Commentaires de livres faits par lolalpha
Extraits de livres par lolalpha
Commentaires de livres appréciés par lolalpha
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J'atteins le rocher sans trop de peine, mais je suis stoppée dans ma course. Je ne suis pas seule. Allongées sur la pierre, trois sirènes jouent aux cartes.
- Cœur en force, déclare la première.
- Pique de travers, réplique la deuxième.
- Carreau d'épave, ajoute la dernière.
Dans un soupir, les joueuses lancent leurs cartes sur la pierre. Elles ne me jettent même pas un regard et attaquent une nouvelle partie. Je me ressaisis. Un peu plus et j'oubliais la raison de ma plongée vers le royaume des abysses. C'est si distrayant de s'amuser. J'en étais presque venue à effacer de ma mémoire l'ailleurs d'où je viens.
- Tomas ! Ne reste pas là !
La tête renversée, mon petit frère fixe le ciel. La pluie tombe à grosses gouttes sur ses joues blêmes.
- Tu es tout mouillé. Marche !
Mon frérot ne bronche pas. Les bras ballants, il cligne des yeux, la bouche ouverte. De chagrin, mes lèvres tremblent. Tom-Tom me rappelle ces délicats boutons-d'or qui, gorgés d'eau, s'affaissent après une seule journée de vie.
Interloqué, Maître Jules se redresse. Le tremblement s’amplifie ! Capitaine montre les crocs. Son poil se hérisse. J’essaie de me lever, mais je perds l’équilibre. Le sol bouge! Le lièvre saute sur mes genoux, affolé. Il bafouille :
– Est-ce que... ça... va durer long-longtemps ?
Un grondement sourd se fait entendre. Eh bien, moi, je ne reste pas ici ! Il me faut un abri, et vite ! J’essaie encore de me lever, mais un craquement sinistre vient me surprendre. Dans un fracas de branches cassées, le pommier s’abat derrière moi, la terre se déchire et je bascule dans ses entrailles, le lièvre dans les bras.
Rien ! Je n’ai rien à quoi m’agripper! Je suis aspirée par le courant d’air froid. Encerclée par des remparts de pierre ! Vais-je mourir ? Capitaine ! Où est-il ? Je fixe le ciel, qui s’éloigne à toute vitesse. La dernière chose que je vois me glace d’effroi. Penchées au-dessus de l’abîme, les quatre fées Wisbiches me regardent tomber, en souriant.