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La corrida est un spectacle d'une cruauté inouïe qui rapporte de moins en moins aux villes qui utilisent les subventions publiques pour les organiser et combler leur déficit. Souvent présentée comme un héritage du culte de Mithra venu d'Iran et importé à Rome, elle fut, en réalité, inventée au XVIIIe siècle, d'après des procédés de mise à mort issus des pratiques des abattoirs. Pour interdire ce combat inégal entre un herbivore et un humain armé, il suffirait d'abroger l'alinéa 7 de l'article 521-1 de notre Code pénal.
Dans le premier alinéa de cet article, on lit que « le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende ». Cependant, la loi Ramanory-Sourbet du 24 avril 1951 pose une exception à ce principe : « Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être établie. » Ainsi, la corrida est caractérisée par le Code pénal comme un délit réprimé partout dans notre pays, à l'exception de onze départements du Sud où ce délit est exempté de peine. La suppression de cet alinéa permettrait non seulement d'interdire la corrida, mais aussi d'harmoniser la loi sur tout le territoire, ce qui est requis dans État de droit.
- [III. Propositions concrètes – 1. Les Revendications pouvant faire l'objet d'un large consensus – b. L'Interdiction de la corrida et des spectacles de combats d'animaux]
Afficher en entierLes actions de nos ancêtres se déroulaient sur deux plans : elles avaient lieu ici-bas, mais elles avaient aussi un sens qui transcendait leur vie présente. Dieu ou l'Histoire les jugeraient.
On peut appeler théologique le premier âge, qui regroupe les sociétés antiques et traditionnelles. L'être humain gagne son salut par ses actes et sa foi ou bien, comme dans le monde d'Homère, sa bravoure lui confère une gloire plus enviable qu'une vie longue et paisible.
Le deuxième âge est celui des philosophies de l'Histoire. Ces dernières qui prétendent définir le sens de l'Histoire de l'humanité, sa signification et son orientation, reconstruisent le réel à partir d'un seul moteur : les passions, qui sont la ruse de la raison chez Hegel, ou la lutte des classes qui doit faire advenir, selon Marx, la société communiste.
Les utopies politiques, mais aussi tous les idéaux de liberté et de justice au nom desquels des femmes et des hommes s'engagèrent, comme ce fut le cas pendant la Résistance, conféraient une épaisseur à leur existence individuelle. La satisfaction et le bien-être n'étaient pas le seul horizon des actes de l'individu ; la victoire contre le nazisme et l'avènement d'une société plus juste valaient la peine qu'il leur sacrifiât sa tranquillité, voire sa vie.
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La révélation des camps soviétiques et la chute du mur de Berlin, qui sonnèrent le glas des philosophies de l'Histoire et firent de l'utopie un tabou politique, laissèrent la place au marché et à l'économisme. Pour s'orienter, les individus n'eurent pas d'autres guides que la consommation de biens matériels et le prestige qui leur était attaché ; ils perdirent peu à peu le sens de ce qui les reliait aux autres. [...]
Ce troisième âge, qui naît après l'effondrement du communisme et au moment où le capitalisme s'impose comme le seul système existant, est l'âge de la désolation. Cette dernière est à la fois sociale, politique et anthropologique. L'individu ne se perçoit que comme une force de production et de consommation ; il a perdu tout ce qui le faisait participer au monde commun. [...]
Notre situation, à certains égards, ressemble à celle des Européens des années 1930 : la plupart du temps, la révolte que suscite le monde actuel et l'Occident est inarticulée. Pourtant, nous sommes à la croisée des chemins. Car une pensée nouvelle émerge. Associant le respect du vivant et l'acceptation de notre vulnérabilité, elle traduit les aspirations de nombreuses personnes qui redoutent les formes que prend actuellement l'obsession de maîtrise, comme le transhumanisme. Soulignant encore une fois le caractère stratégique de la question animale, le lien entre la justice envers les animaux et la réconciliation avec nous-mêmes, cette pensée nouvelle peut être aussi un rempart contre le nihilisme.
Nous sommes donc au seuil d'un nouvel âge : l'âge du vivant. Le respect pour les vivants que nous sommes et pour les animaux ne définit pas une morale se résumant en devoirs et en interdictions. [...]
L'âge du vivant implique de refonder l'éthique et la politique sur une philosophie du sujet qui inclut nécessairement la question animale dans un projet de reconstruction sociale et démocratique. Cette articulation de l'anthropologie et de la politique ouvre la voie à un programme permettant de définir les règles d'une juste coexistence entre les humains et les animaux, une coexistence qui est notre avenir, à la fois sur le court terme et sur le long terme.
- [I. La Cause animale aujourd'hui – 7. L'Âge du vivant]
Afficher en entierNos rapports aux animaux sont un miroir dans lequel nous voyons ce que nous sommes devenus au fil des siècles. Ce ne sont pas seulement les horreurs dont notre espèce se rend coupable en exploitant d'autres êtres sensibles qui apparaissent dans ce miroir, mais le visage blafard d'une humanité en train de perdre son âme.
- [I. La Cause animale aujourd'hui – 1. Ce qui est en jeu dans la maltraitance animale]
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