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Extrait

Extrait ajouté par Underworld 2020-08-21T12:33:57+02:00

** Extrait offert par Emma Darcy **

4.

Rory prit un plaisir vengeur à faire rugir le moteur et grincer les vitesses de sa Maserati. Ce n’était plus une belle journée. Louise la lui avait gâchée avec ses prédictions de changements à venir.

En bas de la colline, il ralentit, tourna au carrefour en direction des établissements Traverner et s’obligea à conserver une allure raisonnable. Il passa devant les boutiques que les entreprises viticoles avaient ouvertes dans les années soixante-dix avec le boom spectaculaire de l’industrie du vin. Le changement ? La vie n’était faite que de cela ! Il suffisait de retrousser ses manches pour relever le défi.

Il avait vu bien des changements à Hunter Valley ces vingt dernières années. Des changements et de gros investissements de capitaux. Ce n’était plus le lieu où il avait grandi. Il y avait là maintenant plus de cinquante établissements viticoles, une trentaine de restaurants, des antiquaires, des studios d’artistes, des galeries, et d’autres entreprises commerciales visant à satisfaire les besoins croissants d’une industrie touristique en plein développement qui attirait dans la région près d’un million de visiteurs chaque année.

Rory jeta un coup d’œil de connaisseur sur les rangs de jeunes vignes qui s’étendaient des deux côtés de la route. Elles semblaient saines, pleines de vie avec leurs tendres pousses printanières. Il aimait cette saison, l’explosion des bourgeons qui recouvrait de vert la triste nudité de l’hiver. La qualité de la prochaine récolte dépendrait, bien sûr, du temps qu’il ferait au cours des quatre prochains mois, mais le printemps, le renouveau était toujours une occasion d’espoir et de plaisir.

Quatre mois jusqu’aux vendanges.

Quatre mois jusqu’à la mort d’Eleanor.

Il se demanda combien de temps elle tiendrait. Ce genre de pronostic n’était jamais très fiable, et Rory ne voyait pas Eleanor renoncer si facilement. Elle ne renonçait jamais. A rien. Elle était capable de s’accrocher, de faire main basse sur tout ce qui passerait à sa portée pour profiter au mieux de ce qu’il lui restait à vivre.

Elle était considérée au-dehors comme la grande dame des vignobles de Hunter Valley, admirée et respectée de tous, anoblie par un titre pour sa réussite, mais le grand public ne la connaissait pas aussi bien que Rory.

Peut-être qu’il tenterait de savoir quelle était la position de la génération montante quant à la direction future de l’entreprise familiale, qu’il s’assurerait que Paul et David ne lui réservaient pas de surprises. Il n’en attendait pas, certes, mais il ne perdait rien à se montrer ouvert à toute discussion.

La réaction des femmes serait sans doute plus parlante que celle des hommes. Sharon, l’épouse de David, se laissait depuis toujours intimider par Eleanor. Mais pas Gabrielle, l’épouse de Paul, qui avait su garder toute son indépendance. Sans entrer en compétition avec la maîtresse des lieux, elle ne lui était pas soumise non plus. Quels étaient donc leurs rêves, leurs espoirs secrets ?

Rory doubla prudemment un trotteur tirant un sulky — quelqu’un qui s’offrait une promenade matinale à la campagne à la mode d’autrefois. Aujourd’hui, les promenades en sulky faisaient le bonheur des touristes. Traditionnellement, c’était le moyen de transport des familles de pionniers de la vallée lorsqu’elles se rendaient visite le dimanche. Son grand-père lui avait beaucoup parlé de ces rassemblements dominicaux chez les Selby, les Traverner, les Buchanan.

Hélas, ce temps de l’amitié, de l’entraide dans l’adversité était à jamais révolu. L’ancienne propriété des Selby était là pour le lui rappeler, et il en éprouva un pincement au cœur. Ami proche de Janet Selby depuis sa plus tendre enfance, il avait eu beaucoup de sympathie pour Jim Thurston, l’homme qu’elle avait épousé.

