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Etre un homme, ce n’était pas seulement avoir une queue. Il fallait en être digne.

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A cet instant, une voix masculine suave avec un accent espagnol à la fois douce et imposante s’éleva :

- Laisse tomber. Elle t’a dit que tu ne l’intéressais pas alors casse-toi.

- T’as de la chance, grosse pute ! la menaça le quadragénaire, fou de rage.

- Sois poli ou je te coupe la langue !

Alors que le client mécontent s’éloignait en marmonnant des insanités, la jeune femme s’écria, hors d’elle : « Je n’avais besoin d’aucune aide ! » avant de se retourner pour faire face à son sauveur et regarda celui-ci dans les yeux. Il s’agissait bien du latino à qui elle avait posé un lapin quelques heures plus tôt.

Le jeune homme lui sourit, heureux de s’apercevoir que la brune désirait visiblement le revoir. Marie se trouvait dans une position particulièrement délicate. En effet, sa seule présence dans cet endroit trahissait le fait qu’elle ne lui était pas indifférente, mais également qu’elle cherchait, elle aussi, à le rencontrer.

http://lachroniquedespassions.blogspot.fr/

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Une autre explication pouvait être envisagée. L’inconnu était peut-être un de ces nouveaux représentants séduisants du clergé en permission pour le week-end comme ceux qu’on peut voir à la télé sur les chaînes musicales. Eh oui, même les prêtres devenaient des pop stars sexy. Peut-être était-ce une tactique marketing pour attirer plus de minettes à l’église ? Après tout, les prêtres aussi étaient célibataires et ils allaient peut-être dans les sex-shops. Difficile à croire… Après les enfants, les sex-shops, ce n'est pas certain que l'église approuverait.

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Soudain, la jeune femme se figea. De l’autre côté de la rue se trouvait le bel inconnu aux airs d’hidalgo.

Elle hésita un moment entre faire demi-tour et continuer à avancer, mais alors qu’elle s’apprêtait à reprendre sa marche, elle s’aperçut que le jeune homme regardait dans sa direction. La brune fit volte-face, mimant de scruter avec attention la vitrine du magasin devant laquelle elle se trouvait. Elle se redressa fièrement de toute sa hauteur et avisa son reflet dans ladite vitrine avant de se pétrifier. L’inconnu semblait l’avoir, lui aussi, reconnue et alla à sa rencontre, traversant la rue sans même prêter attention au trafic.

 

Marie se crispa, serrant davantage les poings autour des poignées de ses sacs. Peut-être voulait-il simplement aller faire quelques achats dans ce magasin, tenta-t-elle de se convaincre. Cependant, lorsqu’elle leva les yeux pour savoir devant quel commerce elle semblait s’extasier, elle découvrit avec horreur qu’il s’agissait d’une boutique de sous-vêtements coquins et de sex-toys en tous genres. Vu le peu de distance qui les séparait à présent, il lui était impossible de mettre en pratique la marche du crabe dont elle avait le secret, jusqu’au magasin suivant. Elle était condamnée à attendre que l’inconnu vienne faire sa connaissance devant un sex-shop comme la plus pitoyable des célibataires en manque cruel de sexe et cherchant désespérément tout objet vibrant pouvant lui procurer un tant soit peu de plaisir solitaire. Cette simple pensée la fit, plus que jamais, rougir de honte.

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A son retour dans son appartement, en milieu d’après-midi, la jolie brune se pelotonna dans le grand fauteuil qui trônait au milieu du salon, repliant sur elle ses longues jambes fines. Elle tenait à ne rater aucun épisode de sa série policière préférée. Les meurtres, le sang, les uniformes… Marie aurait souhaité devenir un des membres de ces équipes de séduisants experts travaillant sous les tropiques. Recueillir des indices sur les scènes de crime, interroger des suspects bronzés, arrêter des méchants sous les cocotiers. Lutter contre le crime, cela aurait été parfait pour la jeune femme, mais ses talents étaient loin d’être indéniables dans ce domaine. Elle aurait fait une piètre enquêtrice, à n’en pas douter. Discerner le vrai du faux, ce n’était pas son fort. Son ex, Tony, lui avait menti et l’avait trompée pendant des mois sans qu’elle ne se soit doutée de rien. Un aveuglement pareil chez elle, ça devait être génétique… Par exemple, dans l’épisode qu’elle était en train de regarder, elle pensait avoir déjà démasqué le meurtrier, l’avocat de la famille, qui aurait tué avec le chandelier, dans la cage d’escaliers. Le mobile ? « Le fric, c’est toujours le fric ! » hurla-t-elle avec férocité à son téléviseur. Mais, à son grand désarroi, elle avait tort. Il s’agissait du bel employé de la victime, chargé de nettoyer le filtre de la piscine. L’arme du crime ? Evident. L’employé en question avait prélevé le venin d’un serpent vénéneux avant de l’assimiler par intraveineuse à son patron. La raison qui l’avait poussé à agir de la sorte était que, quelques semaines plus tôt, le meurtrier avait découvert que son employeur richissime était son père biologique et pour se venger du fait que celui-ci l’ait renié, il avait décidé de lui faire mordre la poussière. C’était terrible, même les séries télévisées commençaient à s’en prendre à elle, lui jetant en pleine figure sa crédulité et sa stupidité. Confondre l’avocat et l’homme à tout faire… Elle était nulle.

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En pleine discussion au sujet de la nouvelle coupe de cheveux de Nadia, la nouvelle petite amie d’un des nombreux frères de Jessica, les jeunes femmes avancèrent en une rangée bien droite sur le trottoir, percutant à plusieurs reprises d’autres promeneurs qu’elles jugèrent encombrants. C’était à leur tour de faire chier le monde. Toujours en pleine discussion avec ses amies, Marie se sentit brusquement attirée par quelque chose de l’autre côté de la rue marchande. Elle jeta alors un coup d’œil sur le trottoir opposé, comme malgré elle, et croisa le regard d’un des passants.

Ce regard les figea et ils s’immobilisèrent sur-le-champ, se fixant intensément. Hiératiques, comme statufiés, ils ne pensèrent plus à rien hormis à l’inconnu qu’ils étaient en train de dévisager. Pendant ce temps, continuant leur passionnante discussion, imperturbables, Jessica et Séverine avaient continué leur route sans s’apercevoir de la disparition du troisième membre de leur trio explosif, resté derrière elles.

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Aujourd’hui, la jeune femme était d’excellente humeur et pourtant, nous étions samedi. Elle adorait le samedi car, malgré une foule impressionnante présente dans les rues commerçantes, il s’agissait d’un jour uniquement consacré à sa relation fusionnelle avec ses deux meilleures amies, Jessica et Séverine.

En plus de leurs interminables discussions pseudo-philosophiques, elles en profitaient pour se raconter leurs misères et les derniers potins, indispensables pour atteindre la quantité de ragots essentiels à la survie de tout être humain de sexe féminin. Le shopping, c’était avant tout un prétexte. Celui qui vous permet de laisser votre chéri à la maison. « Oui, mon cœur, on va encore faire les magasins. Ca va prendre des heures... Mais tu es le bienvenu si tu veux ». Un grand sourire plein de sarcasmes accompagnant l’offre.

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