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Voici ce que je compris des explications de Dellwood au sujet des bardaches : des hommes baisant des hommes ou des femmes baisant des femmes, c'est la même chose, qu'on l'appelle comme on voudra, quels que soient la langue parlée, les mots utilisés. Pourtant, les mots que les Indiens emploient pour parler de baiser avec des hommes ou avec des femmes ont un sens différent des mots que les tybos emploient.
"On rend les choses comme elles sont par la manière dont on pense à elles, commenta Dellwood. Les tybos pensent que c'est un péché - que baiser est un péché, qu'il s'agisse des hommes, des femmes, ou des hommes et des femmes ensemble. Le seul moment où on peut baiser c'est pour faire un enfant, et même là, il faut en finir rapidement.
"La plupart des Indiens aiment baiser, comme ils aiment manger, respirer ou bien chier - pas de péchés ni d'enfer, de damnation ni de flammes; c'est juste quelque chose qui fait aussi partie du Grand Mystère."
Afficher en entierSi vous êtes le diable, c'est pas moi qui raconte cette histoire. Pas moi qui suis Dans-la-cabane. C'est le nom qu'elle m'a donné sans même savoir. Elle c'est-à-dire Ida Richilieu, et plus tard, après ce qui est arrivé là-haut dans la Passe du Diable, on l'appelait Ida-Jambes-de-bois.
Hé-toi et Viens-par-ici-mon-gars, je me figurais que c'était aussi mes noms. Les premières dix années ou à peu près, j'ai cru être celui que désignaient ces mots tybo. Tybo, c'est-à-dire « homme blanc », dans ma langue. Ma langue, c'est-à-dire quelques mots que j'arrive encore à me rappeler.
Ma mère était une Bannock, elle travaillait pour Ida : le ménage, et quand un homme se sentait l'envie de tâter de la métisse. C'est comme ça que je suis venu au monde – ou le je croyais. Ma mère m'appelait Duivichi-un-Dua, ce qui veut dire quelque chose, ce qui veut dire que j'étais quelqu'un à avoir un nom comme ça – et pas comme Dans-la-cabane.
Il m'a fallu longtemps pour découvrir ce que signifie mon nom indien. Une des raisons, c'est parce que ce n'est pas un nom bannock, mais un nom shoshone, alors aucun Bannock a jamais pu m'expliquer quand je posais la question. Toujours cru que ma mère était une Bannock. Je suppose que c'était une Shoshone. Sinon, pourquoi elle m'aurait donné un nom shoshone ?
Ma mère est morte quand j'étais qu'un gamin de dix ou onze ans. Tuée par un nommé Bily Blizzard. Une des choses dont je me souviens au sujet de ma mère est qu'elle m'a donné mon nom et que je ne devais jamais répondre quand j'entendais mon nom, parce que c'était peut-être le diable qui appelait. Si quelqu'un m'appelait par mon nom, je devais tout de suite répondre que c'était pas moi. Une autre chose dont je me souviens, à propos de ma mère, c'est juste avant que je m'endorme, et alors, elle n'est qu'un parfum et un sentiment pour lesquels j'ai pas de mots.
Après la mort de ma mère, je l'ai remplacée chez Ida, à faire le ménage et les petites corvées. Certaines nuits, dans la cabane, quand la lune devenait trop brillante et les choses trop tranquilles, quand je n'entendais plus que les battements de mon coeur et ma respiration trop haletante, je grimpais sur la pointe des pieds l'escalier de derrière Chez Ida jusqu'au second étage, et j'observais Ida par la fenêtre. Ida était assise dans son cercle de lumière, la lampe à pétrole donnait à sa chambre une teinte rose. Si c'était l'hiver, Ida était emmitouflée dans sa courtepointe. Si c'était l'été, elle n'avait presque rien sur le dos. Mais hiver comme été, on trouvait toujours Ida dans son cercle de lumière, tard le soir, après le travail ; elle écrivait son journal, où elle parlait de la vie et du fait d'être maire.
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