Ajouter un extrait
Liste des extraits
Oberdeii se savait en danger.
D’une raideur lente et hébétée, le Servitor de combat s’avança dans la cage d’entraînement, jusqu’à ce que la grille s’abatte derrière lui, que ses protocoles de combat s’engagent, et il perdit subitement cette allure gauche et lourde. Une intelligence vestigiale psychotique se mit à luire dans ses yeux. De gros filets de bave lui coulèrent de la bouche, l’effet secondaire des stimulants de combat que lui injectait l’appareillage de cuivre riveté sur son dos. De l’acier lui remplaçait la moitié du crâne. Le peu de peau qu’il lui restait était d’un gris cadavérique, enflée autour de ses implants. Une lame circulaire motorisée remplaçait une de ses mains, l’autre avait été sectionnée avec la moitié de son avant-bras et une épée au tranchant acéré était greffée à sa place. Les muscles du Servitor, gonflés par les agents de croissance, avaient atteint une épaisseur grotesque, et des attelles à pistons prêtaient à ses jambes encore davantage de force.
Sa combinaison épaisse, polymérisée, était de celles qu’Oberdeii avait toujours vues sur tous les Servitors. Avant qu’il ne l’eût activé, celui-là ne semblait guère différent de tous ses paisibles semblables, ceux qui nettoyaient, cuisinaient et transportaient sans jamais rechigner pour le compte de la XIIIe légion.
Plus maintenant. L’énergie électrique injectée dans son corps révélait sa vraie nature : celle d’un homme-machine meurtrier, programmé à faire tout son possible pour tuer son adversaire.
Pendant un moment, le néophyte se demanda s’il n’avait pas fait une erreur. Puis la lame de scie circulaire démarra en vrombissant, le Servitor se lança dans une charge pesante, et Oberdeii n’eut plus le temps de douter.
Lui-même n’avait pour se battre qu’un simple gladius choisi parmi l’arsenal de la salle d’entraînement. Il n’avait pas encore le droit de posséder le sien, et ne le recevrait probablement jamais. Si étranger au départ, le manche de l’épée à lame courte lui était devenu intimement familier, s’accordait à la perfection avec sa paume, semblait là à sa place, ce qui à présent le rendait malade. Jamais nul ne lui remettrait cette lame qu’il s’était tant efforcé de mériter. Cette épée d’entraînement était la marque d’un avenir manqué qu’il ne verrait jamais.
Afficher en entier