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Liste des extraits

** Extrait offert par Nicole Locke **

Chapitre 3

Eperdue, Mairead s’engagea dans le couloir sans rien voir. Ce fut donc de plein fouet qu’elle heurta l’homme qui, au même instant, se dirigeait vers l’escalier. L’impact fut violent et la projeta contre le mur.

Alors la pèlerine de l’inconnu s’entrouvrit et son capuchon glissa. Simultanément elle vit son visage et l’éclat de la dague d’argent fixée à sa ceinture.

— C’est vous ! lâcha-t-elle.

Il fallut quelques secondes à l’homme pour la reconnaître, mais lorsqu’il comprit, la surprise le figea.

— Espèce de voleur ! Assassin ! s’écria-t-elle alors, retrouvant sa pugnacité. Rendez-moi ma…

Elle ne put achever. Caird venait d’apparaître, vêtu d’une simple tunique, son épée à la main.

— Que se passe-t-il ici ? tonna-t-il.

Elle cligna les yeux. Avait-il empoigné son arme parce qu’il l’avait entendue crier ?

Elle n’eut pas le temps de chercher la réponse à cette question. Devant elle, l’homme ajustait sa pèlerine et regardait autour de lui, prêt à se battre. Que faire ? La présence de Caird changeait tout. Si elle poussait celui-ci au combat en portant des accusations contre le voleur, il l’interrogerait pour en savoir plus. Or, elle n’avait aucune envie de tout lui expliquer. Ce n’était pas parce qu’elle l’avait embrassé qu’elle faisait confiance à ce parfait inconnu. La dague avait trop de valeur pour prendre des risques.

En tout état de cause, son projet de voler la dague pour la rapporter chez elle venait de tomber à l’eau. D’autant qu’elle se retrouvait maintenant pieds et poings liés.

A voir la lueur de victoire briller dans le regard de l’homme, elle comprit qu’il avait tenu le même raisonnement.

Il inclina la tête, un petit sourire narquois au coin des lèvres.

— Désolé, petite ! Je vois que votre nuit est déjà retenue. De toute façon, je ne vous voulais aucun mal.

— De quoi s’agit-il ? demanda rudement Caird à Mairead en désignant l’homme de la pointe de son épée. Cet homme est votre ami ?

Il semblait si furieux qu’elle ne parvint pas à lui répondre. Il avait la posture d’une personne qui n’a pas l’intention de s’en laisser conter, et sa tunique ne dissimulait rien de sa puissante musculature. Elle comprit qu’il suffirait d’un mot de sa part pour le faire bondir. Elle battit des paupières, songeant que la seule arme qu’elle possédait était ses mots. L’aisance de langage des Buchanan et leur talent à mentir allaient lui être d’un grand secours.

Elle eut un sourire dédaigneux.

— Oui, et il était en train de se sauver dans la nuit comme un voleur.

— Comme un voleur ? répéta Caird en la considérant soudain avec plus d’attention, les yeux plissés. Mais il a déchiré votre robe !

Elle baissa la tête et resta stupéfaite. Entre le moment où les mains expertes de Caird s’étaient posées sur elle et sa collision avec l’assassin de son frère, sa jolie robe s’était en effet déchirée. Horrifiée, elle remonta fébrilement les pans de fin tissu censé recouvrir le haut de ses seins, mais sans grande réussite. Tant pis. Elle garderait les mains croisées sur sa poitrine.

Sentant sans doute que le vent avait tourné pour lui, le meurtrier rabattit son capuchon sur sa tête comme quelqu’un qui prend congé.

— Je n’ai pas touché à cette fille, déclara-t-il. A aucun moment. Allons, tout cela devient inconvenant. Je vous souhaite une bonne nuit !

Un claquement sec retentit. Caird venait d’abattre son épée juste devant le voleur.

— On vient de te traiter de voleur, lui dit Caird. Qu’étais-tu en train de dérober exactement ?

