Extraits

« La première chose qui t’étonne lorsque tu ouvres les yeux c’est le plafond de votre chambre.

Ça fait des mois que tu dors dans le salon.

Tu ne comprends pas.

Tu tournes la tête sur le côté, ta femme n’est pas dans le lit.

Mais ses longs cheveux blonds s’étalent sous ta joue.

Tu ne comprends pas du tout.

Tu montes une main pour te gratter la barbe.

Ta barbe a disparu.

Tu ne respires plus.

Tu descends ta main sous le drap.

Tu cherches quelque chose entre tes jambes.

Tu ne trouves rien.

Tu te redresses d’un coup.

Tu te tournes vers l’armoire à glace.

Tu cries.

Ta femme crie à ta place. »

Tu as passé l'après-midi à fumer ton cigare à la fenêtre du bureau de ta femme en te demandant lequel de vous deux mourrait si tu sautais et tu voyages de nouveau sous terre, assis dans le métro.

Tout le monde fait la gueule et tu te mélanges sans problème.

Tu as envie de frapper chaque homme qui te regarde mais avec le corps de ta femme ça n'est pas gagné. Elle a beau passer une heure par jour à la salle de gym il y a plus costaud que toi dans le wagon.

Tu pourrais te réfugier comme elle le ferait sûrement dans la lecture d'un futur best-seller dont le manuscrit dépasse de son sac mais ça fait longtemps que tu as arrêté de lire.

Au lieu de ça, tu laisses le wagon se remplir de colère et de frustration.

Tu entres dans l'ascenseur avec l'assistante de ta femme et tu te concentres pour ne penser qu'à l'ascenseur.

Les étages montent, tu regardes ton assistante, tu regardes le bouton arrêt, tu regardes ta femme dans la glace, tu sues, tu essaies de réfléchir, tu as besoin d'aide, tu finis par demander à ton assistante le numéro du psy de ta femme.

Elle s'étonne un peu, tu poses une main sur le front de ta femme pour lui faire signe que tu oublies vraiment tout, elle te note le numéro au dos d'un manuscrit, son stylo tombe, tu te penches pour le ramasser, elle te remercie en attendant que tu remontes.

Mais tu ne remontes pas.

Ta femme tourne ta tête vers toi et regarde son visage sans y croire

La première chose qui t'étonne lorsque tu ouvres les yeux c'est le plafond de votre chambre.