Extraits

Papa est, comme toujours, fidèle au poste, derrière son comptoir, en train de servir des chopes de bière. Il me sourit en m’apercevant. Je m’empresse d’aller le rejoindre, fais le tour du zinc et le prends dans mes bras.

— Comment va ma petite fille ?

— Ça va, papa. 

— Oh, toi, je le sais, ma grande,(...) je parlais d’Apple.

Ah, ben, merci !

Mon cœur rate un battement.

Puis, il m’embrasse tendrement et recule en me laissant pantelante alors qu’il se remet à chercher dans les cartons. Heureusement que j’ai le bébé dans les bras, dans le cas contraire, je crois que je me serais mise à faire la danse de la joie et il m’aurait prise pour une folle.

Bonjour, la honte ! Mais je m’en fous… Il m’aime...

(...) me voilà à la sortie de l’hôpital, un maxi cosy sous le bras avec à l’intérieur l’être le plus précieux que j’aie au monde.

— C’est parti, mon bébé.

J’installe ma fille dans la voiture, vérifie une dizaine de fois que j’ai bien accroché son siège comme me l’a expliqué la vendeuse de tout à l’heure, puis je monte à bord.

Alors que je démarre le contact, je ne peux m’empêcher de ressortir du véhicule et d’aller contrôler une dernière fois que tout est bien en place puis je reviens à mon siège.

J’ai fait le trajet de l’hôpital jusqu’à chez moi des centaines de fois et je n’ai jamais eu peur d’être au volant de ma bagnole pourtant, là, je suis terrifié.

De toute ma vie, je n’aurais jamais cru qu’un jour, Jaxon veuille officialiser notre relation et encore moins qu’il tombe amoureux d’un bébé. Car oui, je le vois dans son regard. Il aime déjà ce petit être plus que tout au monde. Ses yeux brillent d’un amour inconditionnel, tel… un père.

Personne n’aurait cru Jaxon prêt à devenir papa – moi la première d’autant que nous n’avons jamais abordé le sujet – pourtant, en le voyant couver ce bébé du regard, je sais déjà qu’il va se débrouiller comme un chef. 

Et je crois, que c’est à cet instant précis, que je suis tombée amoureuse de lui… encore une fois.

Je prends une profonde inspiration, frappe doucement et pousse la porte.

Oh. Mon. Dieu !

Près de la fenêtre, Jaxon est assis sur un rocking-chair, torse nu, le bébé profondément endormi contre lui. Je crois que je n’ai jamais rien vu d’aussi beau.

Elle avance jusqu’à moi et me prend dans ses bras, posant sa tête contre mon cœur.

Cela va vous sembler désuet mais c’est pour cette raison que je l’appelle mon cœur parce que sa tête arrive pile à la bonne hauteur lorsqu’elle se blottit contre moi.

— Votre fille est ici, Lieutenant. Troisième berceau en partant du fond sur votre droite.

— Oui… je l’ai déjà repérée.

Carly me sourit tendrement et ouvre la porte qui nous sépare de toutes ces petites choses miniatures et l’angoisse de tout à l’heure réapparaît.

— Venez, Lieutenant. Je vais vous la présenter.

— Euh… je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, Carly. Je n’ai jamais tenu un bébé dans mes bras.

— Ah oui ? Pourtant, si mes souvenirs sont bons, c’est bien vous qui avez aidé cette femme, il y a un mois, à accoucher dans son véhicule avant de nous la ramener avec son nouveau-né contre votre torse. Je me trompe ?

Non, elle a raison mais ça n’avait rien à voir avec maintenant. Il s’agissait d’un accident de la route sur lequel nous sommes intervenus et cet incident avait déclenché l’accouchement précipité de cette femme. C’était mon boulot. Pas ma vie.