— Rien. Cette petite…

— Cesse de l’appeler comme ça ! C’est une vraie demoiselle, comparée à toi.

Une fois encore, le comportement de l’homme changea du tout au tout. En un clin d’œil, son air offensé se fit mielleux, il rentra le cou dans les épaules et esquissa un petit geste d’apaisement.

— Je n’ai jamais vu cette dame. Elle m’a heurté de plein fouet…

— C’est faux, l’interrompit vivement Mairead. Vous mentez !

Il n’était pas dit qu’il abuserait le monde avec sa modestie feinte. Et encore moins qu’elle le laisserait gâcher cette chance de récupérer la dague. Jouer la comédie était également dans ses cordes, et elle allait le prouver. Pas plus tard que maintenant.

— C’est l’homme que je devais rencontrer, poursuivit-elle à l’adresse de Caird. Mais en me voyant sortir de ta chambre, il a déchiré ma robe de rage !

Les yeux de l’homme s’écarquillèrent. Sa peur revenait. Quelques gouttes de sueur perlaient à son front. Mais ce qui plut par-dessus tout à Mairead fut son air coupable. Bien, très bien… Il fallait qu’il ait l’air coupable. C’était la moindre des choses. Pour sa part, elle rêvait tout simplement de le voir mort.

Au même instant, Caird trancha de son épée la cordelette qui retenait la pèlerine de l’homme juste sous le menton. Le lourd vêtement tomba à terre, révélant la dague et l’épée passées à sa ceinture.

— Excuse-toi auprès de cette jeune dame, ordonna Caird.

— Mais, je n’ai…

Nouveau coup à peine visible. Cette fois, ce fut la tunique de l’homme que Caird coupa en deux. A la hauteur du cœur.

Mairead se mordit la lèvre, en proie à un tumulte de sentiments : douleur, chagrin, désespoir, fureur et maintenant… Mais que ressentait-elle au juste maintenant ?

Décidément, Caird avait le don de deviner ce qu’elle avait envie qu’il fasse. Pourtant, ce n’était pas encore assez. Ce voleur… Cet assassin… Elle aurait voulu subtiliser l’épée de Caird pour transpercer le cœur de ce personnage à l’écœurante vilenie.

L’homme écarquilla les yeux plus encore. Il n’y avait plus le moindre calcul dans son regard désormais. Il passait avec frénésie de l’épée à Mairead et de Mairead à l’escalier et sa main droite s’ouvrait et se refermait, comme prise d’un tic nerveux. Parce qu’il avait peur de Caird ? Elle l’espérait de tout cœur.

Malgré le peu de vêtements qu’il portait, Caird n’avait pas l’air vulnérable du tout. Au contraire, son corps musclé et puissant faisait de lui un adversaire redoutable et, même sans l’épée qu’il tenait, il semblait invulnérable. En l’observant, Mairead se demanda si elle s’était vraiment blottie contre ce corps formidable comme s’il n’y avait rien à en craindre. En cet instant, il paraissait tout sauf inoffensif…

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Mairead Buchanan tenta sans succès de calmer les battements de son cœur. A quoi bon essayer puisque c’était impossible ? Voilà plus de quinze jours que ce cœur battait la chamade et le mal ne faisait que s’aggraver. Dans son âme, la douleur avait même planté ses crocs ce matin-là.

De plus, le temps lui manquait. Pour avoir du chagrin. Pour se montrer raisonnable. Et même pour penser…

Son point de rupture était atteint. Agir devait à présent être son seul objectif, le but vers lequel il fallait tendre pour que le cauchemar prenne fin. Et peu importait qu’elle soit en train de se pétrifier de froid tandis qu’elle observait, immobile, les silhouettes qui évoluaient à l’intérieur.

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** Extrait offert par Nicole Locke **

Chapitre 2

Mairead se figea tandis qu’un froid glacial parcourait son corps. Elle cligna plusieurs fois les yeux en tentant de rassembler ses pensées pour appréhender au mieux la situation.

