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Durant les quatre jours qui ont suivi, j’ai compris ce que signifiait l’expression mourir d’ennui. Sans le gentil mot d’Emma apporté par oncle Brendon, j’aurais peut-être cessé de lutter. Mais elle ne m’avait pas oubliée, elle n’avait révélé à personne où j’étais, et ça a réveillé mon intérêt pour ma vie à l’extérieur. Je me suis souvenue qu’il existait des choses auxquelles je tenais.

Em projetait toujours d’humilier Toby en public le soir du bal du lycée. Elle croisait les doigts pour que je sois de retour à temps pour voir ça. Au cas où je ne pourrais pas y assister, elle avait déjà imaginé de diffuser sa défaite sur YouTube, rien que pour moi.

Sortir est devenu mon unique but. J’étais prête à dire et à faire tout ce qu’on me demanderait. Je ne songeais plus qu’à retourner au lycée. A reprendre une vie normale.

Nancy se présentait tous les matins avec son porte-bloc à pince devant ma porte pour me poser les deux mêmes questions, puis elle notait consciencieusement mes réponses. Je voyais le Dr Nelson quelques minutes par jour, mais il semblait plus préoccupé par les effets secondaires de mes médicaments que par leur efficacité. Je n’avais pas eu de crise depuis mon admission à l’hôpital, mais j’étais persuadée qu’il s’agissait d’une coïncidence et que je ne le devais en rien au traitement qu’il me prescrivait.

J’avais décidé d’avaler sans poser de questions les cachets qu’on m’apportait et je n’avais rien constaté de particulier quant à leur effet, à par les effets secondaires qu’il était difficile d’ignorer. J’avais dormi quasiment tout le temps pendant les deux premiers jours. Ensuite, j’ai dû m’habituer aux produits parce que j’ai réussi à maintenir une activité à peu près normale, mais j’étais quand même dans les vapes.

Lors de leur deuxième visite, mon oncle et ma tante m’ont apporté deux jeans et Le Meilleur des mondes que j’ai lu tant bien que mal entre mes crises de somnolence. Paul m’a donné un stylo et un carnet, pour que je puisse rédiger ma fiche de lecture. J’ai tout écrit à la main, en regrettant amèrement de ne pouvoir utiliser l’ordinateur que mon père m’avait envoyé pour mon anniversaire.

Durant ma cinquième soirée chez les barjos, mon oncle et ma tante sont venus pour la troisième fois. Nous nous sommes installés sur l’une des banquettes de la salle collective. Tante Val a monopolisé la conversation pour parler de Sophie, de ses répétitions, et du débat houleux entre les danseuses et le sponsor de la compagnie au sujet d’un problème de costume : devaient-elles en porter un académique, ou bien un haut avec un short ?

Sophie aurait bien pu danser toute nue si ça lui chantait — expérience qui lui aurait peut-être ouvert des perspectives de carrière. Mais j’ai écouté presque avec plaisir le monologue creux de tante Val. Ce qu’elle racontait se passait dans le monde réel, et jamais rien ne m’avait manqué autant que ce monde.

Puis, soudain, au beau milieu d’une description détaillée du costume académique en question, des grésillements venant de la salle de garde ont attiré mon attention. Je n’arrivais pas à entendre distinctement les mots qui sortaient du talkie-walkie, mais j’ai compris qu’il se passait quelque chose d’inhabituel.

Quelques instants plus tard, des hurlements ont fait voler en éclats le silence surmédicalisé. La sonnerie de l’entrée a retenti. Puis la porte s’est ouverte et deux infirmiers en blouse, deux costauds, sont entrés en soutenant par les bras un garçon qui devait avoir mon âge. Visiblement il refusait de marcher et ses pieds nus traînaient sur le sol derrière lui.

Le nouveau était grand et mince, il gueulait tout ce qu’il savait, mais je n’ai pas compris un traître mot de ce qu’il disait. On avait jeté une couverture sur ses épaules. Il tentait de s’en débarrasser. Et dessous il était nu comme un ver.

Tante Val s’est levée d’un bond, visiblement choquée, et elle est restée immobile, perchée sur ses talons hauts, la bouche grande ouverte, les bras ballants. Le froncement de sourcils d’oncle Brendon aurait paralysé quiconque aurait osé le regarder droit dans les yeux. Les patients qui étaient dans leur chambre sont sortis dans le couloir pour voir d’où venait ce vacarme.

Moi je n’ai pas bougé de la banquette. J’étais tétanisée d’horreur. A cause du spectacle, bien sûr, mais aussi parce que j’ai pensé que j’avais sans doute fait une entrée tout aussi remarquée et spectaculaire le jour où les infirmiers m’avaient attachée au lit de la chambre d’isolement.

Au moins, j’étais arrivée avec mes vêtements, dans une tenue décente. Mais que se passerait-il si ma prochaine attaque de panique se déclenchait pendant que je prenais une douche ? Je me voyais déjà, nue, une couverture négligemment jetée sur les épaules, me démenant comme une diablesse.

Pendant que je suivais des yeux, comme envoûtée, les infirmiers qui tiraient le nouveau à l’intérieur, oncle Brendon s’est éloigné de quelques pas en prenant tante Val par la main. Il tenait visiblement à lui parler en aparté et j’ai fait semblant de regarder ailleurs, tout en tendant l’oreille.

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''En tout cas, mon objectif était clair : sortir d’ici, rentrer chez moi.

Malheureusement, vu ma position, c’était plus facile à dire qu’à faire.

Mon pouls battait à mes oreilles, comme un écho caverneux de ma peur. Car j’avais peur. Le cri n’était plus là, cherchant à se frayer un chemin vers l’extérieur, mais j’avais d’autres raisons de paniquer. Que se passerait-il si le bâtiment prenait feu ? Qui viendrait me secourir en cas de tornade ? Et si le cri se manifestait encore ? Estce qu’on penserait à venir me chercher, ou est-ce qu’on me laisserait crever sur ce lit ? Attachée, je devenais une proie rêvée pour ces choses qui rampaient dans le brouillard, je ne pouvais m’enfuir en cas d’incendie ou de catastrophe naturelle, j’étais à la merci du premier dingue qui passerait par là. Je devais absolument me lever. Me détacher.

— Je vous en prie, ai-je supplié en regardant la caméra.''

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