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« Si vous saviez comme je suis lasse de souffrance… Depuis trop longtemps rien ne m’émeut, rien ne m’attendrit. On dirait que mes émotions sont comptes. Je pleure de solitude. Je tremble de peur. Je ne ris plus. Je ne crois plus à rien.
Oui je suis séropositive. Je vous le dis après vous l’avoir fait comprendre. Je vous le dis sans appréhension. Comment pourriez-vous me repousser ? J’ai envie de vous écrire longtemps, Agathe, autant qu’il le faudra.
Oui, je suis séropositive. Il m’a fallu apprendre à vivre avec ça. Avec les piles de pilules, les traitements qui soutiennent mon taux de T4, tiennent la charge virale à distance… Je me suis faite à l’idée d’avoir à l’intérieur de moi, quelque chose que je ne contrôle pas vraiment.
Non je ne vais pas mourir. Je ne le veux plus.
À chacun ses fantômes, n’est-ce pas, Agathe ? Pour vous, ce sont peut être des scènes qui se sont imprimées pour toujours au fond de votre mémoire ; des mots que vous n’avez jamais trouvé le courage de dire ou que vous regrettez d’avoir prononcés, des flashes qui reviennent, reviennent sans cesse et que vous ne pourrez plus chasser.
Agathe, comment vivez-vous avec le souvenir de ce que vous avez fait ? Avec la hantise de ce que vous avez perpétré ? Comment cohabite-t-on avec un acte puni, un geste réprimé ? Avez-vous des regrets, des remords ? Avez-vous honte de ce que vous êtes devenue ? Avez-vous appris à vous haïr ? Mon malheur me semble si immense et pourtant si mince quand je le compare à votre souffrance. Je repense à mes premiers courriers dans lesquels je vous affligeais de mon mal de vivre, de tout le poids de ma douleur. Est-ce que l’on est égoïste quand on souffre ? Est-ce que le mal aveugle au point de non-retour, de non-amour pour ceux qui nous entourent ? » (Pages 40-41)
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