L’homme avait-il vraiment lancé une arme sur elle ? La réponse était oui. Elle détailla l’arme avec attention : un poignard ordinaire, sans aucune ressemblance avec la dague qu’elle recherchait.

Mais qui était donc cet homme qui dormait avec un poignard sous l’oreiller ? Elle se retourna et s’aperçut qu’il tenait à présent une épée à la main. Consciente de se trouver dans une situation désespérée face à un homme qui n’avait visiblement aucun scrupule, elle passa à l’attaque.

— Comment osez-vous lancer un poignard contre moi ?

— Quoi, vous êtes une femme ?

— Naturellement ! Je sais bien qu’il fait nuit, mais vous devez bien voir que je porte une robe !

Il émit un son indistinct, entre soupir exaspéré et grognement, puis, sans transition, repoussa ses couvertures et posa les pieds au sol.

Non, il n’était pas grand, il était immense, et il avait toujours son épée à la main. Toutefois, ce n’était pas cette lame affûtée qui retenait l’attention de la jeune femme en cet instant. C’était cette nudité en marche, le véritable problème…

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

La semi-pénombre ne le dissimulerait pas très longtemps, songea-t-elle. Du reste, comment ne pas d’ores et déjà remarquer que cet inconnu était une splendeur, un homme stupéfiant de beauté qui allait l’obliger à revenir sur tout ce qu’elle avait appris jusque-là sur le sexe opposé. Dans son clan, il n’existait aucun Buchanan charpenté de la sorte. A vrai dire, elle ignorait même que ce type de constitution puisse exister dans la race humaine.

Dans l’obscurité, la couleur de ses cheveux et celle de ses yeux étaient indiscernables, mais ses pommettes se découpaient de manière remarquable et ses lèvres magnifiquement ourlées ne cachaient rien de leur perfection.

Mairead ne bougeait plus et ne clignait même plus les paupières. Sa respiration se faisait plus saccadée à mesure que l’inconnu approchait, entièrement nu, révélant sans la moindre retenue ses épaules solides, ses bras puissants, son torse viril et les muscles qui se mouvaient sous sa peau.

Bien sûr, elle aurait dû se détourner, mais elle n’en avait aucune envie. L’obscurité, à n’en pas douter, lui donnait le courage de ne pas baisser les yeux. A moins qu’il ne s’agît de son effronterie, ce trait de caractère qui navrait sa mère. Il était vrai que Mairead n’avait jamais été du genre à rougir comme les autres jeunes filles.

Elle baissa légèrement les yeux et ses lèvres s’asséchèrent. Elle les humecta du bout de la langue, mais cela n’eut aucun effet ; l’instant d’après, elle en était au même point. Pis, ses jambes se mirent à flageoler comme des roseaux dans le vent. Et toutes ses tentatives pour les maîtriser restèrent lettres mortes.

L’homme émit une sorte de grommellement… ou peut-être un grognement. Quelque chose de très masculin, en tout cas, qui ne pouvait venir que d’un prédateur, mais qu’elle ne sut interpréter. Quoi qu’il en soit, comme ce n’était pas en cherchant son regard dans l’obscurité qu’elle comprendrait, elle resta parfaitement immobile.

— Appréciez-vous ce que vous voyez ?

Elle tressaillit au son rauque de la voix masculine et regarda son interlocuteur poser son épée contre le mur.

— Oui, répondit-elle dans un murmure.

Il avait une présence d’une telle intensité qu’elle n’était plus maîtresse de ses réactions.

— Oui, j’apprécie ce que je vois, confirma-t-elle un peu plus fort.

Où étaient passées sa rage et sa colère ? Et qu’attendait-elle pour prendre ses jambes à son cou ? L’homme se trouvait si près d’elle maintenant qu’elle sentait sa chaleur. En dépit de sa nudité, il sentait le cuir chaud mêlé d’acier, une odeur qu’elle respirait pour la première fois, si captivante qu’elle gonfla les narines pour mieux s’en délecter.