Pauvre Janet, acculée à la ruine par une série de catastrophes ! Il s’en voudrait toujours de n’avoir pas pu obtenir les aides nécessaires pour la tirer de ses ennuis. Au bout du compte, elle avait tout perdu — son mari et la firme familiale. Sans projet, sans avenir, elle avait accepté de devenir son assistante personnelle. Du moins leur amitié était-elle sauve.

Il arriva en vue de la somptueuse demeure que Max Vandelier avait fait construire — un authentique manoir destiné par son concepteur à rivaliser avec les châteaux des grandes régions viticoles de France. Tant de prétention prêtait à sourire.

Eleanor régnait depuis vingt-cinq ans sur l’imposante bâtisse que les gens de la vallée appelaient, tout simplement « la Grande Maison ». Héritier présumé, Paul y vivait aussi, avec sa femme et sa famille. Et Rory soupçonnait Gabrielle de ne pas apprécier cette cohabitation imposée avec sa belle-mère.

David avait du moins eu le bon sens de prendre ses distances par rapport à sa mère. Il avait fait construire pour lui et Sharon sur des terres annexes le long de Broke Road.

Rory passa devant le chemin qui menait à l’ancienne ferme des Traverner près de la rivière et enfila l’allée qui conduisait au complexe créé par Max — des chais dotés d’équipements de pointe en matière de vinification, des caves souterraines à température contrôlée, des lieux de dégustation à l’ambiance raffinée propres à attirer le touriste en mal d’achat, un grand hôtel avec salle de conférences et restaurant offrant de la cuisine française. Et, bien sûr, rien que des vins Traverner sur la carte.

Max avait un sens aigu du commerce et visait une clientèle internationale prestigieuse. Son ambition avait contribué à propulser les établissements Traverner au premier rang des éleveurs de grands crus de Nouvelle-Galles-du-Sud et à leur conférer une réputation mondiale.

Que resterait-il de tout cela à Tamara, sa seule enfant ? Rien s’il ne tenait qu’à Eleanor. Paul et David seraient-ils mieux disposés envers elle ? Cela ne le concernait pas, certes, mais indépendamment de sa conduite, Tamara faisait partie de la famille. Si le capital de son père n’était pas venu à point renflouer la firme, il n’y aurait plus de vignobles Traverner. Et si Eleanor préférait l’oublier, Paul et David, eux, devraient s’en souvenir.

Rory gara sa Maserati sur le parking et se dirigea vers le bâtiment administratif. Aussi avenante qu’efficace, Cassie Deakin, la réceptionniste, l’accueillit avec un sourire communicatif.

— Que puis-je pour vous aider, monsieur Buchanan ?

— Sauriez-vous où je peux trouver Paul ?

— Il n’est pas encore arrivé de la Grande Maison.

— Et David ? Il est ici ?

— Il y était, mais il vient de partir. Il m’a dit qu’il serait à la Grande Maison si on avait besoin de le joindre.

— Je vous remercie, Cassie. Bonne journée.

— Dois-je les prévenir que vous êtes passé, monsieur Buchanan ? Vous voulez laisser un message, peut-être ?

— Inutile, je les verrai plus tard. Merci encore.

— A votre service, lança-t-elle dans son dos.

Il sortit sans s’être aperçu que Cassie Deakin brûlait de curiosité. La rumeur s’était déjà répandue que le règne de Dame Eleanor touchait à sa fin, et tout l’établissement bourdonnait comme une ruche. Une visite impromptue du directeur des établissements Buchanan ouvrait la voie à de nouvelles spéculations.

Mais Rory était trop concentré sur l’absence de Paul et de David pour s’en soucier. Il se demandait ce qui se tramait à la Grande Maison, ce qu’on y discutait si secrètement. Le poste de commandement d’Eleanor était certainement en jeu. Peut-être Paul se préparait-il à prendre le pouvoir sur-le-champ ? Un coup d’état. Hum. Intéressante perspective.

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