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Du cancre marseillais à l'écrivain en passant par le réfractaire au service militaire, on voyage et l'on s'évade. Quel bel auteur et amoureux de ma littérature !

"Minuit dans la ville des songes" c'est dans sa maison à une heure quelconque que commence et termine ce livre.L'auteur y brasse quelques morceaux de bois qu'il enfourne dans son poêle,en caressant sa chatte : ça c'est le présent.

Et puis ce "Minuit dans la ville des songes",écrit au passé,prend vraiment le parcours d'un songe grâce auquel l'auteur,à la fin de sa vie nous la raconte,avec pudeur, vérité,sans autres fioritures que celles de la valse précise des mots.

On découvre dans cet itinéraire qui a amené René Frégni à devenir écrivain,celui d'un enfant en bute contre les autorités scolaire,puis militaire et un hommage à toutes ces personnes qui ont jalonné sa vie.A commencer par sa mère qui l'a accompagné plus que commandé et un compagnon de prison militaire en lui ouvrant le cœur des livres en lui donnant les clés de ses idéaux

Son idéal c'est d'abord la désobéissance à la stupidité quand elle vient de l'école ou de l'armée.C'est ensuite la liberté quitte à ne pas vivre dans un conformisme douillet, stérile et néfaste.C'est enfin la découverte et l'amour des livres qui en ont fait un lecteur invétéré, viscéral et lui ont procuré les clefs pour livrer aux lecteurs ses mots et faire de lui un écrivain.

Pas n'importe lequel. Un écrivain militant d'une vie de révolté, prêt à aider des rejetés comme il a été,de leur tendre la main et leur démontrer que seuls les mots des écrivains peuvent les sauver. En ce sens,il est notre sauveur.

Davantage qu'une autobiographie,c'est une sincère confession pétrie d'un humble dénuement : ivresse de liberté qui nous dit et pourquoi pas toi ? Il suffit juste de s'arrêter sur ses songes,de les retrouver dans les histoires des autres écrivains et de les écrire.

Un bel hymne à la littérature en somme.

Première page, je cite : Pour Marilou, qui m’a convaincu d’écrire ce livre, alors que j’avais la sensation de n’avoir plus rien à dire.

Je ne sais pas qui est cette Marilou, mais je la remercie du fond du cœur. Grâce à elle voici le roman, je pense, le plus abouti de René Frégni. Nous savions, grâce à ses précédents ouvrages et ses interviews, qu’il avait eu une jeunesse et un passé militaire tumultueux. Ici, c’est un grand millésimé à la façon d’un vin qui développe toutes ses qualités et se bonifie avec le temps. Tour à tour se dégagent différents arômes : tendre, dur, poétique, etc. Impossible de rester insensible quand on est lecteur. Comment un homme qui fuit l’autorité, les études et la lecture va changer lors d’une rencontre et devenir un littéraire ? Le passage où il n’ose pas déranger Giono, je le comprends très bien. J’ai vécu le même avec Roger Frison-Roche. La lecture de ses romans quand j’étais adolescente m’a fait changer de lieu d’habitation et tout le reste. Comme l’auteur, je l’ai croisé souvent. On parlait de banalités comme la météo. Que lui dire ? Mes mots, face aux siens, me paraissaient tellement banales ! Quand j’ai décidé de lui parler enfin, il est décédé.

Pas envie de narrer ce que Frégni raconte. Comme tous ceux que j’admire, j’estime qu’il faut offrir aux autres lecteurs le plaisir de la découverte comme nous l’avons eu nous-mêmes.

La jeunesse de monsieur René Frégni

Une autobiographie sur la jeunesse de l'auteur, assez agréable a lire, avec beaucoup de références littéraire. Peut être une suite sur sa vie. En attendant c'est un assez bon début.

René Frégni possède une de ces écritures rares qui parviennent à vous écorcher l'âme tout en la caressant, une écriture de voyou magnifique et tendre.

Comme lui, je sais ce qu'on ressent quand un livre vous sauve la vie. Qui ne l'a jamais vécu ne peut pas comprendre, mais qui l'a vécu a découvert un trésor. Il y a une joie enfantine à parcourir les pages de son " Minuit dans la ville des songes " ( Quel titre magnifique !) Je me suis senti pousser des ailes aux pieds et j'ai regardé le soleil en face avec lui. J'en ai encore des étoiles plein les yeux.

Que c'était beau ! Que je suis heureuse de vous avoir lu, Monsieur Frégni !