Il la fixait dans les yeux et elle ne détournait pas le regard. Contre toute attente, il lui effleura la tempe du bout des doigts, puis descendit le long de sa joue jusqu’à poser l’index sur la naissance de ses lèvres.

— Vous êtes bien jolie, dit-il. Même quand vous ne parlez pas. Est-ce mon frère qui vous envoie à moi ? Sûrement… Et c’est pourquoi vous tourniez autour de mon lit.

Cette fois, il lui prit le menton entre le pouce et l’index, et l’obligea à lever la tête.

— Je ne pensais pas avoir la force d’honorer une fille cette nuit, mais je serais heureux que l’on me prouve le contraire.

Chancelante, elle sentit la chaleur de ses mains, qu’il posa en coupe sur son visage. Elle apprécia son odeur, la caresse retenue de ses doigts, la manière dont il l’attira finalement pour s’emparer de sa bouche.

Lorsque, du bout de la langue, il l’exhorta à entrouvrir les lèvres, elle comprit que ce serait davantage qu’un simple baiser, quelque chose de fort et de différent. A l’image de l’homme qui venait de l’empoigner.

Il continuait à lui caresser le visage, mais ce n’était ni ses lèvres ni ses mains qui la retenaient captive. C’était son incroyable force et son impérieuse virilité, mêlées à la réaction de son propre corps.

Il interrompit le baiser pour la serrer plus fort encore contre lui, avant de poser les mains sur sa taille et de la soulever soudain. Elle sentit ses pieds décoller du sol. A présent, son équilibre ne tenait plus qu’à lui, à la façon dont il la portait.

L’instant suivant, il lui faisait basculer la tête en arrière, exposant son cou aux baisers qu’il lui donnait.

En elle, le désespoir et la colère reprenaient silencieusement le dessus. Ses émotions devenaient plus sombres, plus exigeantes. Un élan qu’elle ne comprenait pas la dominait, l’obligeait à s’arrimer aux larges épaules de cet inconnu et à les pétrir entre ses doigts, comme pour sculpter sa chair.

Avec un grognement rauque, il se balançait doucement contre elle. Pas assez cependant. Pour le sentir encore mieux, elle voulut l’attirer plus près, mais il trébucha soudain et, dans leur chute, elle se cogna la tête contre la cheminée derrière elle.

La violence du coup et le juron qu’il poussa la ramenèrent brutalement à la réalité.

Une réalité plutôt mortifiante…

Elle était en train d’embrasser un homme complètement nu qu’elle ne connaissait pas ! Son regard vola vers la porte puis à la fenêtre, repartit dans l’autre sens, hésita. Le poser n’importe où, sauf sur lui ! Etourdie, elle tenta de rassembler ses esprits.

La pièce était sombre, il devait y avoir une raison à cela, mais elle ne parvenait pas à se la rappeler. Et puis, soudain, tout lui revint : la dague !

Du bout des doigts, il lui souleva de nouveau le menton.

— Où êtes-vous partie ? lui demanda-t-il d’un ton moqueur, mais non dénué de bienveillance.

Son regard était empli de désir, quand bien même l’amusement le faisait pétiller. Comment en était-elle arrivée là ? Que se passait-il ?

Il fallait absolument qu’elle s’échappe de cet endroit, mais de quelle façon ? Comment fausser compagnie à un homme de cette force, qui plus est équipé d’un poignard et d’une épée ? Quant à lui faire entendre raison, inutile d’y songer. Restait l’effet de surprise…

Malgré elle, elle se tourna de nouveau vers la porte.

— Ne me dites pas que vous avez l’intention de repartir, jeune fille ! s’exclama-t-il aussitôt.

— Il y a erreur, répondit-elle d’une voix aussi peu sûre que possible. En fait, je me suis trompée de chambre…

Bien qu’il ne se rapprochât pas d’elle et que la main qu’il posait sur son cou restât légère, il ne la libéra pas pour autant.

