Extraits

Je voudrais que mes frères et sœurs en humanité soient plus heureux. Je travaillerai à cela jusqu'à mon dernier souffle.

Des gens me disent qu'après m'avoir lue ils se sont sentis apaisés, plus contents de vivre.

Dieu me fait un grand cadeau en me permettant d'avoir cent ans. Je l'en remercie et m'efforce d'être encore une source de bonheur pour les autres, autant que mes forces déclinantes le permettent.

Comme le disait le curé d'Ars : "Au ciel nous serons des rentiers."

Mais je crois que, même dans la lumière du ciel, je prierai toujours pour mes frères et sœurs.

Un Français sur quatre est déprimé au point de devoir se soigner.

Je comprends ce désespoir et j'en ressens toute la portée à travers le courrier qui m'est adressé. Pourtant, à mon sens, la dépression ne peut être qu'une étape. Elle doit nous permettre de comprendre que le découragement et la tristesse sont contraires à la vie et à la vérité de l'être. Nous sommes faits pour tomber par terre et, toujours, dans la lutte, nous grandir puis finir par nous relever.

Je vois la lumière dans le monde. Plutôt que de me lamenter parce que tout va mal et de m’en affliger, je prends le parti de m’arrêter sur cette lumière.

Je la regarde quand elle illumine le visage des gens et leur cœur. Trop de personnes sont plongées dans la détresse et ne lèvent pas les yeux vers la lumière…

Extrait de l'avant-propos :

Partage d'éternité

Dans son Testament spirituel, soeur Emmanuelle s'adresse à nous pour un ultime partage. Contemplant la rive d'éternité, elle nous livre ses pensées sur le ton de la confidence. Il ne s'agit pas d'un discours construit avec une visée de démonstration ou d'argumentation. Qu'y aurait-il d'ailleurs à démontrer au sujet de l'éternité ?

Le propos n'en est pas moins dense. Il est cueilli dans le vif de l'expérience. Sur un sujet grave a priori, soeur Emmanuelle s'exprime sans austérité, avec la grâce de la spontanéité. Dans la surabondance de son coeur, elle nous parle d'une éternité dont elle se sent proche. Et avec ce qu'elle appelle volontiers «les éternités des éternités», elle a une grande familiarité. Car la source de l'éternité naît, selon elle, à la source de l'amour - un amour plus fort que la mort.

Ces textes ont été réunis à partir d'entretiens qui se déroulèrent à l'origine dans des circonstances particulières. Tout commença un matin brumeux de l'automne 1996. Les visiteurs étaient peu nombreux à l'ouverture du musée du Vatican à Rome, de sorte que je me trouvai seule dans la salle des peintres du Quattrocento. Dans la lumière des Vierges à l'Enfant, au chromatisme très doux, je fus surprise de retrouver le rayonnement de soeur Emmanuelle. Les toiles de Fra Angelico me faisaient percevoir une source de tendresse qui contrastait avec l'aspect physique assez rude et la personnalité volontaire de la religieuse. Mais au-delà des apparences, le maître florentin me révélait, comme par un effet de miroir, son être secret. Elle ne réapparaissait plus comme la «super assistante sociale» des bidonvilles du Caire, la maîtresse femme qui savait si bien rallier à sa cause les politiques et les médias. Ma perception était d'un autre ordre, faisant ressortir une vérité profonde du coeur. Comme si les tableaux, sous leurs cadres dorés, m'avaient révélé une dimension cachée de soeur Emmanuelle. Marquée par cette expérience, je lui en fis part, m'attendant à une remarque ironique. Mais elle ne se moqua pas, déclarant que Fra Angelico était son peintre préféré et qu'elle aimait contempler ses Annonciations. J'avais retrouvé sur ces toiles l'empreinte des images qu'elle-même avait intériorisées, des années durant, dans la prière. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Je crois très profondément à la communion des âmes. Lorsqu'une personne en porte une autre dans son cœur, que ce soit la mère qui porte dans son cœur un enfant au loin, ou le deuil d'un proche, si l'on fait mémoire devant Dieu en demandant sa protection pour l'être aimé, il s'établit une relation spirituelle d'une force incroyable.