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Chapitre I

Ailleurs

« Attention, une tempête magnétique se prépare ! Eloignez ce bébé de la frontière… »

Trop tard ! La petite, emportée par la violente bourrasque magnétique, venait de franchir le mur invisible qui séparait son monde de l’autre côté. Prise dans un courant d’une puissance phénoménale, elle volait en plein ciel à une vitesse prodigieuse. Telle une étoile filante, elle se dirigeait tout droit vers le pôle sud dans un tourbillon effréné lorsque, tout-à- coup, une brutale baisse d’énergie, puis une chute vertigineuse, un effroyable fracas, et… plus rien.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, la fillette, âgée d’un peu plus de deux ans, se trouvait au milieu d’un grand lit blanc à barreaux, entourée d’étranges objets. Des visages inconnus l’observaient. Des hommes et des femmes vêtus de longues blouses blanches et équipés d’ustensiles inquiétants la cernaient, se penchaient sur elle, lui touchaient le front, les mains, réglaient des engins bruyants à côté du lit, inscrivaient des mots et des chiffres sur des papiers. Et tous ces gens parlaient, parlaient sans arrêt dans une langue que l’enfant n’avait jamais entendue. Elle ne saisissait pas un traître mot de ce qu’ils racontaient, mais le bourdonnement incessant de leurs voix l’étourdissait et lui donnait des vertiges. Elle referma les yeux sans très bien comprendre ce qui se passait ni ce qui lui était arrivé, et se laissa doucement sombrer dans un profond sommeil.

Très tôt le lendemain, une dame au chignon tiré, aux traits revêches et aux lèvres pincées la sortit sans ménagement de son lit alors même que la pauvrette dormait encore à poings fermés. Réveillée en sursaut, elle chercha quelque réconfort dans le regard de cette personne qui la portait, à présent dans ses bras osseux et desséchés. Elle n’y trouva qu’une couleur grise et froide sans la moindre compassion, noyée dans des entrelacs de rides, grises elles aussi.

La fillette, terrifiée, détourna alors les yeux pour observer ce qui l’entourait, par-dessus l’épaule saillante qui lui cognait le menton à chaque pas. Elle vit défiler quelques portes le long d’un interminable couloir carrelé, sinistre et dépourvu de fenêtres. Soudain, la femme fit volte face, percutant de plus belle le petit visage tendre de son épaule anguleuse. L’enfant, un peu abasourdie, entendit le cliquetis d’une porte que l’on ouvre.

Une fraction de seconde plus tard, elle se retrouva dans une vaste salle baignée de lumière, contre les murs de laquelle résonnaient des voix. Sans prévenir, les bras décharnés qui la tenaient jusqu’alors, la lâchèrent sur une table froide et dure, et le faciès sévère disparut. Il fut rapidement remplacé par ceux, beaucoup plus engageants, d’un grand monsieur noir au sourire éclatant et d’une dame aux joues rondes. Ils adressèrent à la petite fille quelques paroles qu’elle ne comprit pas plus que celles entendues la veille. Puis ils l’examinèrent des pieds à la tête, lui firent réaliser de multiples mouvements, la tournèrent en tous sens. Après un tel traitement, ces deux personnes lui parurent beaucoup moins sympathiques qu’à son arrivée dans la salle. Le sourire du monsieur lui sembla bien moins étincelant, et les joues de la dame bien moins rebondies. Elle se sentit presque soulagée de regagner l’épaule squelettique de la première dame, qui la ramena dans son lit.

La petite miraculée ne gardait aucune séquelle de sa chute, hormis quelques contusions naissantes au menton, que le grand monsieur noir ne s’expliquait pas, d’ailleurs. On l’emmena donc, le matin même, dans une immense maison peuplée d’enfants de tous âges. Eux aussi babillaient dans cette curieuse langue dont elle ne pouvait traduire aucun mot, ne reconnaissait aucun son. On l’installa dans une salle parmi d’autres petits de sa tranche d’âge, et on l’intégra au groupe par de petits jeux de présentation.