— Non, il n’y a pas d’erreur ! protesta-t-il. Vous êtes entrée dans ma chambre et vous m’avez laissé vous embrasser.

Tout en parlant, il traçait du bout des doigts de petits cercles qui descendaient le long de son cou jusqu’à ses épaules, puis remontaient.

— Avant cette déplorable chute, ajouta-t-il, vous avez encouragé mes baisers. Et désiré plus encore…

C’était vrai, elle ne pouvait le nier, aussi troublant que cela pût être. Mais peu importait. Seule la dague comptait, et non cet homme, qui lui donnait à la fois envie de fuir et de rester. Comment était-ce possible ? Comment avait-elle pu se mettre dans une situation aussi insensée ? Que faisait-elle, à discuter ici avec cet inconnu au beau milieu de la nuit alors que son frère était mort le matin même ?

— Je ne vous veux aucun mal, commença-t-elle avec l’espoir de retrouver son calme pour pouvoir réfléchir.

C’était une Buchanan et elle savait mentir avec l’aplomb requis. Mais, si elle continuait à trembler ainsi de désir, elle ne parviendrait jamais à convaincre cet homme.

— Seulement, je dois m’en aller, poursuivit-elle, satisfaite de son ton raffermi. Mon ami va me chercher.

— Votre ami ?

Il retira brusquement sa main avec un froncement de sourcils. Sa bouche si tentante un instant plus tôt prit un pli féroce. Le changement fut si brusque et radical qu’il aurait pu prêter à rire si l’homme n’avait pas eu l’air vaguement effrayé.

— Vous êtes ici avec un ami ? répéta-t-il en insistant sur le dernier mot. Alors ce n’est pas mon frère qui vous a envoyée dans ma chambre ?

Elle réfléchit très vite. La seule raison pour laquelle son frère aurait pu envoyer une femme en ce lieu était si évidente qu’elle aurait dû suffire à la faire rougir d’embarras. Or, ce fut le désir qui empourpra ses joues. Leur étreinte avait été si prometteuse…

— Non, répondit-elle en repoussant cette image importune. Je ne connais pas votre frère.

Il secoua la tête.

— C’est fâcheux ! Tant pour lui que pour moi. Soyez sûre que si je vous avais vue en bas, j’aurais abandonné mon verre pour monter avec vous. Cet ami avec lequel vous êtes… êtes-vous avec lui pour la nuit ?

— Non, je voulais juste…

— Pour la vie alors ! Vous êtes sur le point de vous marier ?

De pis en pis, décidément ! Prostituée ou femme infidèle… Lui avouer qu’elle était une voleuse ? Cela n’arrangerait rien. Et puis, il se tenait si près d’elle qu’elle avait du mal à respirer correctement. Quant à fuir, il n’en était plus question. Il fallait louvoyer.

— Non, non, vous ne comprenez pas ! Il n’est pas question de mariage pour moi, pas du tout ! Il se trouve juste que je suis entrée dans votre chambre par erreur.

Un sourire carnassier remplaça son froncement de sourcils, mais une certaine mauvaise humeur persista au fond de son regard sombre. L’inconnu semblait être à la fois furieux, frustré et farouchement déterminé. Une combinaison trop étrange pour laisser présager une issue facile.

— L’alcool ralentit sans doute un peu mes capacités de réflexion, jeune fille, mais une chose est sûre : vous êtes entrée dans ma chambre. Il ne peut y avoir d’erreur.

Elle voulut reculer, mais une fois de plus, la proximité physique de son interlocuteur lui interdit le moindre mouvement. Restaient les mots, qui sauraient lui venir en aide.

— Ce doit être aussi à cause de l’alcool que vous ne comprenez pas ce que je veux dire ! En vérité, je n’avais pas davantage l’intention de pénétrer ici que celle de vous embrasser. Vous voyez, il faut que vous me laissiez partir à présent.

