et d’un chemisier blanc maculé de sang, elle balaya du regard la maison puis la cour, comme à

l’affût d’une échappatoire. Mais à en juger par la façon dont elle gisait inanimée, Lucian comprit que le renégat avait pris le contrôle de son corps.

Aucune issue ne s’offrait à elle.

— C’est Leigh, chuchota Mortimer, l’air contrarié.

— Elle tient le bar Chez Coco, le restaurant où on a mangé toute la semaine, expliqua Bricker, et Lucian grogna.

Justin Bricker était jeune, c’est pourquoi il s’alimentait encore. Garrett

Mortimer lui tenait compagnie, et il lui arrivait parfois de picorer.

Lucian ne s’embarrassait pas avec la nourriture, mais ses coéquipiers n’avaient pas cessé de lui rebattre les oreilles du «joli p’tit lot » qui leur avait servi leur repas tardif au comptoir. Tous deux paraissaient envoûtés par son charme et son humour, et il supposa que cette Leigh était « le p’tit lot » en question. Aucun des deux ne semblait ravi de la voir transportée à

l’intérieur, sur le point, à l’évidence, de devenir la dernière victime en date de Morgan.

— Nous devons l’aider, déclara Bricker.

Mortimer hocha la tête.

— Ouais.

-Que se passe t-il?

Leigh se redressa, l'air dubitatif, puis se baissa de nouveau vers son entrejambe. Elle paraissait à la fois fascinée et horrifiée.

-Euh...eh bien... Aurais-tu oublié de m'avouer quelque chose à propos des immortels ?

-Quoi ? Comment ça ? s'enquit-il avec stupeur.

Leigh secoua la tête, puis se pencha en avant et dit "Allô ?" à son entrejambe. Ensuite elle se figea et recula comme pour esquiver une attaque.

-Es-tu en train de parler à mon pénis ? demanda Lucian, qui n'en revenait pas.

-C'est lui qui a commencé ! riposta-t-elle, sur la défensive, avant de froncer les sourcils de plus belle. Tu ne m'avais pas mentionné ce petit détail.

Lucian rit, persuadé qu'elle plaisantait.

-Alors, qu'est-ce qu'il t'a dit ?

-Il a dit : "Lucian ? Lucian, tu es là ?"

Il cligna des yeux.

-Pourquoi dirait-il ça ?

-Je n'en sais rien ! C'est ton pénis, après tout !

C'est à ce moment-là qu'il se souvint de son téléphone portable.

- Ça fait un moment, finit par lâcher Lucian sur un ton solennel.

- Et vous voulez la satisfaire, reprit Greg à voix basse tout en traversant la pièce.

Il prit l'ouvrage des mains de Thomas et le rangea dans le sac.

- C'est tout à fait compréhensible.

- Ouais, renchérit Étienne.

- Je trouve ça adorable.

Lissianna lui tapota l'épaule.

- Mais je pense que vous pouvez vous passer du livre, ajouta Greg. Je me rends bien compte que cela fait longtemps que... euh... vous n'avez pas... ne vous êtes pas livré à... bref, que vous vous sentiez complexé, mais...

Il marqua une pause pour lui demander, intrigué:

- Ça fait combien de temps?

Lucian hésita, puis avoua:

- Je ne m'y suis pas livré, comme tu dis, depuis que les Romains ont déserté la Grande-Bretagne.

Tous arborèrent une expression choquée. Le silence s'installa de nouveau dans la pièce, puis Greg se racla la gorge et repris.

- C'est... ça fait un bail.