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David a passé la journée à naviguer entre sa chambre et la cuisine. Dormir et manger, les passe-temps préférés de nos chères progénitures acnéiques. J’avais intentionnellement installé une seule télévision afin que nous puissions partager quelques heures ensemble le soir. Quant au téléphone accroché sur le mur de sa chambre, il était filaire. S’il voulait appeler, il était obligé de rester à proximité de la base, ce qui l’empêcherait de se couper du monde en se trimbalant le combiné plaqué sur l’oreille toute la journée à travers la maison.
Le lendemain, à sept heures précises, nous avons décollé pour Morillon. Les quatre kilomètres de distance séparant les deux villages ont vite été parcourus.
À sept heures et demie, nous sommes arrivés chez José Paulignac, un vétéran de la seconde guerre mondiale. Veuf depuis huit ans, il vivait seul dans un petit chalet à l’écart de la station. Nous avons été accueillis comme des princes. Ces héros fréquemment oubliés, apprécient que le devoir de mémoire soit encore honoré par les nouvelles générations. Bien souvent, leurs vies ont été trépidantes et ils aiment replonger dans le passé, réactiver leurs souvenirs l’espace d’un instant. Même si l’âge a tendance à jouer avec les souvenirs, le cerveau sait parfois en garder intact les traces les plus enfouies.
Nous nous sommes installés près du poêle à granules dans la salle à manger. M. Paulignac m’a offert le café et une assiette de biscuits. Après les politesses de rigueur, j’ai déclenché mon petit magnétophone et commencé l’interview. Pendant ce temps, David vadrouillait à l’extérieur. J’espérais qu’il serait assez pertinent dans le choix de ses prises de vues. Durant le trajet, je lui avais remis un portfolio contenant des clichés datant des années quarante. Je caressais l’espoir qu’il puisse associer le paysage de l’époque avec l’actuel, et aurait la présence d’esprit de canarder les lieux qu’il aurait reconnus.
À dix heures, nous nous rendions vers le rendez-vous suivant, dans la commune de Meythet. Sur la route, je lui ai demandé de me faire visualiser en vitesse les photos qu’il avait prises. Il a fait défiler sur son écran numérique neuf photos représentant les alentours de la maison. Les prises étaient belles mais ne correspondaient pas vraiment à mes attentes.
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