Il secoua la tête comme s’il ne comprenait rien.

— Je comprends, affirma-t-il néanmoins. C’est ma maladresse qui vous effraie… Pardonnez-moi, je vous en prie.

Puis il inclina la tête avant de poursuivre :

— Je m’appelle Caird. C’est mon prénom. Je suis venu ici pour célébrer le mariage de ma sœur et… je l’ai un peu trop célébré !

Il sourit.

— Mais ma maladresse peut aussi provenir du fait qu’une très jolie jeune fille soit entrée dans ma chambre, presque par effraction. Quoi qu’il en soit, je vous promets que si vous vous étendez avec moi dans ce lit, vous n’aurez pas affaire à un amant maladroit.

Du bout des doigts, il se remit à lui caresser le visage, l’oreille, puis la ligne du cou, et enfin les épaules.

Caird. Elle connaissait son nom à présent. Ou plutôt son prénom. Cela le rendait, étrangement, plus familier. Elle frémit. Les caresses qu’il lui prodiguait faisaient vraiment un drôle d’effet…

— Si vous partagez ma couche, reprit-il, je vous garantis que je serai le meilleur amant à vous avoir jamais prise.

Sa voix n’était plus qu’un ronronnement de désir. Ses caresses étaient précises, la chaleur de ses doigts se diffusait dans tout son être. Sous le regard qu’il posait sur elle, elle se sentit soudain aussi nue que lui.

— Mes mains vous caresseront, poursuivait-il. Ma langue s’attardera sur votre gorge. Ah ! j’ai tant envie de découvrir vos seins ! J’attends de les sentir durcir sous mes mains, contre mes lèvres…

Ses paroles la faisaient haleter, elle sentait sa bouche s’assécher. Au lieu de s’offenser, elle se retrouvait captivée, séduite.

— Vous ne rêverez plus que de mes doigts, de mes lèvres sur votre peau. Votre ventre, vos jambes…

Sans cesser de discourir, il venait de lui poser la main sur les épaules pour la faire glisser à plat le long de sa nuque, de son dos, et de remonter vers ses seins.

— Vos jambes s’écarteront et, appelé par votre désir, je m’aventurerai alors plus bas…

Il avait dû lui dénouer sa robe… ou bien celle-ci offrait un obstacle trop mince, car déjà, elle glissait le long de ses épaules. Le corsage s’échancra, ses seins frissonnèrent, et la fraîcheur de la pièce ne fut rien à côté de la chaleur des mains qui prenaient possession d’elle.

Elle eut l’impression que l’air lui manquait et, par réflexe, entrouvrit les lèvres, avant de surprendre un éclair de triomphe au fond des yeux qui ne la quittaient pas.

Mais que faisait-elle là, bon sang ?

— Non !

Elle le repoussa rudement, courut vers la porte, l’ouvrit et se précipita à l’extérieur.

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** Extrait offert par Nicole Locke **

Chapitre 1

Ecosse — Septembre 1296

Mairead Buchanan tenta sans succès de calmer les battements de son cœur. A quoi bon essayer puisque c’était impossible ? Voilà plus de quinze jours que ce cœur battait la chamade et le mal ne faisait que s’aggraver. Dans son âme, la douleur avait même planté ses crocs ce matin-là.

De plus, le temps lui manquait. Pour avoir du chagrin. Pour se montrer raisonnable. Et même pour penser…

Son point de rupture était atteint. Agir devait à présent être son seul objectif, le but vers lequel il fallait tendre pour que le cauchemar prenne fin. Et peu importait qu’elle soit en train de se pétrifier de froid tandis qu’elle observait, immobile, les silhouettes qui évoluaient à l’intérieur.

Les chandelles posées à même le sol de l’établissement avaient fini par s’éteindre. Plus aucune fenêtre n’était éclairée et tous les volets étaient clos maintenant. Le rire d’une femme, au loin, ne parvint pas même à couvrir le bruissement du vent dans la nuit.

