Extraits

La tête dans les nuages et les étoiles plein les yeux, je continuais à danser avec héritiers et déshérités jusqu’à ce que le décompte vers la nouvelle année commence au-dessus de la musique.

Cinq…

Je changeais de partenaire pour un terminale déshérité, le même que j’avais quitté plus tôt.

Quatre…

Je lui souris, désolée et il me retourna un sourire charmeur destiné à me séduire.

Trois…

Mal à l’aise, je décidais d’ignorer les œillades du garçon et de me concentrer sur le décompte.

Deux…

Une main m’enlaça le poignet.

Un…

Elle m’attira violemment à un torse large qui m’était familier.

Bonne année !

Je croisais à travers un masque gris anthracite de merveilleuses prunelles bleu tempête.

-En retard, notai-je.

-Tu l’es souvent toi aussi le matin, répliqua Evon.

-Je trouvais cela étrange et je croyais que tout était dû au hasard…

-Le hasard est le destin créé par les hommes, Cassie.

Loïc avança à grands pas. Il dépassa Salomé et Evon qui le regardaient avec surprise. Il mit la main sur l’épaule de Gabriel qui se retourna.

Loïc décocha un coup de poing sur la mâchoire de Gabriel qui tomba à la renverse.

-Loïc ! s’écrièrent Sara et Salomé.

Dans les films, la fille se retourne et claque la porte sur le mec qui l’a jeté comme une vieille chaussette. Dans la réalité, la fille c’est-à-dire moi, renifle silencieusement pour cacher ses larmes en cherchant ses clés dans son sac et est sur le point de craquer quand elle voit qu’elle n’arrive pas à bien introduire la clé dans la serrure à cause de sa vue brouillée par les larmes.

En jetant un œil par dessus mon épaule, j’eus la confirmation qu’Evon avait suivi toute la scène. Pour faire bonne mesure, je me donnais au moins la satisfaction de lui claquer la porte au nez.

L’initié annonça mon entrée.

-L’héritière Cassandre de la reine Pandore.

Les portes aux lourds chambranles cédèrent à ses paroles et je devins le point de convergence d’une centaine de regards.

Rouge comme une pivoine, je fis un pas timide dans l’entrée, cherchant des yeux un visage familier. Je n’en vis aucun. Chacune des personnes présentes dans la salle était adulte et ressemblait pour certains trait pour trait à des personnalités riches qu’il m’arrivait de voir à la télévision, les soirs où je n’arrivais pas à dormir.

Je souriais à certains mais personne ne me rendit mon sourire. Encore plus mal à l’aise, je croisais le serveur et hésitais à prendre une flûte de champagne. Me rappelant mon comportement à la fête d’Halloween, j’optais pour une valeur sûre : un simple verre d’eau. Il ne manquait plus que je sois soûle devant le père d’Evon.

-Eh bien Cassie, tu t’es fait attendre ! me lança une voix que je reconnus aussitôt.

Je me retournais, fébrile luttant contre la rage spontanée qui me submergeait.

-C’est un plaisir de te revoir, en tout cas, me dit avec dédain Olivia de France.