Extraits

Depuis mon enfance, j'ai été élevé pour devenir le prochain patron. J'étais préparé à tout, à tous les revers et à tous les défis auxquels je devrais faire face, mais il y a une chose qu'on ne m'a pas apprise et à laquelle je n'étais pas préparé : aimer quelqu'un et prendre le risque de le perdre. Oui, on m'a appris que je pouvais perdre des personnes auxquelles je tenais, et le meurtre de mon père m'a montré concrètement que tout le monde prenait des risques, même le patron. Cependant, Laís ne devait être que ma femme, celle qui me donnerait des enfants et poserait en souriant à mes côtés. Je n'aurais pas dû lui donner la seule partie propre et vivante de mon cœur, qui avait été corrompue par une vie passée dans la mafia, mais il était trop tard.

La première chose que j'ai remarquée en entrant dans la chambre, ce sont les murs roses et le lit à baldaquin qui semblait appartenir à une princesse. C'est ironique, car il n'y a rien de plus approprié pour une femme de roi. Il y avait une énorme bibliothèque avec des jouets et, assise sur un tapis blanc moel‐ leux, une petite fille qui jouait avec une poupée. Elle était dis‐ traite et semblait s'amuser, si bien qu'elle mit un certain temps

à remarquer ma présence en compagnie de son père, mais lors‐ qu'elle nous vit, elle se leva et s'enfuit, transformant le fauteuil rose en bouclier pour la protéger de mon regard curieux et ma‐ nifestement refoulé.