Il était tard. Il était temps.

Et pourtant, Mairead continuait à repousser ce qu’elle avait à faire. Si elle parvenait à s’arracher à son inertie, peut-être se mettrait-elle à tourner en rond comme une démente pour tenter d’échapper à ce qu’elle avait vu : l’image de son frère s’effondrant à terre, le regard soudain vide parce qu’il ne voyait plus rien.

Elle ferma fort les yeux. La douleur était là, persistante. Elle la repoussa de toutes ses forces.

Songer à Ailbert maintenant ne servait à rien d’autre qu’à doubler cette douleur de colère. Or, pour sauver sa famille de l’imprudence d’Ailbert, il fallait tout d’abord se calmer. Ensuite, récupérer la dague volée à Ailbert deviendrait possible. Et indispensable. Oui, si elle ne retrouvait pas cet objet de grande valeur, le laird du clan punirait sa famille.

Des guerres et des conflits de toutes sortes avaient ravagé l’Ecosse et laissé ses habitants apeurés, démunis. Si le laird bannissait maintenant sa mère et ses sœurs, celles-ci seraient perdues. Hors des clans, il n’y avait aucun moyen de survivre. Elles n’auraient plus nulle part où aller, aucun proche vers qui se tourner.

C’était donc pour le salut de sa famille qu’elle avait suivi jusqu’à l’auberge le meurtrier d’Ailbert. L’homme avait déjà payé sa chambre et mangé son content. A l’heure qu’il était, sans doute dormait-il à poings fermés.

En Mairead, le courroux s’était substitué au chagrin et elle l’accueillait bien volontiers. Car lui seul, elle le savait, lui permettrait de sortir victorieuse de cette terrible nuit.

Elle regarda par-dessus son épaule et prit une profonde inspiration. Personne. Le moment était venu. Elle avait assez attendu.

Retenant son souffle, elle ouvrit la porte et se glissa à l’intérieur de l’auberge. L’obscurité englobait tout, meubles et murs. Autour d’elle le calme régnait. Un calme anormal… Elle se concentra sur les sons, attentive au moindre bruit : le martèlement de son cœur, l’air qu’elle expirait, le craquement des planches sous le vent qui secouait, dans la nuit, la vieille bâtisse.

Non, il n’y avait rien d’autre.

Avec agilité, elle se faufila au milieu des bancs et des tréteaux de la salle à manger pour gagner l’escalier. Quelle chambre occupait l’assassin ? Elle n’en savait rien, mais ne pourrait consacrer plus d’une heure à les fouiller toutes pour retrouver la dague dérobée. Aux premières lueurs de l’aube, les voyageurs commenceraient à se réveiller.

Or, il fallait qu’elle récupère ce poignard à tout prix. Quitte à voler, à pénétrer dans la chambre d’inconnus et à risquer sa vie. Le manche de l’arme, en argent poli finement ciselé, était serti de deux rubis. Si, comme Ailbert en avait eu l’intention, elle parvenait à vendre cette dague, les dettes que son frère avait contractées au jeu seraient remboursées, et elle et sa famille ne se retrouveraient pas privées de tout.

Alors, elle pourrait enfin laisser libre cours à son immense chagrin.

Elle s’engagea dans le couloir pour s’arrêter devant la première porte et, sans effort, souleva le loquet de fer et poussa le battant. Vide. Elle referma sans bruit et jeta un nouveau coup d’œil autour d’elle. Toujours personne.

L’instant suivant, elle pénétra dans la deuxième chambre et tressaillit en entendant la porte se refermer derrière elle. Immobile, elle fixa le lit qu’éclairait une étroite fenêtre. D’après sa taille, son occupant était un homme. Le meurtrier de son frère était grand, cet inconnu semblait l’être aussi.

