Extraits

Parfois, un cœur qui se brise ne fais pas de bruit.

Je ne m'étais pas rendu compte à quel point ma mère était un phare qui nous empêchait de faire naufrage sur les récifs et de sombrer.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Il fallait qu'on te secoue. Il fallait que je tue la victime pour que naisse la guerrière.

- Je ne suis pas une victime !

La pluie s'engouffre mais ne me fait pas peur. Je la connais. Elle et moi avons grandi ensemble. Elle me fait ployer, mais je finis toujours pas relever ma tête. C'est d'ailleurs ce que je fais. Je lève les yeux sur le chemin. Et c'est à ce moment précis que je me rend compte de cette présence.

Je fini le Trivent avec un inexprimable soulagement. Terminées, les rafales qui me déstabilise, terminé, le bruit des bourrasques qui siffle à mes oreilles gelées, terminée, la brume qui embrasse tout le corps et laisse un baiser humide la peau.

La nuit n'a pas encore enveloppé la prairie de son voile et, tant que j'y vois encore assez, je préfère continuer.

Je fixe le toit de ma tente, sur lequel les gouttes de pluie dégoulinent tranquillement. Je regrette déjà d'avoir refusé la proposition de Sirius et je serais presque tentée d'aller lui dire que, finalement, j'accepte. Mais je ne peux pas. Ce ne serait pas juste. Il ne s'est pas délivrer d'une promesse pour se lier à une autre, même si je sais que, un homme d'honneur, il serait resté avec moi jusqu'au bout. Je ne veux pas de sa présence comme ça. Par obligation. Je me sens triste, tout à coup, vide. Je sens que je laisse quelque chose derrière moi que j'aurais voulu toujours vivant. Je ne saurais lui donner un nom, mais ça ne s'appelle ni amour ni amitié. Quelque chose à la frontière entre les deux, si fragile...

Lorsque je rentre dans ma tente, les doutes et la peur renaissent. C'est terrible de changer le cours des choses juste par la pensée. D’échafauder toutes sortes de plans ridicules, de revenir sur le passé ou d’espéré quelque chose qui n'arrive pas...

Arrivée sur une sorte de hauteur ouvrant sur des mètres de vide, je craque et fond en larmes. Ce trek est une folie, madame Damarie avait raison. Mes doigts cherchent le bracelet sur mon poignet, suivent les contours du bouton SOS, incertains. J'inspire longuement et appuie dessus avec un sentiment de soulagement mêlé d'effroi.

Je relève mon doigt immédiatement.

Je ne peux pas faire ça. Pas maintenant.