A midi, tous les enfants furent conduits dans une grande pièce dans laquelle s’alignaient de nombreuses tables et sièges. On assit la petite nouvelle dans une chaise haute, tout comme les autres enfants les plus jeunes. Une grosse dame austère au visage rougeaud et aux boucles blondes en bataille vint lui donner son repas. Elle ne lui adressa aucune parole, pas même un regard, tout occupée qu’elle était à lui fourrer d’énormes cuillerées dans la bouche, sans lui laisser le temps de reprendre son souffle entre deux. Tous les enfants parlaient, criaient, chahutaient, et le bruit que tout cela produisait assourdissait la petite, mais elle avala sa bouillie docilement, sans rechigner, malgré tout l’inconfort d’un tel repas.

L’après-midi se déroula de la même manière que la matinée. La fillette joua avec les autres enfants. Elle s’adapta assez bien au groupe malgré un tempérament visiblement enclin à l’entêtement. En revanche, quoique intimidée par tous ces visages nouveaux et par ces lieux inconnus, elle se montra très sociable et enjouée. Pourtant, après quelques vaines tentatives de communication orale, elle prit le parti de jouer les muettes. En effet, riche d’un vocabulaire déjà très étendu et d’une excellente diction pour un enfant de son âge, toutes les phrases qu’elle élabora devant ses premiers interlocuteurs passèrent pour un babil informe à en croire leurs mimiques à mi-chemin entre perplexité et amusement attendri. Elle comprit très vite que sa langue leur paraissait aussi exotique que la leur à ses oreilles, et s’en tint rapidement à une communication exclusivement gestuelle.

Le soir, après un nouveau repas semblable à celui du midi, on la transporta jusqu’à un grand dortoir. A la manière dont on la coucha dans le petit lit à barreaux qui lui avait été réservé, elle se sentit telle un vieux polochon miteux qu’on aurait jeté là négligemment pour s’en débarrasser. Elle finit par se demander si elle avait bien gardé son apparence de petite fille depuis son arrivée dans ce monde étrange. Peut-être s’était-elle transformée en un tas de linge souillé et repoussant…

Autour d’elle, tandis qu’elle s’interrogeait ainsi, régnait une agitation entêtante. Certains enfants pleuraient à chaudes larmes, d’autres réclamaient une chanson pour s’endormir, d’autres encore sautaient sur leurs lits, et criaient à tue tête, refusant de se taire. Un garçonnet un peu plus âgé qu’elle sanglotait bruyamment debout dans son lit. Une grosse chandelle d’un vert épais coulait d’une de ses narines retroussées par les grimaces que provoquaient ses pleurs. Une fillette ne cessait de s’asseoir sur son matelas pour se jeter violemment en arrière, dans une fureur qui n’émouvait visiblement aucun des adultes présents dans le dortoir. Enfin, une plus grande fille à qui l’on avait apporté un verre rempli d’un liquide rose, détournait la tête à s’en tordre le cou pour ne pas avaler son contenu. La grosse dame aux boucles blondes en pagaille tentait désespérément de la maintenir immobile tandis qu’une autre dame sévère à la voix aigrelette lui criait des menaces inintelligibles en approchant le verre de son visage.

Notre bébé, qui, jusque là, bien que dépaysée, n’avait pas manqué d’occupations, éprouva soudain une grande tristesse mêlée d’un profond sentiment de solitude. Ses parents lui manquaient cruellement. Elle aurait voulu voir sa maman apparaître et la prendre dans ses bras pour la ramener à la maison dans une tendre étreinte. Elle aurait voulu entendre sa voix mélodieuse lui dire combien elle l’aimait, comme elle le faisait chaque soir. Elle eut beau espérer de toutes ses forces, rien de tout ceci ne se produisit. C’est ainsi concentrée sur l’image de ses parents lui souriant qu’elle s’endormit en silence, sans se plaindre, le coeur pourtant gorgé de détresse dans cet univers inhospitalier.

Les jours suivants ressemblèrent au premier. Il arrivait que l’on emmène la petite dans une grande pièce pour la présenter à des inconnus. Ces inconnus venaient toujours par deux : un monsieur et une dame. Ils la regardaient, lui parlaient parfois – elle ne comprenait toujours pas leur langage, mais commençait à identifier le sens de certains mots récurrents – ils posaient des questions aux personnes de la grande maison qui s’occupaient d’elle. A la fin de ces séances, qui duraient plus ou moins longtemps, on la reconduisait parmi les autres enfants, et la journée se poursuivait normalement. Elle ne saisissait pas du tout les raisons de ces mystérieuses séances et ne savait pas ce que lui voulaient ces gens, dont certains l’impressionnaient, d’ailleurs.

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