Au pied du lit, elle repéra un tabouret couvert de vêtements avec, au sol, une paire de bottes. Etait-ce là qu’il fallait chercher la dague ? Elle s’avança à pas de loup, soulagée de ne pas entendre le plancher grincer, et s’agenouilla avec mille précautions.

Les quelques braises de l’âtre prodiguaient un peu de lumière, que complétait celle qui arrivait du dehors par la fenêtre aux volets ouverts. Elle s’accroupit pour examiner les vêtements qui s’amoncelaient sur le tabouret : une cape, des braies, des chausses foncées, une tunique beige clair et une escarcelle.

Sous ses couvertures, l’homme était donc… nu.

Le dormeur se retourna soudain en exhalant un soupir. Le lit craqua.

Mairead se tendit, sur ses gardes, prête à fuir. Mais l’inconnu avait déjà repris sa respiration régulière et paisible.

Elle se mordilla la lèvre en regrettant que son cœur ne se calme pas de la même façon. Sourd à sa supplique, il continuait à cogner tel un marteau dans sa poitrine.

Ses doigts se posèrent sur la première botte, tremblants, et la parcoururent. Pas de dague cachée ici. La seconde subit la même exploration. Rien non plus…

Toujours accroupie, Mairead attrapa l’escarcelle de cuir et la posa sur ses genoux. Quelques pièces de monnaie s’en échappèrent. Leur tintement la fit tressaillir. Par chance, le dormeur ne bougea pas. Le drap continuait à se soulever et à s’abaisser au rythme de sa respiration.

Sans se donner la peine d’ouvrir l’escarcelle entièrement, elle la tâta attentivement. Pas de dague à l’intérieur. Vint ensuite le tour de la tunique, des braies et des chausses en cuir. Rien. Il ne restait plus que la cape.

L’extrême douceur de l’étoffe la frappa. Jamais encore elle n’avait touché une matière aussi soyeuse. Elle se délecta un moment de la sensation en attirant le vêtement vers elle des deux mains. A cet instant, le tabouret s’inclina et elle tenta de le rattraper. Trop tard ! Il heurta le sol avec un bruit sourd et la respiration de l’homme se suspendit aussitôt.

Mairead sentit son sang se glacer dans ses veines.

— Qui est là ?

La voix masculine résonna dans la petite pièce. La jeune femme garda le silence. Si l’obscurité était assez dense pour la dissimuler et si elle ne bougeait pas, peut-être l’inconnu sombrerait-il de nouveau dans le sommeil.

Mais non : affolée, elle le vit se soulever sur un coude. Elle eut beau commander à son corps de rester tranquille, des tremblements se mirent à parcourir ses membres, tandis que sa respiration se faisait plus lourde… et donc plus sonore.

Elle s’aperçut que le drap et les couvertures n’étaient pour rien dans l’impression de haute stature que lui avait donnée le dormeur tout à l’heure : l’homme était grand. Son torse nu lui apparut. Si la texture de sa peau restait indiscernable, les muscles de ses larges épaules et de ses avant-bras étaient, pour leur part, visibles. Ses cheveux défaits conféraient à son visage un air farouche, voire sauvage, qui la fit frémir.

Elle aperçut alors un éclair d’acier et comprit que l’homme faisait partie des individus qui dormaient toujours avec une arme à portée de main…

— Si vous vous figurez que je ne vous vois pas, je vous ferais remarquer que vous vous trouvez juste en face de la fenêtre…

Cette voix n’était pas celle du meurtrier. Trop calme, trop masculine, trop… pâteuse. L’homme était ivre !

A cette constatation, un vif soulagement la gagna. Lorsqu’on se trouvait sous l’emprise de la boisson, les réflexes étaient émoussés. Aussi Mairead se redressa-t-elle sans attendre pour courir vers la porte, à demi courbée.

Elle ne vit pas la lame passer comme l’éclair au-dessus de son épaule, mais perçut très distinctement le bruit qu’elle fit en allant se ficher dans le bois de la porte.

A quelques centimètres à peine de sa main…

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